320 euros, montant d’un salaire minimum pas valorisé depuis 2007
8 000 couronnes – soit environ 320 euros : tel est depuis six ans le montant inchangé du salaire minimum en République tchèque. Et bien qu’envisagée depuis quelque temps, sa valorisation n’est pas encore pour demain. Lundi, le Premier ministre démissionnaire, Petr Nečas, a fait savoir que, compte tenu de la situation politique actuelle, le gouvernement n’était pas en mesure de se prononcer sur le projet d’augmentation de 500 couronnes (20 euros) présenté par le ministère du Travail et des Affaires sociales.
Et c’est la ministre Ludmila Müllerová qui le dit… Même en République tchèque, 8 000 couronnes, ce n’est effectivement vraiment pas beaucoup pour vivre dignement. Le montant actuel du salaire minimum est en tous les cas insuffisant pour assurer… un certain minimum, comme l’explique cette Pragoise… au chômage :
« Ca ne couvre même pas le montant du loyer d’un appartement. A Prague, un studio coûte au moins 11 000 couronnes par mois. Pour moi, il est donc plus intéressant de toucher les allocations sociales, qui me paient la différence. »
Aujourd’hui, après plusieurs mois de négociations, toutes les parties concernées s’accordent sur la nécessité d’une valorisation du salaire minimum, à commencer bien entendu par les syndicats, à l’image de Josef Středula, président de la fédération syndicale KOVO :
« Pour nous, le mieux serait que le salaire minimum soit valorisé aux alentours de 9 000 couronnes. Mais nous devons être réalistes. Nous estimons que le terrain d’entente trouvé avec le gouvernement et les employeurs autour de 8 500 couronnes est déjà une bonne chose, car nous pensons qu’il n’est pas souhaitable qu’il y ait un bond trop important. »Lundi pourtant, le gouvernement a refusé d’examiner le projet de hausse de 500 couronnes dès le mois d’août prochain présenté par la ministre du Travail et des Affaires sociales, Ludmila Müllerová. Chargé par le président de la République d’assurer les affaires courantes en attendant la nomination d’un nouveau gouvernement, le Premier ministre démissionnaire Petr Nečas a expliqué pourquoi :
« Un gouvernement ne disposant pas de la confiance des députés est un gouvernement démissionnaire, et un gouvernement démissionnaire ne devrait prendre aucune décision stratégique. Or, la valorisation du salaire minimum est une décision stratégique. »Cette vision des choses n’a été que très modérément appréciée par la ministre du Travail et des Affaires sociales. Car si elle comprend la position d’un Premier ministre qui s’apprête à quitter ses fonctions, Ludmila Müllerová comprend beaucoup moins la décision prise par le cabinet sur la question concrète du salaire minimum :
« Ce n’est pas à proprement parler une décision stratégique. Augmenter le salaire minimum de 500 couronnes est une mesure qui concerne 1 à 3 % de la population active. C’est donc très négligeable. Sans oublier le fait que les employeurs et les syndicats sont d’accord sur cette valorisation. Qu’on ne me parle donc pas de décision stratégique. Je pense plutôt qu’il s’agit d’une décision politique. »Politique donc, selon la ministre, cette décision n’est cependant pas encore définitive, surtout que le président de la République, qui s’est dit favorable à la valorisation, s’apprêtait à nommer un nouveau gouvernement ce mardi. Miloš Zeman :
« Personnellement, je suis convaincu qu’un gouvernement d’experts, quelle que soit la durée de son mandat - et celui-ci sera de trois mois dans le cas où sont organisées des élections législatives anticipées - pourra résoudre cette question du salaire minimum. Car il ne s’agit pas d’une loi, mais d’un décret gouvernemental. »Un employé percevant aujourd’hui le salaire minimum en République tchèque touche très précisément 7 120 couronnes nettes par mois (environ 285 euros), un montant représentant 36 % du salaire mensuel moyen net, qui s’élève, lui, à 19 765 couronnes (790 euros). Faible, cette part baisse régulièrement depuis 2006, lorsqu’elle était alors encore de 43 %. Les allocations sociales ayant, elles, été valorisées depuis, on peut comprendre que pour certains, il soit effectivement devenu préférable de rester chez soi. Surtout quand même la ministre du Travail le dit…