Un Pirate à la tête de la capitale tchèque

Zdeněk Hřib, photo: Kateřina Šulová/ČTK

Quatre ans après avoir été la toute première femme maire de Prague, Adriana Krnáčová (ANO) va devoir laisser son siège avec un bilan plutôt mitigé. Alors que, contrairement au scrutin législatif, son parti, le mouvement ANO, a connu une débâcle dans la capitale tchèque aux dernières municipales, c’est à une coalition d’une toute autre couleur politique que les Pragois ont donné la primeur. Trois partis ou mouvements qui sont récemment tombés d’accord sur le nom du futur maire de Prague : Zdeněk Hřib, du parti des Pirates.

Zdeněk Hřib,  photo: Michal Kamaryt/ČTK
Avec Zdeněk Hřib, c’est le troisième maire de Prague à la suite qui n’est pas originaire de la capitale tchèque, comme l’ont immédiatement relevé les médias tchèques… A la question de savoir s’il faut être né à Prague même pour avoir la légitimité nécessaire pour être un bon maire de la ville, il préfère rappeler qu’il est seulement né à Slavičín, en Moravie de l’Est, et qu’une bonne partie de sa vie, il l’a en fait vécue dans différents quartiers de la capitale tchèque. Ne pas avoir de lien spécifique avec tel ou tel arrondissement est pour lui le gage d’une appréhension globale de la capitale tchèque.

Quant aux reproches qui lui sont faits de n’avoir aucune réelle expérience politique hormis sa récente candidature couronnée de succès, Zdeněk Hřib les réfute :

« Le vrai défi de cette expérience politique, c’est la formation d’une coalition. Très clairement, vous ne pouvez pas être maire de Prague si vous ne parvenez pas à former une coalition. Cette phase est derrière nous et désormais nous avons quatre ans de dur labeur devant nous. En tout cas, si l’on parle d’une expérience politique au niveau municipal, j’en ai clairement une puisque je m’occupe de politique municipale à Prague depuis longtemps. J’ai par exemple participé au sauvetage de l’hôpital Na františku d’une privatisation désavantageuse. C’est un bel exemple de ce qui devrait se faire à l’échelle pragoise : plusieurs entités se sont mises d’accord en mettant de côté leurs positions partisanes. Ça a été la raison de notre succès. »

Et les trois partis de la nouvelle coalition pragoise ont bel et bien dû se mettre d’accord. Si le parti conservateur ODS est arrivé vainqueur des élections municipales, avec 18 % des suffrages, il ne figurera pas dans la coalition et restera dans l’opposition pour les quatre prochaines années.

Le gâteau pragois a dû être partagé entre le parti des Pirates arrivé en deuxième position, le nouveau mouvement local Praha Sobě et l’alliance des « Forces alliées pour Prague », qui rassemble des membres des partis TOP 09, chrétien-démocrate et STAN. Les négociations n’ont d’ailleurs pas été une mince affaire, les Pirates ayant fait d’emblée de l’attribution des fonctions de maire à Zdeněk Hřib, une condition à leur participation à la coalition. Chacune de ces trois formations disposera d’un nombre identique de sièges (13) au conseil municipal.

Zdeněk Hřib,  photo: Kateřina Šulová/ČTK
Agé de 37 ans, Zdeněk Hřib a fait des études de médecine, mais n’a, semble-t-il, jamais touché de stéthoscope après ses études. Sa carrière, il l’a toutefois menée dans plusieurs entreprises liées au secteur médical, en tant que spécialiste des technologies de l’information. Une formation qu’il entend d’ailleurs mettre à profit pour « faire entrer Prague dans le nouveau millénaire », estimant que de nombreux aspects de l’administration de la ville devraient être davantage gérés de manière informatique, afin de faire diminuer les coûts et d’en augmenter l’efficacité.

« Il s’agit notamment de tout ce qui concerne les technologies de l’information : l’objectif est que l’on puisse gérer toutes les questions administratives et municipales tranquillement depuis chez soi. Ce n’est pas un secret qu’à ce niveau-là, Prague est particulièrement en retard. »

Les futurs partenaires de coalition préparent actuellement une déclaration de programme commun qui devrait être rendue publique dans les semaines à venir et qui servira de feuille de route à l’équipe municipale pour les quatre années à venir.