80 ans de Radio Prague – Nos auditeurs se confient (III) : « La radio nous fait voyager dans nos têtes »
Ce mercredi 31 août, Radio Prague célébrera son 80e anniversaire. A cette occasion, nous vous proposons une série d’entretiens avec quelques-uns de nos auditeurs. Des auditeurs de longue date à la fois passionnés de radiodiffusion et par ce qui se passe dans le monde. Des gens pour qui la radio reste le média moderne qu’il était déjà il y a quatre-vingt ans de cela, un moyen aussi d’assouvir leur curiosité et de voyager via les ondes. Après Christian Ghibaudo et André Biot, passionnés respectivement d’histoire et de sport, c’est cette fois à Gilles Gautier, président du Radio Club du Perche, que nous avons donné la parole :
Quelles sont les stations que vous écoutez depuis ?
« C’est simple : j’écoute tout ce qu’il reste comme stations internationales, c’est-à-dire la Corée du Sud (KBS World Radio), la Slovaquie (Radio Slovaquie Internationale), le Vietnam (La Voix du Vietnam), la Chine aussi beaucoup (Radio Chine Internationale), un peu le Japon (NHK World), le Taiwan (Radio Taiwan Internationale), la Roumanie (Radio Roumanie Internationale) et la Turquie (La Voix de la Turquie). J’écoute les stations qui diffusent encore en français, et il faut bien dire qu’elles ne sont malheureusement plus très nombreuses… »
« Je n’ai pas vraiment de préférences. J’aime toutes les stations. La Slovaquie, je l’écoute comme Radio Prague sur Internet, mais on arrive aussi maintenant à les avoir sur ondes courtes (le 31 décembre 2010, Radio Slovaquie Internationale avait cessé ses émissions en ondes courtes, tout en poursuivant la diffusion par Internet, comme cela est également le cas pour Radio Prague depuis 2011. Finalement, Radio Slovaquie Internationale a repris ses émissions en ondes courtes en 2012, ndlr). J’apprécie aussi les émissions de Radio Prague, que je trouve assez complètes et intéressantes, car j’aime bien l’histoire et la géographie. Vous savez, je ne suis pas un technicien de la radio… Si j’écoute les stations internationales en ondes courtes, c’est pour m’informer et m’instruire. C’est tout ! »Gardez-vous un souvenir particulier de certaines émissions ?
« La première fois que j’ai écouté une émission, c’était sur un poste tout ce qu’il y a de plus basique, que toutes les familles avaient alors. C’était un poste sur lequel il y avait aussi un cadran pour les ondes courtes comme pour la FM et les ondes longues. La première station que j’ai captée, c’était la Bulgarie. La réception n’était pas très bonne, mais comme le grand-oncle de ma femme a vu que je m’intéressais aux ondes courtes, il m’a payé un poste. Cela a été une découverte, car je pouvais capter beaucoup mieux. J’ai commencé par l’écoute des pays de l’Europe de l’Est. Il y avait Radio Prague, la Russie, même si cette dernière était très spéciale avec des émissions très politisées… Mais bon, cela était vrai pour tous les pays de l’Est à l’époque, et c’est pour cette raison que je me suis alors tourné vers d’autres pays. »
Quel souvenir gardez-vous des émissions de Radio Prague et de la Tchécoslovaquie avant la révolution de 1989 ?
« Je ne veux pas généraliser, mais il y avait beaucoup d’informations politiques. Il y avait de l’antiaméricanisme, les pays de l’Occident étaient les mauvais… Bref, c’était un peu trop politisé, même s’il y avait aussi une partie culturelle dans les émissions. Disons que c’était saoulant d’entendre toujours plus ou moins les mêmes choses d’une station à l’autre. On sentait la mainmise d’un parti sur la radio. »Au moment des grands changements à la fin des années 1980, avez-vous été encore plus à l’écoute de ces stations ?
« Oui, et le changement a été flagrant ! Les programmes et les discours des stations… C’était tout autre chose. »
L’écoute de ces stations internationales vous a-t-elle donné envie de voyager dans tous ces pays ?
« Bien sûr. Les ondes courtes et les stations internationales nous font voyager grâce à notre imaginaire. Un auteur français a d’ailleurs écrit qu’un aveugle est un homme qui marche dans sa tête, et l’écoute de la radio, c’est un peu la même chose : on voyage dans nos têtes. »