Un scandale éclabousse le festival l'Automne de Prague

Hélène Grimaud, photo: CTK

Le concert de la Staatskapelle de Dresde avec la pianiste Hélène Grimaud, qui devait avoir lieu samedi dernier, a été annulé. Depuis, les interprètes et la direction du festival s'accusent réciproquement d'être responsables de cette décision qui a déçu de nombreux spectateurs.

Hélène Grimaud,  photo: CTK
La célèbre pianiste française Hélène Grimaud devait jouer avec la Staatskapelle, dans la grande salle du Rudolfinum, le concerto "L'Empereur" de Beethoven. Avant le concert, elle a exigé quelques adaptations de la mécanique du piano qu'elle qualifiait d'inutilisable. Le directeur du festival, Pavel Spiroch, a refusé ces adaptations et a annulé le concert. Selon les organisateurs du festival, Hélène Grimaud aurait demandé de telles interventions dans le mécanisme de l'instrument, qui ne respectaient pas le contrat que l'Orchestre philharmonique tchèque, propriétaire de l'instrument, avait conclu avec le facteur du piano, la maison Steinway. Un contrat engage les spécialistes de Steinway à surveiller la qualité de l'instrument.

L'orchestre de Dresde a donné, cependant, une interprétation bien différente de l'incident. Selon la déclaration des représentants de l'orchestre pour l'agence DPA, les organisateurs du festival auraient dérogé au contrat en refusant d'appeler l'accordeur personnel d'Hélène Grimaud pour réparer les défauts du piano. L'attitude d'Hélène Grimaud, était donc, selon l'orchestre, une réaction compréhensible à une flagrante violation du contrat. La pianiste elle-même s'est déclarée choquée notamment par le comportement agressif du directeur du festival, Pavel Spiroch, qu'elle a attribué à l'ivresse de ce dernier. L'orchestre a appuyé les affirmations de la pianiste.

Selon le directeur de l'Orchestre philharmonique tchèque, Vaclav Riedelbauch, les organisateurs ont mis à la disposition d'Hélène Grimaud les deux meilleurs pianos Steinway dont ils disposent. Et le directeur d'affirmer que les deux instruments utilisés auparavant par d'autres grands pianistes étaient en parfait état.

Difficile de déceler la vérité dans ce conflit qui se traduit par des accusations réciproques. S'agissait-il de la négligence voire de l'arrogance des organisateurs ou d'un caprice de la célèbre pianiste ? Quoi qu'il en soit, l'affaire risque d'avoir des conséquences juridiques, car, d'après le directeur Pavel Spiroch, en annulant le concert, le festival a subi une perte financière que l'orchestre de Dresde doit lui rembourser.

Il semble que ses concerts pragois n'apportent à Hélène Grimaud que des ennuis. Ce n'est pas le premier conflit entre elle et les organisateurs de l'Automne de Prague. En 1999 déjà, ces derniers avaient accusé la pianiste de ne pas respecter les conditions du contrat et lui avaient infligé une amende de 2000 marks.