Tri sélectif : les Tchèques peuvent encore progresser
L’intérêt des Tchèques pour le tri sélectif semble ne pas cesser de croître. Ils sont désormais deux sur trois à utiliser les conteneurs de couleur qui leur permettent de réaliser cette opération. Ils seraient également les Européens qui produiraient le moins de déchets avec 316 kilos par personne et par an. Cependant, bien des progrès restent à accomplir, car la majorité des ordures ménagères finissent encore à la déchetterie et ne seront jamais recyclés.
« Nous sommes vraiment bons en comparaison avec les autres pays européens. En ce qui concerne les emballages plastiques, nous figurons à la deuxième place. Pour le reste, nous occupons également des bonnes places en ce qui concerne par exemple le tri du papier ou du verre. »
Spécialiste de la gestion des déchets au ministère de l’Environnement, Ladislav Trylč fournit quelques chiffres :
« La tendance est vraiment bonne. Selon les chiffres de 2011, 30% des ordures ménagères sont recyclés et 10% sont valorisés sous forme d’énergie. Le reste va à la décharge. »
De bons résultats qu’il convient de relativiser si l’on en croit Ivo Kropáček du mouvement écologiste Hnutí Duha (le Mouvement Arc-en-ciel), qui rappelait au micro de Radio Prague qu’en Allemagne et en Autriche, plus de 50% de ces déchets ménagers sont recyclés, un chiffre qui monte même à 70% en Belgique. Ivo Kropáček notait également que les données n’étaient pas toujours les mêmes en fonction de qui les produisait et qu’il convenait donc de s’en méfier.Une marge de manœuvre importante existe certainement pour développer le tri sélectif. En République tchèque, ce sont les emballages de liquide qui posent le plus de problèmes : le conteneur orange prévu à leur effet est ainsi le moins utilisé. Les Tchèques jettent bien souvent leurs briques de jus d’orange, leurs bouteilles de lait ou de vin dans leur poubelle classique. Aussi, un seul de ces empaquetages sur dix est recyclé. Directeur de la communication de l’entreprise Eko-Kom, Lukáš Olmus est conscient de cette limite :
« Le nombre de conteneurs oranges destinés aux emballages de boisson augmente chaque année. Il y en a actuellement environ 7 000. Néanmoins, ils sont évidemment moins nombreux que les autres conteneurs. »
D’autre part, on observe un déséquilibre entre les villes et les villages. Dans ces derniers, les habitants trieraient moins fréquemment. Certains évoquent l’anonymat des grandes cités pour expliquer ce phénomène. Pour Ladislav Trylc, il incombe surtout aux communes de mener des politiques volontaristes afin que le recyclage entre véritablement dans les mœurs :
« Il y des communes qui considèrent la gestion des déchets comme une priorité et qui permettent aux citoyens de trier très élégamment toute une série de produits. Au contraire, il y a d’autres communes qui prennent cela plutôt comme une obligation légale et évidemment les citoyens sont moins réactifs. »Ainsi, certaines communes ont mis en place des incitations financières au tri sélectif ou facilitent ce dernier en proposant des poubelles permettant de trier les déchets en amont.