Présidence tchèque : échanges sur le rôle de la ville et gastronomie française pour la passation de pouvoir
Vendredi 1er juillet, la France passera le relais de la présidence du Conseil de l’Union européenne à la République tchèque. De nombreux événements sont organisés à cette occasion, et RPI a pu assister à l’ouverture des festivités dans le centre de Prague.
Jusqu’au premier juillet se dérouleront les célébrations pour la passation de pouvoir de la présidence du Conseil de l’Union européenne entre la France et la République tchèque. Lors de son ouverture, le 24 juin, le public a pu assister à un échange d’amitié entre le maire de Prague Zdeněk Hřib et l’adjointe à la maire de Paris Afaf Gabelotaud. Ils y ont discuté des valeurs et objectifs communs de Prague et Paris, mais également des critiques vis-à-vis d’une Europe n’accordant pas assez d’importance aux villes, que les élus considèrent pourtant comme actrices centrales de la vie quotidienne.
Sur la place Mariánské náměstí, où avaient lieu les débats, se tenait également un petit marché gastronomique français, et Titouan Morvan a pu y faire un tour. Mais tout d’abord, il a échangé avec l’adjointe à la maire de Paris Afaf Gabelotaud à propos de la passation de pouvoir :
Pourquoi avoir décidé d’organiser une passation de pouvoir symbolique entre la France et la République tchèque ?
« La passation de pouvoir entre Paris et Prague est non seulement symbolique, mais aussi historique. Je pense que la société actuelle présente un certain nombre de problématiques, mais également des symboles et des valeurs à transmettre, et d’après moi, tout ce que nous pouvons transmettre en ces temps et dans ces contextes très complexes sont plus que des symboles : il s’agit d’un engagement profond pour assumer nos réalités d’Européens, de dire que nous avons des valeurs et des combats communs, qu’il est aujourd’hui temps de mener ensemble, haut et fort. »
La Tchéquie : une nation solide avec des valeurs et une culture solides
Pensez-vous que la République tchèque est capable de répondre aux défis de ce contexte si tendu actuellement ?
« Je ne saurais pas dire, car des élections sont à venir, comme cela a été le cas en France récemment, d’ailleurs. Mais je sens la République tchèque tout à fait capable, car c’est un grand Etat, une nation solide avec des valeurs et une culture solides. Je pense qu’on peut s’attendre à ce que Prague et la République tchèque relèvent ce défi avec honneur et avec de belles réussites diplomatiques. »
Pensez-vous que la relation franco-tchèque va en ressortir renforcée ?
« Certainement, car dans des relations bilatérales comme celle-là, où l’on crée de la coopération, on en ressort plus fort. »
L’Union européenne est-elle défaillante sur certains points selon vous, et si oui, comment l’améliorer au niveau de la ville ?
« Elle l’est sur certains points, mais c’est une vague et longue question pour une EU qui est malgré tout très récente, avec une histoire balbutiante. Il s’agit d’une construction d’après-guerre, où tout était à inventer, et je pense que dans notre société dynamique et hyper rapide, nous avons tendance à penser que les choses sont évidentes, mais c’est loin d’être le cas. Nous avons une histoire, une culture, des origines, des choses communes qu’on ne pourra jamais nier, ni nous enlever. »
Prendre en compte l’expertise des villes
« L’Union européenne se construira au fur et à mesure, elle s’améliorera, notamment grâce aux villes, car les villes ont à apporter. Mais on oublie que ces grandes villes, qui ont beaucoup de richesse, sont les premiers opérateurs face aux habitants, face au public, qu’elles sont aussi en capacité de répondre de façon plus agile car l’expertise de chacune est une réponse à différents sujets. Ne pas prendre en compte l’expertise des villes est une erreur monumentale, dans la mesure où elles sont bien plus riches, rapides, agiles et intelligentes qu’on le croit face à des lourdeurs administratives et étatiques insolubles qui n’apportent pas de réponse adéquate au moment donné. »
A table !
Outre les débats politiques lors du premier jour des célébrations, nous avons pu assister au lancement des célébrations. Si des performances (acrobatiques, musicales et autres) sont prévues cette semaine à travers la ville, la semaine dernière, c’était un petit festival de gastronomie française qui était organisé à la place Mariánské náměstí. Titouan Morvan a eu l’occasion de discuter, avec le chef du restaurant « A Table ! », de gastronomie française et tchèque ainsi que des célébrations actuelles.
« Je m’appelle Jean-Charles Berger, et je suis le propriétaire et chef du restaurant ‘A Table’. Nous faisons également des évènements français, comme ici, où je vends à mon stand des produits typiquement français : de la charcuterie, des cannelés bordelais, des huîtres, des cuisses de grenouilles et de la soupe à l’oignon. Il s’agit de montrer des produits qui sont vraiment des clichés de la France. »
Pourquoi avoir choisi de représenter la gastronomie française en ce jour des célébrations de la passation de pouvoir entre la France et la République tchèque ?
« Dès qu’on me propose de présenter des produits français, je le fais volontiers ! Car j’habite en République tchèque depuis dix ans, j’ai un restaurant depuis dix ans et les Tchèques sont friands de produits français. C’est toujours un plaisir de communiquer avec eux, mais également avec les touristes, comme aujourd’hui, en l’occurrence. C’est vraiment un plaisir de faire découvrir la cuisine française. »
« Les Tchèques sont friands de produits français »
Quelle est l’image de la gastronomie française à l’étranger, et plus particulièrement en République tchèque ?
« La gastronomie française a une bonne image. Tout d’abord celle de la gastronomie, qui est une restauration de luxe, mais les gens aiment également nos produits, nos vins, en tant que tels. De plus en plus souvent, les gens viennent simplement goûter un produit nature, comme une huître ou un cannelé, et ils adorent. »
Quel est votre avis sur la cuisine tchèque ?
« Il y a deux cuisines tchèque. D’abord la cuisine d’après la Première République tchécoslovaque, et celle d’avant. On peut dire que la cuisine d’avant la Première République était très bonne, mais je dirai que malheureusement, par la suite, les années de communisme ont détruit la culture gastronomique tchèque de façon brutale. Elle fait actuellement un retour avec des jeunes cuisiniers tchèques qui ont travaillé à l’étranger et qui aiment véritablement la cuisine. Je suis très heureux de voir des chefs tchèques qui cuisinent bien, et qui proposent des produits et des plats typiques, comme les quenelles. Je pense que la cuisine tchèque est en devenir, et c’est bien. »
Avez-vous un avis sur les célébrations se déroulant aujourd’hui ?
« À proprement parler, je dirais que non, car je trouve qu’il n’y a pas eu énormément de communication autour de cela. Je trouve que cela passe un peu inaperçu, ce que l’on peut remarquer, au vu du peu d’affluence. »