A la découverte des textes inconnus de Jaroslav Hasek
« Un malheureux chef de police », c'est sous ce titre que sort ces jours-ci aux éditions Modry stul un livre de textes encore inconnus de Jaroslav Hasek, auteur des aventures du brave soldat Chveïk. On croyait déjà connaître tous les écrits du grand humoriste, mais il s'avère que chez un écrivain aussi extravagant que Jaroslav Hasek, il y a et il y aura probablement toujours quelque chose à découvrir.
Au cours de sa courte vie limitée par les dates 1883 et 1923, Hasek a écrit une impressionnante quantité de textes. Le professeur à la Sorbonne Xavier Galmiche dit à propos de cette surproduction littéraire :
«Nombre de récits, humoristiques, satiriques, parodiques, dont Hasek inondait la presse, comportent également des éléments autobiographiques. Il en écrivit 1200 en tout, improvisés hâtivement sans ambition littéraire, dans une perpétuelle course au cachet. Ils sont très inégaux, se contentant de l'humour conventionnel des almanachs populaires. Mais on y entrevoit déjà ce mélange unique d'expérience personnelle et d'écho de lecture, de réalité et de mystification, de sentimentalité et de cruauté, de rire et de sarcasme qui caractérisera son Chveïk. »
Aujourd'hui, tous les amateurs de Hasek et d'humour disposent donc d'un livre qui démontre que l'édition des oeuvres complètes de cet écrivain publiée sous le régime communiste ne doit plus être considérée comme définitive et qu'il y toujours quelque chose à y ajouter. Editeur du livre « Un malheureux chef de police », Petr Kovarik est un de ces chercheurs qui continuent à toujours rajouter de nouvelles facettes à l'image du grand humoriste.
« Je dois dire que c'est déjà le deuxième volume de contes et autres textes inconnus de Jaroslav Hasek que nous avons publié. Dans le premier livre il y avait des textes qui n'avaient pas pu paraître dans les oeuvres complètes de Hasek parce que, dans les années 1950 à 1970, ils n'étaient pas admissibles sur le plan idéologique. Ils avaient été donc censurés. Le livre s'intitule d'ailleurs « Quand les bolcheviques ont supprimé Noël ». En effet, Hasek a écrit un feuilleton qui commence par les mots «Le gouvernement bolchevique à Petrograd a supprimé Noël » et il poursuit la description de tout ce qui a été supprimé par les bolcheviques : la liberté de la presse, la liberté de la parole, etc. »
Dans le premier livre il y avait donc des textes censurés et donc inédits, mais en principe connus, tandis que le second livre, intitulé « Un malheureux directeur de police », réunit des contes et des textes récemment découverts. Il y a deux sources de ces découvertes. Petr Kovarik :
« J'ai examiné de nouveau tous les périodiques qui ont publié des articles de Hasek et il s'est avéré que les éditeurs précédents avaient omis quand même quelques articles. Et l'autre source dans laquelle j'ai puisé, ce sont les archives du Musée de Littérature nationale qui comportent d'immenses richesses. La recherche dans ces archives exige cependant un certain savoir-faire. Mais quand on cherche longtemps et avec beaucoup de patience, on arrive à y découvrir encore quelque chose. »
La presse est pleine d'allusions à la prolifération du crime organisé dans la politique sans que l'on parvienne vraiment à élucider toutes ses affaires dont certaines ne sont probablement que de fausses alertes et de simples provocations. Un autre ensemble de textes d'une grande actualité qu'on trouve dans le livre de Hasek, ce sont les feuilletons et les contes dans lesquels l'humoriste évoque les campagnes électorales de son temps et donne un tableau satirique des méthodes utilisées par les politiciens. Petr Kovarik :
« Comme on sait, Hasek a écrit « Histoire du parti du progrès modéré dans les limites de la loi », mais il se moque aussi dans d'autres textes des partis politiques et surtout de leurs efforts pour séduire les électeurs. Dans ce livre il y a plusieurs textes de ce genre et je crois qu'ils restent d'actualité comme si on les avait écrits aujourd'hui. »
Le livre est illustré de dessins de Josef Lada, ami de Hasek, qui a réussi à visualiser d'une façon géniale la verve humoristique de l'écrivain.