Une visite de la ville de Namest nad Oslavou
La rubrique touristique nous conduira aujourd'hui à Namest nad Oslavou, une ville située aux pieds du plateau Tchéco-morave, dont la fondation remonte à 1234 et qui se distingue notamment par son splendide château, son pont baroque - l'un des rares à l'échelle du pays, mais aussi par la fabrication des tapis, sans oublier la base de chasseurs de l'Armée tchèque qui se trouve non loin de là. J'espère que vous acceptez notre invitation de découvrir cette ville et que vous allez passer un agréable moment à l'écoute.
Quelques mots d'abord sur le plateau Tchéco-morave, l'une des régions les plus pures, en bon état écologique, surnommée, de ce titre, le Coeur vert de la République tchèque. Le climat y est un peu rude, mais c'est une région d'un charme insolite, pleine de métamorphoses. Son atmosphère a séduit de nombreux artistes, peintres et compositeurs. La région du plateau Tchéco-morave couvre cinq districts ce qui permet de se faire une idée de sa superficie. Les sommets les plus hauts atteignent une altitude de plus de 800 mètres. Sa partie sud constitue la frontière avec l'Autriche. La région est accessible par l'autoroute D1 Prague-Brno. Elle offre de riches possibilités de repos actif: tourisme à pied, cyclotourisme, équitation, ski.
La ville pittoresque de Namest nad Oslavou s'étend sur les deux rives de la rivière Oslava dont le nom figure dans son appellation. Elle se trouve à 40 kilomètres à l'ouest de Brno et compte 5200 habitants. Les débuts d'un peuplement systématique remontent au commencement du XIIe siècle. Dans un passé lointain, un sentier commercial important menait le long de la rivière vers l'intérieur de la Bohême. La première mention sur Namest provient de 1234, où un château fort a été érigé au-dessus de la rivière. De ce château, une tour de pierre ovale s'est conservée, faisant aujourd'hui partie du complexe du château. En 1304, lors d'une expédition de troupes autrichiennes et hongroises contre le roi tchèque Venceslas II, la ville a été détruite. Dans le courant des siècles, la ville a changé plusieurs fois de propriétaire. Ensemble avec le château, elle a été pillée et ravagée.
En 1563, Namest est passée entre les mains de la puissante famille Zerotin qui s'est inscrite de manière décisive dans l'histoire de ce site. A l'emplacement du château primitif, Jan de Zerotin a fait édifier un vaste château Renaissance. Grand promoteur de la culture des Frères moraves - une communauté hussite, Jan a fait transférer leur imprimerie de la commune d'Ivancice vers Kralice. C'est ici que la fameuse Bible de Kralice a été plus tard imprimée.
Le successeur de Jan, Karel de Zerotin, chef des états protestants en Moravie et homme politique d'envergure européenne, parti, après la bataille de la Montagne Blanche, en exil, a vendu en 1628 le domaine à son beau-frère Albrecht de Wallenstein. Ce dernier s'est vite débarrassé de cette propriété, et c'est Jan Krtitel de Werdenberk, qui est devenu son nouveau propriétaire. A sa demande, l'empereur Ferdinand II a élevé Namest au rang de ville en lui attribuant les armes municipales. En 1752, le domaine a été acheté par Frédéric de Haugwitz, représentant marquant de l'absolutisme éclairé et homme politique au service de l'impératrice Marie-Thérèse. En 1759, Frédéric fonde à Namest un couvent des Capucins, aboli plus tard, par l'empereur Joseph II, lequel a installé dans ses locaux une manufacture d'étoffes. Cette production va marquer un essor considérable de la petite ville habitée alors, à la fin du XVIIIe siècle, par quelques centaines d'habitants.
Des propriétaires du domaine de Namest, la famille Haugwitz, c'est surtout Henri Frédéric, homme éclairé, doué d'un talent musical, qui s'est fait remarquer en tant que fondateur d'une chapelle devenue lieu où l'on apprenait l'art musical et où l'on donnait des concerts. Comme l'école musicale la plus proche se trouvait à Vienne, cette école, ainsi que l'orchestre du château de Namest, n'ont pratiquement pas eu de concurrence en Moravie. Henri Frédéric entretenait des contacts personnels avec les compositeurs illustres tels que Gluck ou Salieri. Karel Frédéric, son fils, a été ami de Johann Strauss et compositeur. Un témoignage de l'âge d'or de la vie musicale au château de Namest, c'est un pavillon d'été de style Empire devenu la scène de productions théâtrales et musicales. La riche bibliothèque baroque des Haugwitz comprenant plus de 10 000 volumes fournit aussi un témoignage des intérêts culturels de la famille. L'un des plus grands bijoux qu'elle abrite, la Bible de Kralice en six tomes.
L'an 1850 a été de toute importance pour la ville.. Elle devient le siège du tribunal régional, de la perception et d'autres institutions. En 1886, la ville est reliée au réseau de voies ferrées Brno - Jihlava. Tout au long du XIXe siècle, Namest a été une ville allemande, à une exception près - la Beseda - siège d'activités d'un cercle de patriotes tchèques.
La période relativement tranquille de la fin du siècle a été interrompue par le premier conflit mondial. Il n'est pas sans intérêt que le successeur au trône autrichien, Ferdinand d'Este, est parti à Sarajevo où il est devenu victime d'un attentat, du château de Namest, où il était invité à une chasse. Après la guerre, le fondateur de la République tchécoslovaque, Tomas Garrigue Masaryk, est devenu le premier citoyen d'honneur de la ville de Namest.
Bien que, depuis, elle ait reçu des dominantes nouvelles, c'est pourtant la même tour du château qui charme le visiteur, ainsi que le très ancien pont passant par la rivière d'Oslava, avec une galerie de sculptures baroques à ciel ouvert.
La ville, ayant une tradition de la fabrication d'étoffes, est aujourd'hui réputée par la fabrication de tapis en pure laine aux motifs des tapis de Perse. L'ambiance calme de la ville est de temps en temps perturbée par le bruit d'un avion qui décolle ou atterrit à la base de chasseurs se trouvant aux alentours directs de Namest.