Une promenade sur l'avenue Nationale
L'avenue Nationale, où siègent les deux théâtres, le Viola et le Théâtre national, est une des plus belles à Prague, avec son architecture néo-Renaissance et Art Nouveau. Ce n'est pas par hasard qu'elle s'appelle Nationale. Plusieurs fois, elle a vu les Tchèques se battre pour la liberté - la dernière fois, c'était au début de la Révolution de velours, le 17 novembre 1989, jour de l'attaque policière contre les étudiants.
Du Viola, nous en avons déjà parlé, passons donc au Théâtre national. Celui qui avoue n'y avoir jamais mis les pieds est pris, en Tchéquie, pour un barbare. Pourquoi, en fait, les Tchèques sont tant fiers de leur première scène ? Il suffit de jeter un coup sur son histoire... Au 19e siècle, les Tchèques, étouffés sous la domination autrichienne, ramassent de l'argent destiné à sa construction. Le théâtre, où l'on joue en tchèque et non en allemand, brûle peu après, mais les patriotes se mobilisent de nouveau et le reconstruisent.
Aujourd'hui comme avant, tous les acteurs rêvent de monter sur cette scène prestigieuse, mais seulement les meilleurs des meilleurs ont cette chance. Voulez-vous voir de vos propres yeux une star tchèque ? Rien de plus facile que de balader cinq minutes sur l'avenue Nationale, près du théâtre, évidemment. La vedette ne va probablement pas tomber du ciel, mais descendre de l'un de ces vieux tramways rouges qui font tant rigoler les étrangers. Mais attention, il se peut que votre victime, au lieu de prendre la direction du théâtre ou sortant de ce dernier, traverse inopinément la rue et pousse la porte du café Slavia, l'un des plus célèbres à Prague. Depuis le début du 20e siècle, très fréquenté par les Roméos et les Hamlets, mais aussi par les écrivains, poètes et peintres. Le Slavia intellectuel fut aussi le fief des étudiants et, sous le communisme, de la dissidence. Aujourd'hui, pas de débats politiques ou artistiques passionnés, mais un halo de fumée de cigarettes, qui semble rythmer cette nouvelle vie au ralenti. Des acteurs, danseurs et chanteurs d'opéra, seuls ou avec des journalistes, des foules de touristes et, par conséquent, des gâteaux, du café et du vin hors de prix... Mais qui ne sacrifierait pas, au moins une fois, une somme rondelette au bonheur fugace de croiser son idole ?