Un peu d'histoire du festival de musique, le Printemps de Prague
L'histoire des festivals de musique, le Printemps de Prague, qui a lieu en cette période de l'année sans interruption depuis 1946 dans la capitale tchèque, est le thème de cette page d'histoire.
Voilà les tons envoûtants du poème symphonique de Bedrich Smetana Ma Patrie avec lesquels le Festival international de musique, le Printemps de Prague, débute, le 12 mai, jour anniversaire de la mort du compositeur. Lorsqu'en mai 1946, la Philharmonie tchèque dirigée par Rafael Kubelik, avait décidé d'organiser, dans l'année du 50e anniversaire de la fondation de la Philharmonie et un an après la fin de la guerre, un cycle de concerts en présence d'artistes de l'Ouest et de l'Est, personne n'imaginait quelle tradition était en train de naître. En peu de temps, en effet, le festival a acquis une réputation internationale considérable. Déjà, sa première édition fut grandiose: à part Rafael Kubelik, le Festival a accueilli des artistes tels que Rudolf Firkusny, Leonard Bernstein, Charles Munch, David Oïstrakh... Durant plus d'un demi-siècle d'existence du festival, des milliers d'artistes se sont succédés sur ses podiums, dont de nombreux sont devenus légendaires: Herbert von Karajan, Artur Rubinstein, Sviatoslav Richter...
En mai 1948, le Printemps de Prague fut inauguré par l'oratorio Sainte Ludmila d'Antonin Dvorak. En même temps, c'était, pour de longues 4 décennies, l'une des dernières présentations de Rafael Kubelik à Prague. Pour des raisons idéologiques, certains artistes ne pouvaient pas se produire au festival. D'autres, tels que Leonard Bernstein, n'y participaient pas en signe de protestation contre le régime et la discrimination de personnes incommodes. Rudolf Fikusny n'est réapparu au festival qu'après la Révolution de velours, lorsque Ma Patrie de Smetana avait retenti sur la place de la Vieille-Ville, à ciel ouvert, et qui est resté à la présidence du festival jusqu'à son décès, en 1994.L'idée d'organiser un festival de musique dans notre pays mûrissait relativement longtemps. Déjà au 19e siècle, elle a été avancée par l'écrivain Jan Neruda et un peu plus tard par le chef d'orchestre du Théâtre allemand, Angelo Neumann. La manifestation organisée en 1940 sous le nom de Mai musical pragois par le chef d'orchestre tchèque, Vaclav Talich, peut être considérée comme un événement précurseur du Printemps de Prague.
Depuis 1947, un concours international fait partie du Festival. C'est une chance pour les jeunes interprètes débutants de se faire remarquer dans les différentes disciplines de l'interprétation, du chant et de la composition. En 1958, le festival est devenu membre de l'Association des Festivals de musique européens ayant son siège à Genève.
Le Printemps de Prague débute, nous l'avons dit, régulièrement le 12 mai, jour du décès du fondateur de la musique nationale tchèque, Bedrich Smetana. C'est son oeuvre symphonique, Ma Patrie, qui l'inaugure. Jusqu'à 1993, l'interprétation de cette oeuvre a été un privilège de la Philharmonie tchèque. Cette année-là, elle a été pour la première fois confiée à une formation invitée: l'Orchestre philharmonique royal de Liverpool, mais avec un chef d'orchestre tchèque, Libor Pesek. Depuis, même la direction de Ma Patrie, une composition on ne peut plus tchèque, est confiée à des artistes invités, dont sir Charles Mackerras, qui a deux fois inauguré le festival par les mélodies envoûtantes de Ma patrie.
A l'opposé du jour de l'inauguration qui est fixe, le festival prend fin entre les 2 et 4 juin. L'oeuvre de clôture reste cependant fidèle à la tradition qui veut que ce soit la 9e symphonie de Beethoven, dont les tons majestueux de l'Ode de la joie referment le festival...
Le Printemps de Prague a aussi ses salles traditionnelles. D'abord, c'est la salle Smetana, à la Maison municipale, où il débute. Parmi d'autres, il y a la salle Dvorak au Rudolphinum qui est le siège de la Philharmonie tchèque, ensuite la salle Espagnole du Château de Prague, la cathédrale Saint-Guy, l'église Saint-Simone-et-Saint-Jude, le jardin Wallenstein, sans oublier la résidence pragoise de Mozart, Bertramka.
Que dire encore du festival qui porte le nom de valeur symbolique multiple pour les Tchèques - le Printemps de Prague et qui est l'un des plus anciens en Europe? Après avoir accompli, en 1996, un demi-siècle de son existence, il est entré dans une étape nouvelle marquée surtout par l'exécution d'oeuvres tchèques traditionnelles par les corps et chefs d'orchestre invités. Pour commencer cette tradition nouvelle, l'interprétation de Ma patrie a été confiée, en 1996, à l'Orchestre d'instruments historiques London Classical Players placé sous la baguette de Roger Norrington. Il faut dire que cet événement est devenu des plus controversés, mais aussi des plus intéressants et des plus prestigieux dans l'histoire du festival. Cette tradition nouvelle continue donc, avec chaque nouvelle édition. Cette année, à sa 57e édition, l'exécution de Ma Patrie a été confiée pour la première fois dans l'histoire du festival à un chef d'orchestre non européen, le Japonais Ken-Itchiro Kobayashi. Bien que nous soyons à plus de deux semaines de la fin du festival, nous terminons cette page d'histoire par un extrait de l'oeuvre qui le termine, la 9e Symphonie de Beethoven. Merci de votre attention, au revoir et à la prochaine sur Radio Prague.