Un duo pour danseur et pelleteuse sur une place à Prague

Photo: CTK

Près de 4000 professionnels d'une cinquantaine de pays sont réunis du 14 au 24 juin dans la capitale tchèque pour la 11e édition de la Quadriennale de Prague, une exposition internationale de scénographie et d'architecture théâtrale. Différentes manifestations artistiques ont été organisées pour l'occasion dans la rue. Un des spectacles dont on a beaucoup parlé a été celui créé par le danseur et chorégraphe Dominique Boivin, directeur de la compagnie Beau Geste, spectacle intitulé « Transports exceptionnels » : un homme (Philippe Priasso) a dansé en duo avec une pelleteuse sur la place de la République - lieu de construction d'un nouveau centre commercial, qui répondait donc parfaitement à l'ambiance du spectacle...

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Vous avez donné deux représentations ici à Prague, comment ça s'est passé ?

Dominique Boivin : « Beaucoup de bonheur, de force aussi du public... Même pendant la répétition générale, on a eu la chance de voir venir les ouvriers qui travaillent sur le chantier à côté. C'est vraiment un grand plaisir. C'est un autre angle qui est posé sur leur instrument de travail. Ils ont vu leur engin sous une autre forme que l'on pourrait peut-être appeler la poésie, je ne sais pas... En tout cas, ils étaient émus et ça m'a fait plaisir. Le public est venu en masse et l'atmosphère m'a... je ne veux pas dire bouleversé, parce que je ne veux pas être bouleversé à l'intérieur de la pièce, mais en tout cas cela m'a porté. »

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Vous faites toujours ces représentations en plein air ?

« Non, mais beaucoup. 99% en plein air, et puis souvent dans des halles immenses, très hautes, la dernière fois, dans par exemple, c'était à Grenoble, au marché international, et il y avait une foule énorme ! C'était un effet cathédrale... »

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Comment avez-vous eu l'idée d'utiliser un tractopelle ? Qu'est-ce que vous vouliez exprimer par là ?

« J'essaie de trouver sous la mécanique la relation qui pourrait faire vibrer un public et l'amener sur un chemin où l'on peut projeter. Ce n'est pas un être vivant, bien sûr, mais on peut projeter son propre imaginaire. On essaie de convoquer le voyage intérieur chez le public, lui faire traverser les émotions, lui faire revisiter son enfance, les images que le cinéma lui a fait traverser aussi. Il y a des références à cela. »

Et Prague ? C'est la première fois que vous étiez ici ?

« Oui, c'était la première fois en plus ! Pour moi, c'est la ville du mouvement, du mouvement baroque sous toutes ses formes. On rentre dans Saint-Nicolas et on est saisi par le mouvement, cela ne peut que parler à un danseur. Le mouvement est convoqué sur les façades... parfois c'est même un peu trop, on a envie de plus de calme... ! Mais bon, la ville est comme ça et elle est magnifique. »