Vers la suppression du second pilier des retraites…
Privatisation larvée du système des retraites, le second pilier, introduit par le gouvernement de Petr Nečas au début de l’année 2013, décrit comme mal conçu, favorisant seulement un petit groupe de fonds privés et ne séduisant que peu de Tchèques, a suscité de nombreuses critiques. Aussi, conformément à l’une des promesses de campagne du parti social-démocrate, le cabinet de Bohuslav Sobotka entend le supprimer. Reste à définir quand et comment.
Le parti social-démocrate, comme l’ensemble de la gauche, s’était vigoureusement opposé à ce projet et promettait de l’abroger une fois revenu aux affaires. C’est chose faite en compagnie du mouvement ANO et des chrétiens-démocrates, qui semblent partager ce point de vue. Le Premier ministre Bohuslav Sobotka peut de plus s’appuyer sur les expériences des pays voisins pour justifier la suppression de ce pilier malcommode.
« Le deuxième pilier des retraites a été restreint en Slovaquie. Il a été nationalisé en Hongrie. Les obligations détenues auprès des fonds de pension ont également été nationalisées en Pologne. Cependant, cela ne signifie pas pour autant que les gouvernements slovaques, hongrois ou polonais aient mis en place des compensations financières. »Car le devenir de cet argent investi dans les fonds de pension est tout l’enjeu de la suppression du deuxième pilier et l’argument brandi par les opposants à cette mesure, essentiellement les partis de droite, ODS et TOP 09, qui ont contribué à l’introduire et qui disent craindre pour le portefeuille des épargnants. D’où la volonté gouvernementale d’avancer doucement. Il est question de 2016 au plus tôt pour passer à l’action. Le ministre des Finances, Andrej Babiš (ANO) :
« Il y a là des personnes qui ont investi de l’argent et concevoir la suppression du second pilier tout en évitant qu’ils ne le perdent n’est pas chose aisée. Il faut aussi faire en sorte que cela n’entraîne pas de problèmes avec des plaintes déposées contre l’Etat. »La solution envisagée est tout simplement de rendre aux épargnants l’intégralité de l’argent qu’ils ont investi dans le deuxième pilier : les 2% de leur salaire direct, mais également les 3% de leur salaire indirect. Ces derniers auraient dû alimenter le système par répartition, d’où un manque à gagner pour l’Etat. Les personnes concernées pourront rattraper ces cotisations perdues ou bénéficieront dans le cas contraire d’une pension de retraite légèrement plus modeste. L’objectif est également de les inciter à se tourner vers le troisième pilier des retraites, un système par capitalisation pur et dur.
Ces questions sont l’objet du travail de la commission spéciale pour la réforme des retraites que préside l’universitaire Martin Potůček, mais elles s’inscrivent dans une réflexion plus large sur l’avenir du système des retraites en République tchèque. Martin Potůček :
« Nous travaillons actuellement sur trois axes principaux. Il y a d’abord la proposition visant à la suppression du second pilier et, en lien avec cela, à rendre plus attractif le troisième pilier. Le deuxième axe est la stabilisation de l’âge du départ à la retraite et la valorisation du montant des pensions actuelles. La troisième problématique, peut-être la plus complexe, est d’envisager l’évolution future de l’ensemble du système des retraites. »Depuis septembre 2011, l’âge légal du départ à la retraite recule chaque année de deux mois pour les hommes et d’un peu plus pour les femmes, par volonté d’harmoniser le système. De la même façon, un allongement progressif de la durée de cotisation à l’assurance retraite a également été déclenché malgré d’importants mouvements sociaux. L’une des propositions de Martin Potůček est par exemple d’arrêter cette fuite en avant tout en fixant l’âge de départ à la retraite tous les cinq ans en fonction de différents critères.