80 ans de Radio Prague – Nos auditeurs se confient (I) : «Pour un pays comme la Tchéquie, il est important d’avoir une station internationale »
Le 31 août prochain, Radio Prague célébrera son 80e anniversaire. A cette occasion, nous vous proposons une série d’entretiens avec quelques-uns de nos auditeurs. Des auditeurs de longue date à la fois passionnées de radiodiffusion et par ce qui se passe dans le monde. Des gens pour qui la radio reste le média moderne qu’il était déjà il y a quatre-vingt ans de cela, un moyen aussi d’assouvir leur curiosité et de voyager via les ondes. Le premier de ces auditeurs auquel nous avons donné la parole est Christian Ghibaudo, qui écoute Radio Prague depuis Tende, une commune des Alpes-Maritimes.
Il y a quarante ans de cela, Radio Prague était essentiellement un instrument de propagande à l’étranger de la politique du régime communiste. Cela ne vous dérangeait-il pas ?
« Honnêtement, je n’étais pas un auditeur régulier. Au bout d’un moment, on se rendait compte qu’on ne parlait pas du tout, ou très peu, de la Tchécoslovaquie. Il était essentiellement question de propagande. »
Ecoutez-vous aujourd’hui d’autres stations internationales qui proposent des programmes similaires à ceux de Radio Prague ?
« Oui, j’ai d’abord repris une écoute de Radio Prague plus régulière après la révolution de velours, car les programmes ont ensuite évolué. Sinon, j’écoute aussi régulièrement la Roumanie, Taiwan, la Corée et un peu le Japon. »
Quel regard portez-vous sur cette évolution des émissions après la chute du régime communiste ?
« Les émissions de Radio Prague sont devenues des émissions de radio tout à fait ‘normales’, comme on pouvait en écouter à l’époque dans les pays occidentaux : c’est-à-dire donner les informations nationales et parler du pays en général. C’est vraiment beaucoup plus intéressant que ce que l’on pouvait écouter avant 1989. »
Gardez-vous le souvenir d’émissions en particulier ?
« Au moment de la révolution de velours, et un peu comme cela s’est passé aussi en Roumanie, on a eu quelques émissions qui nous ont permis de bien sentir la transition. Je me souviens aussi d’une période de six mois, où il n’y a eu aucune émission de Radio Prague (En réalité, Radio Prague s’est tue du 1er avril au 7 mai 1990, à l'exception des émissions en tchèque et en slovaque pour les Tchèques et Slovaques à l'étranger. La raison de cette interruption - un statut indéfini des émissions internationales et une réduction du personnel, des programmes et des moyens techniques. Auparavant, les émissions en arabe, en italien et en portugais, destinées à l'Amérique latine, avaient déjà été supprimées. De huit langues, cinq sont restées: tchèque/slovaque, anglais, allemand, français et espagnol. De nouvelles réductions des programmes et du personnel s’ensuivent. Sur 360 employés de Radio Prague en 1989, seuls un peu plus de 50 resteront, quatre ans après, ndlr.). »
En tant qu’auditeur, qu’est-ce qui vous a toujours plus intéressé ? Le côté technique en tant que radioamateur ?
« Non, c’est vraiment le contenu des programmes. D’ailleurs, dès que Radio Prague est passée sur Internet, j’ai abandonné l’écoute sur ondes courtes pour en avoir une meilleure qualité audio. Et cela me permet aussi d’avoir la liberté de vous écouter n’importe quand. »
A la différence donc de nombreux autres auditeurs qui, eux, ont regretté l’abandon des ondes courtes par Radio Prague en 2011…
« Pour moi, cela n’a rien chargé. Bien sûr, c’est dommage qu’il y ait eu l’arrêt des ondes courtes pour les personnes qui n’avaient pas les moyens d’écouter sur Internet. Sans connexion, on ne peut plus vous écouter… »
Vous n’êtes donc pas un passionné dans le sens où l’écoute de la radio se rapporte à avoir l’oreille collée au transistor ?
« Oui et non, car j’écoute toujours les radios qui diffusent en ondes courtes. Disons que quand le programme m’intéresse, je préfère écouter sur Internet pour avoir une meilleure qualité de son. »
Quel peut être, selon vous, l’avenir des stations internationales comme Radio Prague ?
« J’espère d’abord qu’elles auront un avenir, car on assiste petit à petit à leur disparition. Il faut l’espérer parce que, malgré l’Union européenne, en France par exemple concrètement, on parle très peu des autres pays, mis à part bien sûr les grands. Mais pour tous les autres pays européens… C’est pourquoi il est important d’avoir une station internationale. Si je veux savoir ce qui se passe en Tchéquie ou en Slovaquie, il n’y a que les stations internationales de ces pays, Radio Prague et Radio Slovaquie, pour avoir des nouvelles… »