600 000 chômeurs, nouveau record en République tchèque

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Près de 600 000 Tchèques étaient sans emploi à la fin du mois de décembre. Avec un taux de 8,2%, selon les chiffres communiqués jeudi par le ministère du Travail et des Affaires sociales, il s’agit d’une augmentation de 0,5 point en l’espace d’un mois. Surtout, jamais le nombre de chômeurs n’avait été aussi important en République tchèque. Toutefois, les analystes attendent une légère amélioration de la situation dans les mois à venir.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
C’est bien connu, les chiffres, surtout lorsqu’ils sont manipulés, sont parfois trompeurs. Les statistiques du chômage en République tchèque en sont la confirmation. Fin 2012, le taux s’élevait ainsi à 9,4%, soit 545 000 chômeurs, et la barre symbolique des 10% s’apprêtait à être dépassée. Un an plus tard, le nombre de Tchèques demandeurs d’emploi a augmenté de 52 000, pour autant le taux publié jeudi par le ministère du Travail ne s’élève plus qu’à 8,2%. Une curiosité qui s’explique par la nouvelle méthode de calcul employée depuis le début de l’année 2013 par le ministère. Afin de pouvoir présenter des chiffres moins inquiétants, celui-ci établit désormais la part des personnes sans emploi parmi l’ensemble de la population âgée de 15 à 64 ans. Cela n’enlève cependant rien au fait que le chômage a atteint un nouveau record en décembre dernier, comme le reconnaît le probable futur ministre social-démocrate de l’Industrie, Jan Mládek :

« Ces nouveaux chiffres sont inquiétants, même si on assiste traditionnellement à une augmentation du chômage en fin d’année en raison de la fin des travaux saisonniers. Mais plus inquiétant encore que le taux de chômage est la baisse du nombre de postes vacants. »

Concrètement, une offre de travail aujourd’hui en République tchèque concerne dix-sept chômeurs, et même quatre-vingt-un dans le district de Karvina, en Moravie-Silésie (est du pays). La Moravie du Nord, dans les environs d’Ostrava, et la Bohême du Nord, dans les environs de Most et d’Ústí nad Labem, les deux grandes régions industrielles du pays, sont les plus frappées par la crise de l’emploi. Dans le district de Bruntál (Moravie-Silésie), le taux de chômage est ainsi grimpé jusqu’à 14,3%. A l’échelle opposée, Prague et ses environs restent plus épargnés avec seulement 5,1% de la population active sans emploi dans la capitale. D’ailleurs, selon Miroslav Ševčík, recteur de la faculté d’économie nationale de l’Ecole supérieure d’économie de Prague, s’il convient d’observer l’évolution de la situation avec attention, il ne s’agit pas non plus de la dramatiser :

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« Le nombre de chômeurs, si on le compare à ceux d’autres pays de l’Union européenne, est encore relativement peu élevé. Je ne dis pas qu’il ne faut pas s’inquiéter, mais seuls trois pays européens présentent un taux de chômage inférieur au nôtre. »

Le marché de l’emploi en République tchèque devrait stagner en ce début d’année. Tout comme pour le quatrième trimestre 2013, le solde net des créations d’emplois devrait s’établir à 0 % au premier trimestre 2014. C’est du moins ce que prévoyait, en décembre dernier, le baromètre trimestriel publié par l’entreprise de travail temporaire Manpower. Selon le sondage réalisé par le groupe auprès d’un échantillon de 750 entreprises implantées en République tchèque, 91 % d’entre-elles n’envisageraient aucune évolution de leurs effectifs. 4 % des employeurs anticipent une augmentation de leurs effectifs, 4 % prévoient une réduction de leur masse salariale. Malgré cette stagnation attendue, il s’agit de la prévision la plus optimiste pour un premier trimestre depuis 2008, contre notamment un solde négatif de -8 % pour la même période en 2013. Les secteurs des finances, des assurances, de l’immobilier et des services aux entreprises sont les plus optimistes avec une prévision d’un solde positif de 5 %. Inversement, les secteurs des transports, du stockage, du logement ou encore de l’alimentation tablent sur une prévision nette de -10 à -12%.

Les analystes, eux, s’attendent à une baisse du chômage plutôt à compter du deuxième trimestre et du printemps, surtout qu’une croissance économique de 2% est prévue pour cette année en République tchèque.