Tři sestry : du rock à boire

Tři sestry, photo: cubic.cz, CC BY 3.0 Unported
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Depuis 1985, le groupe Tři sestry écume les hospoda de République tchèque et de Navarre. Les hospoda, ce sont ces pubs ou autres brasseries qui sont légions dans le pays du bon soldat Svejk. On peut y manger bien sûr mais on peut surtout y boire. Et cela n’a pas échappé aux huit membres actuels de cette formation extrêmement populaire en Tchéquie que sont les Tři sestry. Adeptes réguliers des mélanges, leur musique emprunte au rock, au punk, voire au métal pour une association que d’éminents spécialistes ont qualifié de pub rock, tant il est vrai que bars et spiritueux sont les protagonistes principaux de leurs morceaux.

Tři sestry,  photo: cubic.cz,  CC BY 3.0 Unported
Dans ‘Zelena’, la première chanson que vous avez eue l’opportunité et la chance immense d’écouter, évoque un alcool vert tchèque à la menthe que Lou Fanánek Hagen, l’interprète, commande en même temps que sept bières. Tři sestry donne son premier concert sur la scène du club pragois Klub 001 à Strahov, scène sur laquelle beaucoup de groupes tchèques ont fait leurs premiers pas. La même année, c’est-à-dire en 1986, Lou Fanánek Hagen, brailleur emblématique de la formation des « trois sœurs », se trouve au mauvais endroit au mauvais moment et perd la jambe sous un train. ‘Život je takovej’ (‘La vie est comme ça’) chantera t-il plus tard.

Photo: Monitor EMI
Le premier album des Ségry, le sympathique surnom des Tři sestry, est édité en 1990. Il sera suivi d’une vingtaine d’autres et de quelques DVD, quand cette technologie détrônera finalement la vidéocassette, installée sur son piédestal depuis bien trop longtemps. En près de trente ans de carrière, le groupe a fédéré un important réseau d’aficionados, reconnaissables à leur tee-shirt affublé d’un logo représentant un losange renfermant trois barres ou à leurs incontrôlables pulsions, qui les conduisent à chanter systématiquement en chœur du Tři sestry après avoir englouti quelques litres de bière et trinqué une dizaine de fois à la santé du colonel. Ces fans vous diront d’ailleurs que les textes de leur formation adorée sont des poésies. Il faut sans doute les croire : Tři sestry fait resplendir la culture et la langue de ces lieux de socialisation par excellence que constituent les dizaines de milliers de troquets que compte la République tchèque. Cosmopolite, le groupe s’est par ailleurs risqué à réaliser une chanson en français : cela donne ‘Francouszka’, dont le texte évoque sans surprise une virée au bistrot.

On se quitte avec une chanson qui sonne également la fin de la beuverie. Le morceau Svatozář, l’auréole, raconte les derniers instants d’une nuit dans un pub quelconque de République tchèque, quand le matin pointe le bout de son nez et les soiffards envisagent la possibilité de quitter les effluves d’alcool dans lesquelles ils baignent pour en rejoindre de nouvelles, ailleurs.