Vaclav Havel : Nous n'étions bons à rien ?
Le président de la République, Vaclav Klaus, n'apprécie guère le rôle des opposants au régime communiste. En revanche, il a beaucoup d'estime pour les « gens ordinaires ». Il en a fait part dans un article, publié il y a une semaine, dans les pages du journal Mlada fronta Dnes. Comme prévu, beaucoup de réactions sont apparues depuis. Nous n'étions bons à rien ? - demande l'ex-président Vaclav Havel, ce vendredi, dans le journal mentionné. Alena Gebertova.
« Sous le régime communiste, les activités de l'opposition ont contribué à l'auto-réflexion de notre société en esquissant un horizon civique et moral.... Il n'y a aucun doute qu'elles ont influencé les changements survenus à la fin des années quatre-vingts, écrit Vaclav Havel, tout en soulignant que les dissidents eux-mêmes n'ont pas renversé le régime. Ceux-ci constituaient pourtant la seule force à même de se présenter comme un partenaire dans les négociations avec le pouvoir communiste sortant. Sinon, il y aurait eu risque de chaos et de dénouement sanglant », estime Havel.
Vaclav Klaus n'aime pas non plus ce qu'il appelle les « élites intellectuelles ». Vaclav Havel réagit en disant : « Force m'est de constater que notre opposition a été peu intellectuelle. Pour la plupart, les signataires de la Charte 77 étaient ouvriers, dont une partie de ceux qui y étaient contraints par le régime... D'un autre côté, si l'intellectuel désigne une personne qui s'interroge sur les aspects profonds des choses, celle qui est dotée d'une pensée critique et ne recourt pas à des doctrines rigides, une personne qui chérit des idéaux, alors là je me félicite de ce qu'il y en a parmi nous... Je suis heureux d'être l'un d'entre eux », conclut Vaclav Havel.