Zita Honzlová : des échos yiddish et reflets hébreux
Depuis l’âge de douze ans, elle chante en yiddish, en hébreu classique, en hébreu moderne, en français et parfois aussi en tchèque. Elle accompagne elle-même ses chansons au piano. Zita Honzlová, auteur et interprète, ethnomusicologue de formation, présente son répertoire inédit à l’occasion de cette émission de Dimanche musical.
« Mon arrière-grand-père, père de ma grand-mère, est venue de Pologne, de Cracovie, en République tchécoslovaque naissante au début du XXe siècle. Ma grand-mère connaissait quelques mots de yiddish, mais elle parlait surtout en tchèque. C’est pourquoi cela m’a intéressée de chanter des chansons en yiddish. Après j’ai également eu la possibilité d’étudier l’hébreu classique et l’araméen à l’Université Charles. Donc je chante en yiddish, en hébreu classique et aussi en hébreu moderne. »
La musique en yiddish attire également l’attention de Zita Honzlová en tant qu’ethnomusicologue :
« Je chante en yiddish parce que, du point de vue ethnomusicologue, la minorité juive est une minorité vraiment spécifique, avec un destin spécifique. Il y a beaucoup de récits et d’histoires sur la vie quotidienne qu’on peut apprendre à travers les chansons juives. C’est pourquoi j’ai choisi de chanter en yiddish. »
Puisque nous parlons du yiddish, Zita Honzlová a choisi pour cette occasion de nous faire écouter une des chansons qu’elle a chantée dans cette langue :
« “Di mame kokht varenikes” est en yiddish. Elle commence par cette situation où une mère de famille prépare des varenikes, qui était à l’époque une spécialité d’Europe de l’Est. Son fils vient alors lui confier son histoire d’amour. Il veut se marier avec une fille très belle mais qui n’a pas d’argent. Bien que sa mère désapprouve cette union, il décide d’aller à Odessa et de se marier. »
Progressivement, Zita Honzlová se crée son propre répertoire. Elle décrit sa façon de procéder :
« J’ai consulté de vieilles collections de chansons, j’ai retrouvé des textes de mélodies, j’ai aussi fait des combinaisons de chansons courtes. Dans mon répertoire, on peut trouver des chansons très connues, comme “Yiddische mama” et “Erev Shel shoshanim” mais j’essaie également d’interprêter des chansons plus rares. »
Avant d’écouter les deux chansons en hébreu que Zita Honzlová a sélectionnées pour nous, Yiddische mama et Erev Shel shoshanim, la chanteuse explique l’importance de la première pièce pour le public français :« Cette chanson est dédié au personnage de la mère juive et à son amour immense pour ses enfants et sa famille, à son inquiétude pour son foyer. Il existe des adaptations françaises de cette chanson, notamment une traduction interprétée par Charles Aznavour, ainsi que Georges Moustaki et sa chanson intitulée La mère juive. »
L’artiste a composé elle-même plusieurs de ses chansons :
« Je collabore avec deux poètes dont Rachel Eshed. J’ai composé des chansons pour deux de ses poèmes : « Maintenant elle est prête » et « Portrait de Lolita ». Ce sont deux chansons un peu érotiques. Je les ai composées quand j’avais dix-sept ans. Je pense que c’est un âge où pas mal de gens sont fascinés par l’érotisme. Par exemple, dans le « Dioqan shel Lolita » (« Portrait de Lolita »), il n’est pas seulement question du portrait physique de Lolita mais aussi de sa personnalité. »
Les auditeurs s’en persuaderont par eux-mêmes, Zita Honzlová parle un français impeccable. Elle explique d’où est venue sa passion pour cette langue, quelque peu exotique par rapport au reste de son répertoire :
« C’est notre petite tradition, dans la famille, de parler français. Mon arrière-grand-père Jindřich Honzl a été metteur en scène dans le théâtre d’avant-garde et a également fait quelques traductions et adaptations des pièces de théâtre de Georges Ribemont-Dessaignes et d’autres auteurs. A leur tour, mon grand-père et mes parents ont parlé français. Ils ont travaillé comme médecins en milieu francophone, en Afrique du Nord, en Algérie. De ces voyages-là et notamment de France, ils ont ramené beaucoup de chansons en français, qu’on a souvent écoutées. Cela m’a beaucoup influencé. Par exemple, quand j’avais quatre ou cinq ans, ma mère écoutait dans la voiture des chansons de Mireille Mathieu, ce qui est un très beau souvenir. »
Zita Honzlová a donc commencé à chanter ces chansons françaises tant aimées, même si elle avoue que ce fut un défi d’interpréter les chansons d’Edith Piaf ou Mireille Mathieu. Suivent à l’écoute : « Je t’ai dans la peau » et « Parlez-moi d’amour » d’Edith Piaf, interprétée par Zita Honzlová :
Non seulement elle chante, mais elle joue du piano. En se remémorant ses débuts en musique, Zita Honzlová exprime sa reconnaissance envers son professeur du piano, Václav Tříska, qui l’a encouragée à poursuivre son style musical original. C’est notamment grâce au soutien de ce professeur qu’elle se lance dans une carrière solo et donne des concerts à partir de 2002.« A partir de cette époque, j’ai fait des concerts dans de petits théâtres ici à Prague. J’ai également eu l’honneur de chanter à l’occasion de la Hanoucca à Košice en Slovaquie. Quand il y a des fêtes juives, c’est toujours très beau pour moi de donner un concert. Je présente également mon répertoire quand un nouveau livre sort, qui traite de la thématique proche du judaïsme ou de l’Israël. »
En pleine préparation de sa thèse en ethnomusicologie, Zita Honzlová ne fait pas de concerts réguliers, néanmoins le public peut la retrouver lors d’occasions précises, comme la Nuit des musées. La place maintenant à un au revoir musical, avec la chanson Margaritkelekh.
Rediffusion du 27/10/2013