Václav Chaloupka, éleveur et entraîneur de chevaux, quatre fois vainqueur du Grand Steeple-chase de Pardubice
Le jockey Václav Chaloupka a remporté à quatre reprises le prestigieux Grand Steeple-chase de Pardubice (Velká pardubická), un des courses de cross-country parmi les plus anciennes et les plus difficiles en Europe, dont trois sur son étalon Korok et une sur l’étalon Václav.
Toute la famille de l’ingénieur agricole Václav Chaloupka, né en 1948, montait à cheval, il vit donc au contact des chevaux depuis sa plus tendre enfance. Il se rendait souvent, accompagné de son frère cadet Jiří, dans une ferme où étaient entraînés des chevaux, située à cinq kilomètres de la maison de ses parents. Les deux frères, avec d’autres garçons courageux, sautaient sur le dos d’un des chevaux. Certains tombaient mais les plus adroits arrivaient à se maintenir sur le dos du cheval, tentative un peu difficile sans selle. C’est ainsi que Václav et son frère Jiří se sont fait remarquer par des entraîneurs qui leur ont proposé de venir les aider à s’occuper des chevaux à la ferme.
Václav Chaloupka évoque avec enthousiasme les souvenirs de ces débuts équestres. On l’écoute :
« Je me souviens de ma première promenade à cheval lorsque les entraîneurs du club m’ont dit : ‘tu te débrouilles très bien à cheval sans selle, alors maintenant prends-en une et viens avec nous’. Et on est parti. Je me débrouillais bien au trot, au galop et j’ai été très impressionné par la promenade. Par la suite je me suis inscrit au club où j’ai suivi des entraînements universels (saut d’obstacles, dressage, endurance et terrain) dirigés par le lieutenant-colonel Klapal et l’entraîneur Čejka. Puis je suis entré au club de courses, qui venait juste d’être fondé à la ferme de Židlochovice, où j’ai commencé à monter les chevaux de course. Je me souviens que l’on raccourcissait les étriers pour pouvoir galoper très vite avec plus de facilité parce qu’on adorait ça. D’ailleurs, on a été morigéné par nos entraîneurs. Mais on continuait quand même à le faire. J’ai gagné ma première course à douze ans à Austerlitz sur la jument Jehla (Aiguille). A l’époque l’avantage était que l’on pouvait participer aux courses dans la région sans licence de jockey et ainsi on pouvait acquérir de l’expérience. Lorsque j’avais quatorze ans, mes parents ont signé une décharge et j’ai obtenu la licence de jockey. »
Václav était basé à la ferme de Židlochovice et sa carrière s’annonçait très prometteuse. Mais la mort de son cheval Kámoš (l’Ami), décédé d’un cancer des reins, l’a marqué à un tel point qu’il voulait arrêter de monter à cheval. Finalement il a surpassé la douleur et a poursuivi sa carrière de jockey. Au cours de celle-ci il a remporté de nombreux succès, parmi lesquels les plus importants sont ses quatre victoires dans le Grand Steeple-chase de Pardubice. Le célèbre jockey avait cinquante ans lorsqu’il s’est décidé à participer à la fameuse course de steeple-chase cross-country à l’hippodrome de Créon en France. Il est vrai qu’il a du faire des efforts pour perdre quelques kilos excessifs pour un jockey. Plus de détails sur la course avec Václav Chaloupka :
« Je suis parti sur invitation avec mon cheval Mir Sad en France aux champs de courses de Créon et je peux dire que c’était une course magnifique. Au début tout allait très bien, j’étais en deuxième position et j’attaquais la première. Puis peu avant la fin de la course j’ai été pris sur un saut de 1,80 mètre de droite par un jockey qui s’est trompé de cours. Nous avons sauté en même temps et à la retombée du saut il m’a percuté en me virant sur la gauche. J’ai réussi à maîtriser la manœuvre mais j’ai perdu du temps et je suis arrivé cinquième. Mais j’ai tout de même obtenu la récompense du meilleur jockey du meeting sur le plan technique, c'est-à-dire pour la manœuvre du cheval au saut, etc. Je peux dire que j’ai été très populaire en France. »
Dans les années 1990 Václav Chaloupka a pris l’initiative de suivre les traces du professeur Václav Michal, chef du secteur d’élevage des chevaux au Ministère de l’agriculture, qui a régénéré dans la première moitié du XXe siècle l’élevage de chevaux en République tchèque en achetant des purs-sangs en France. La parole est à Monsieur Chaloupka :
« J’ai profité des contacts que j’avais noués sur les champs de course de Créon. J’appréciais le travail du professeur Michal, et j’étais aussi persuadé que la France était plus proche de la République tchèque que l’Irlande ou l’Angleterre, que les chevaux s’acclimateraient mieux et que l’exploitation de l’élevage serait plus performante que celle des coursiers anglais. J’ai d’ailleurs un faible pour la France, je considère ce pays comme ma seconde patrie et je m’y sens très bien. J’y ai beaucoup d’amis et j’ai même accueilli les membres de l’Association des éleveurs dans mes écuries à Tochovice. Au début, les Français n’étaient pas très intéressés de faire venir des chevaux en République tchèque car les éleveurs ne prenaient pas de pourcentages et de primes supplémentaires lorsque le cheval courait à l’étranger. Mais comme les chevaux français obtenaient de bons résultats dans notre pays, l’Association des éleveurs a modifié le règlement et l’éleveur a eu droit à une prime et à un pourcentage sur le prix gagné. Par la suite, les éleveurs ont souvent fait une réduction sur le prix de vente du cheval et je pouvais acheter à un prix très avantageux. »
Le jockey de légende du steeple-chase tchèque Václav Chaloupka est non seulement un excellant jockey, trotteur et entraîneur mais il a également un grand mérite dans la sauvegarde des élevages en République tchèque. Il est à noter que son neveu Jiří Chaloupka, qui a remporté quatre fois le Prix du Président de la République, fait lui aussi partie des meilleurs jockeys de République tchèque.