1 EUR = 27 CZK

Photo: Štěpánka Budková
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La Banque centrale tchèque (ČNB) a décidé, jeudi, de dévaluer la couronne de près de 5 %. Le taux de change a donc chuté à environ 27 couronnes l’euro. C’était la première intervention monétaire depuis onze ans. Tandis qu‘en 2002, la ČNB avait cherché à stabiliser la couronne, cette fois elle entend favoriser la sortie de la crise de l’économie tchèque. Economiste auprès de Moody’s Analytics, Martin Janíčko explique à Radio Prague la portée de cette dévaluation.

Photo: Štěpánka Budková
« Nous interviendrons de façon appropriée en termes d’ampleur et aussi longtemps que cela sera nécessaire ». C’est en ces termes que le gouverneur de la ČNB, Miroslav Singer, a présenté la baisse du cours de la couronne jeudi après-midi. Dans un contexte où les taux d’intérêt ont techniquement approché le point zéro, la Banque centrale avait déjà annoncé, à l’automne 2012, que le taux de change serait le prochain instrument à faire l’objet de révisions. L’ampleur de la déprécation a cependant surpris de nombreux spécialistes, parmi lesquels Martin Janíčko, également enseignant à l’Ecole supérieure d’économie à Prague :

« Que ce soit moi ou Moody’s Analytics en général, nous avons effectivement été surpris pour plusieurs raisons, d’abord parce que l’économie tchèque se porte actuellement nettement mieux. Il y a des signes encourageants, comme le rebondissement significatif de la production industrielle, du commerce extérieur et des chiffres d’affaires dans les services. De manière générale, nous pensons non seulement que cette décision est surprenante, mais aussi qu’elle intervient assez tardivement. »

Martin Janíčko,  photo: Archives de Martin Janíčko
L’objectif prioritaire de la ČNB est d’encourager la relance économique. Martin Janíčko :

« La Banque centrale a considéré que le taux de change était assez élevé. De plus, je pense qu’elle a un objectif pour le taux d’inflation, et avec cette sous-évaluation de la monnaie, elle va peut-être l’atteindre. Il y a donc des considérations spécifiques derrière cette mesure. »

L’objectif serait de parvenir à une inflation maîtrisée à 2% en 2013, la hausse des prix étant actuellement inférieure à ce taux. La dévaluation joue essentiellement en faveur des exportations, même si les effets de cette mesure ne devraient se faire sentir que dans quelques mois, les contrats avec les partenaires étrangers étant conclus longtemps à l’avance. Toutefois, la négociation des contrats en cours pourrait déjà être affectée par le nouveau taux de change. Si les exportateurs applaudissent donc logiquement cette décision, les conséquences pour les consommateurs sont moins évidentes. Martin Janíčko :

« Les effets sur la consommation intérieure ne sont pas faciles à prévoir. On n’est jamais sûr de rien. Personnellement, je pense que cela n’aura pas trop d’influence. Bien évidemment, les prix peuvent augmenter de manière négligeable. Sur le long terme, la consommation peut être affectée par ces décisions. Les ménages pourraient réduire leur consommation en raison de l’inflation, mais cela ne concerne pas 2013, c’est plus pour 2014 et au-delà »

ČNB,  photo: Štěpánka Budková
Une faible couronne sous-entend néanmoins une hausse des prix des carburants et des marchandises importées, comme la viande. Avant les fêtes de fin d’année, une hausse de 3 à 4 % des prix de l’électronique est également attendue.

Les exportations semblent être au cœur des considérations actuelles de la ČNB, plus que la consommation des ménages ou les épargnes privées. Dans tous les cas, la dévaluation de la monnaie est une politique monétaire dont les effets se manifestent à long terme, raison pour laquelle le gouverneur de la ČNB a insisté sur la détermination de son institution.