A Martigues, le cinéma tchèque à l’honneur
Du 15 octobre au 3 janvier, la petite ville de Martigues, dans le sud de la France accueille une manifestation intitulée Regards tchèques, dédiée au cinéma tchécoslovaque. Des projections de films, mais aussi une exposition d’affiches de cinéma des années 1960, ainsi que des rencontres sont prévues pendant toute la durée de ce festival. Pour parler de ce rendez-vous cinéma, Radio Prague s’est entretenue avec une des organisatrices, Eva Hejdová, une Tchèque installée en France depuis quelques années déjà.
Donc cette manifestation, Regards tchèques, est partie d’abord de cette exposition ?
« On a aussi montré les affiches au directeur du cinéma Renoir et qui a tout de suite proposé qu’on les expose à Martigues. »
D’où vient exactement cette collection ?
« En fait, c’est la collection de mon père que j’ai découverte il y a quelques années. Mon père, Jan Hejda, vit à Plzen, travaillait comme graphiste et designer pour les services de publicité de la ville de Plzen à l’époque communiste. C’est lui qui a collectionné toutes ces affiches dans les années 1960, 1970. C’est un grand amateur d’art. Il s’inspirait de ces affiches autant pour son travail de graphiste, que pour sa passion qui est la peinture. Sa collection compte environ 300 affiches de cinéma. »
Qu’est-ce qui fait selon vous l’originalité de l’art des affiches de cinéma tchécoslovaque des années 1960-1970 ?
« Par rapport à d’autres affiches de cinéma, celles-ci n’étaient pas du tout des affiches commerciales. C’était vraiment des affiches d’auteur, artistiques, des œuvres d’art à part entière. Ce n’était pas des affiches qui informaient, avec une photo d’un acteur et des informations. Le but de ces affiches était de susciter l’intérêt du spectateur mais avec un vrai travail artistique. C’était d’ailleurs souvent des artistes renommés qui les créaient. Cette création s’inscrivait dans un contexte socio-politique. Ces artistes ne pouvaient pas créer librement et ne pouvaient pas vendre leur art. La création des affiches leur procurait une certaine sécurité financière et ça leur a permis aussi d’exposer puisque les affiches étaient ensuite visibles dans les rues. Les années 1960 jusqu’au Printemps de Prague a été une époque très riche en termes de création artistique quelle qu’elle soit. »Qu’est-ce qui est prévu pour le public de Martigues autour de cette exposition ?
« Un des temps forts de cette manifestation, c’est une conférence de Pavel Rajčan, un des fondateurs des cinémas d’art et d’essai de Prague, le Světozor, l’Aero et Bio Oko. Il est aussi le gestionnaire d’une immense collection d’affiches tchèques. Donc c’est la personne qui peut bien présenter l’histoire et l’origine de ces affiches qui seront présentées à Martigues. »Passons à la programmation cinéma de ce festival Regards tchèques. Les cinéphiles de Martigues vont pouvoir découvrir une sélection de films de la Nouvelle vague tchécoslovaque… Quels films ont été choisis ?
« Les temps forts de cette manifestation, c’est donc l’exposition d’une centaine d’affiches d’artistes très connus, comme Grygar, Machálek… Autour de cette exposition est prévue une très belle manifestation de films de la nouvelle vague tchécoslovaque, comme Trains étroitement surveillés de Jiří Menzel, Les petites marguerites de Věra Chytilová, Qui veut tuer Jessie, de Václav Vorlíček, et Un jour un chat de Vojtěch Jasný. »
A côté de la nouvelle vague tchécoslovaque, une partie est dédiée au jeune public avec notamment un hommage au maître de l’animation tchèque, Karel Zeman…« Cinq de ses courts-métrages vont être présentés notamment. Karel Zeman était surnommé le « Méliès tchèque ». Le public pourra voir des films comme L’Arche de M. Servadac, Le Baron de Crac, Voyage dans la préhistoire. Autour de ces projections, il y aura des ateliers de cirque, de trucages au mois de novembre. »
Il n’y a pas de films tchèques récents dans la programmation, c’est un choix ?
« Le choix des films a été fait pour qu’ils correspondent à l’exposition qui est au départ de cette manifestation. Comme il s’agit essentiellement des affiches de cinéma des années 1960 et 1970, on voulait proposer quelque chose qui corresponde. »Il n’a pas encore commencé, donc c’est difficile à dire, mais quel est l’avenir du festival Regards tchèques ? Vous espérez continuer à l’avenir ?
« On aimerait bien. On a trouvé des partenaires qui nous soutiennent, qui sont très satisfaits : l’Ambassade et le Centre tchèques de Paris. Un des partenaires du festival sont les éditions Malavida qui rééditent des films tchèques. Ils font un travail formidable pour faire connaître le cinéma tchèque. Avec tous ces partenaires et en espérant que le succès soit au rendez-vous, on espère bien pérenniser ce rendez-vous. »