Avec une nouvelle direction, les Pirates tchèques se veulent plus libéraux et centristes que jamais

Zdeněk Hřib

Ancien maire de Prague, Zdeněk Hřib est le nouveau président du Parti pirate tchèque. Élu lors du congrès qui s’est tenu à Prague samedi 9 novembre, cette figure bien connue du grand public succède au leader historique du parti, Ivan Bartoš. À désormais onze mois des prochaines élections législatives et après deux échecs cuisants aux élections européennes et régionales cette année, les Pirates doivent se remobiliser s’ils entendent ne pas disparaître des bancs du Parlement.

Annoncé comme le grand favori à la succession d’Ivan Bartoš, le désormais ex-ministre du Développement régional aux dreadlocks qui, à lui seul, a longtemps incarné les Pirates tchèques, Zdeněk Hřib a donc bien été élu nouveau chef d’une formation qui a rejoint les rangs de l’opposition après son départ de la coalition gouvernementale de centre-droit dirigée par le conservateur Petr Fiala en octobre dernier.

Ivan Bartoš | Photo: Zuzana Jarolímková,  iROZHLAS.cz

Maire de Prague entre 2018 et 2023 et désormais premier adjoint au maire, Zdeněk Hřib, 44 ans, ne fait toutefois pas l’unanimité au sein des Pirates, comme en témoigne le résultat très serré du vote (454 voix pour lui, 401 pour l’ancien sénateur Lukáš Wagenknecht) ou les annonces de départ du parti faites depuis samedi par plusieurs membres influents en raison de la réforme que Zdeněk Hřib envisage d’entreprendre dans l’optique des élections législatives qui se tiendront en octobre 2025.

Peu après sa victoire, samedi, ce dernier a promis d’œuvrer à la transformation des Pirates en un parti libéral centriste suffisamment fort pour qu’ils puissent continuer à avoir leur mot à dire à la Chambre des députés, un parti axé sur les problèmes des gens ordinaires qui se doit d’être compréhensible et de parler d’une seule voix :

Zdeněk Hřib | Photo: Michaela Danelová,  ČRo

« Nous devons prendre conscience que le but de la politique n’est pas la politique en tant que telle, mais les électeurs. Nous devons leur montrer que nous nous intéressons à eux et que leur sort nous importe. Le but est de faire en sorte que les gens vivent mieux, de résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés dans leur vie quotidienne et c’est pourquoi nous avons beaucoup de travail devant nous si nous voulons éviter que les voix des électeurs libéraux se perdent. Quant à moi, ma priorité sera de préparer le parti au mieux pour les élections législatives. »

Une mission qui ne sera cependant pas simple, alors que le parti, après avoir contribué à la formation de la coalition gouvernementale en 2021, ne bénéficie plus des préférences qui étaient les siennes il y a quelques années, notamment vers la fin des années 2010.

Avec un score de 6,2 % aux européennes en juin dernier, puis la perte de 96 des 99 sièges qu’ils possédaient lors des régionales en septembre (et un score de 3,5 %), les Pirates, qui ont longtemps prétendu vouloir être les rebelles de la scène politique tchèque avant de rentrer dans le rang au fil de leurs succès, ont vécu cette année, en l’espace de trois mois, deux grandes déconvenues électorales qui les ont contraints à se réunir de nouveau en congrès, alors qu’ils avaient déjà élu une nouvelle direction en janvier dernier, et à repenser leur mode de fonctionnement.

Une crise de résultats et de croissance qui ne surprend cependant pas outre mesure Michel Perottino, politologue à l’Université Charles à Prague :

« C’est un parti dont l’électorat n’est pas très stable et qui a réussi à séduire un électorat plutôt libéral. Or, tout au long de ces vingt à trente dernières années, cet électorat a tendance à être volatile et à choisir à chaque fois un autre parti. Il y a donc différentes raisons qui expliquent l’affaiblissement du Parti pirate. »

Ancien conseiller régional, Martin Šmída fait partie des nouvelles têtes de la nouvelle direction des Pirates. Élu vice-président, lui aussi estime que pour sauver ce qui peut encore l’être à l’approche d’élections législatives qui, si l’on s’en tient aux derniers sondages, pourraient aboutir à un raz-de-marée populiste, les Pirates se doivent de se rapprocher de leur électorat « traditionnel » :

« Il est temps désormais de nous adresser aux Tchèques et de leur apporter ce qu’ils attendent de notre part. Nous sommes la meilleure force libérale sur la scène politique tchèque et il est de notre devoir de réveiller cet espoir que nous sommes en mesure d’apporter les changements tant désirés que les libéraux, les jeunes et les gens instruits, autrement dit notre électorat, attendent de nous. »

En attendant de voir quel sera le réel pouvoir d’attraction des Pirates pour reconquérir un électorat concentré essentiellement dans les grandes villes, le congrès de samedi a marqué la fin du « règne » d’Ivan Bartoš à leur tête.

Après un automne compliqué, marqué notamment par sa révocation des fonctions de vice-Premier ministre et de ministre du Développement régional, celui qui a été une des principales figures de la scène politique tchèque de ces dernières années a décidé de prendre du recul, estimant que le parti qu’il a cofondé en 2009 et dirigé pratiquement sans interruption depuis avait besoin « d’une nouvelle impulsion et de hisser les voiles en vue des élections législatives ».