A Nový Bydžov, un musée dédié aux poupées d’antan et aux jouets rétro

Photo: Martina Schneibergová

Poupées de porcelaine, petits trains, poussettes et autres jouets au charme désuet sont à découvrir au Musée des jouets de Nový Bydžov. A l’origine de ce projet, un couple, Hana et Radek Stuchlík. RPI est allé à la rencontre de ces deux collectionneurs passionnés au début de l’année.

Musée des jouets de Nový Bydžov,  photo: GoogleMaps

Hana et Radek Stuchlík,  photo: Martina Schneibergová
Une heure et demie de train vous mènera de Prague à Nový Bydžov, une petite ville située à une trentaine de kilomètres de Hradec Králové. C’est là, dans une ancienne verrerie en bordure de la ville, que se trouve le Musée des jouets de Hana et Radek Stuchlík. Un espace original, reconverti, comme certains anciens sites industriels du pays, et que Radek Stuchlík connaît bien :

« Je suis de Nový Bydžov moi-même. Et j’ai d’ailleurs travaillé ici autrefois. Ici, on fabriquait des lustres en verre, ça s’appelait Jablonecké sklárny (Les verreries de Jablonec). Dans le bâtiment dans lequel nous nous trouvons, il y avait la cantine et la cuisine, ici la salle d’échantillons et dans les pièces autour, les locaux administratifs. Ces espaces nous appartiennent aujourd’hui. En bas, nous gérons un atelier protégé qui emploie 50 personnes. L’étage où nous sommes était vide, nous avons fait quelques travaux et on a rempli tout ça de jouets. »

La première salle du musée annonce « Rétro », et en effet, elle rassemble des jouets plus récents, mais déjà délaissés par les nouvelles générations, comme le précise Hana Stuchlíková :

Photo: Martina Schneibergová
« Les visiteurs adultes peuvent voir ici des choses avec lesquelles ils ont pu jouer étant petits. Et à côté de cela, les enfants disent parfois : ma maman, ma grand-mère avaient ce jouet-là. Certains parents en ont encore d’ailleurs à la maison. Par exemple, ici, ce sont des landaus de la marque Liberta, ils étaient fabriqués à Mělník dans les années 1970 et 1980. »

Car ce côté « rétro » est également un rappel de l’histoire : quand la Tchécoslovaquie était encore communiste, que les importations de jouets n’étaient pas légion, loin de là, hormis pour les privilégiés qui pouvaient se permettre d’acheter en devises dans les magasins d’État spéciaux appelés Tuzex. A côté de cela, la production locale de jouets était bel et bien existante, et le pays pouvait même se targuer d’une jolie tradition de manufacture de ces produits destinés aux enfants. C’est le cas notamment des jouets en bois ou en métal dont on trouve aujourd’hui des reproductions actuelles dans les magasins pour touristes à Prague notamment.

HS : « Ils ont souvent des membres flexibles. Les enfants tirent le jouet derrière eux avec une ficelle, et les personnages commencent à bouger. Beaucoup de ces jouets étaient fabriqués à Semily (nord de la Bohême, ndlr) dans la célèbre usine Tofa. Et en effet, ces jouets que l’on tire derrière soi sont toujours fabriqués aujourd’hui : il y a un regain d’intérêt pour ce type de produits. Les animaux mécaniques en métal ont un système interne qui leur permet d’être remontés avec une clé ce qui les anime. Ils étaient très populaires dans les années 1960. Vous pouvez voir des zèbres, des poules qui picorent, des grenouilles qui sautent, et même des coccinelles. »

Photo: Martina Schneibergová

Et en effet avec la mode du rétro remis au goût du jour, avec un soupçon d’ostalgie en prime, même les années 1980 redeviennent tendance. Et les jouets ne font pas exception.

Mais les objets exposés au Musée des jouets remontent encore bien plus loin l’horloge du temps. Ceux qui datent du début du XXe siècle, ou même au siècle précédent sont souvent de vraies pièces de collection. Des poupées de porcelaine de la période allant de 1850 à 1920 sont ainsi à découvrir, avec tous leurs accessoires, comme le décrit Radek Stuchlík :

Photo: Martina Schneibergová
« Il y a en effet les poupées, mais aussi tout le reste : les poussettes, les armoires, les cuisinières, les dînettes de porcelaine pour les poupées... Ensuite, nous avons essayé de trouver aussi d’autres accessoires comme des coussins par exemple pour compléter l’atmosphère. En ce qui concerne les très grandes poupées, c’étaient souvent déjà des objets d’exposition avec lesquels les enfants ne jouaient pas. Elles étaient chères et souvent assez lourdes. Elles servaient en quelque sorte d’image représentative de la famille pour les gens extérieurs. Aujourd’hui, on montrerait sa nouvelle télévision ! Les petites poupées servaient davantage au jeu, mais quand on voit souvent le bon état de conservation, on se rend compte que c’était assez exceptionnel. »

Les maisons de poupée très sophistiquées sont intéressantes à nos yeux contemporains parce qu’elles sont des répliques d’intérieurs d’époque : en version miniature, il est ainsi possible de se faire une petite idée de ce à quoi pouvait ressembler une cuisine de la Belle Époque, ou en tout cas quels types d’ustensiles on pouvait y trouver.

Photo: Martina Schneibergová

RS : « Ce sont donc des répliques de cuisines telles que les petites filles pouvaient en voir chez elles. C’est aussi le cas des cuisinières, comme l’une d’entre elles qui avait même des brûleurs fonctionnels. Les enfants pouvaient y faire chauffer de l’eau. C’était une manière pour eux de voir comment fonctionnait la maison, le foyer. Une façon d’apprendre quoi faire à l’avenir pour ne pas se brûler. C’est la même chose avec cette machine à coudre qui est également fonctionnelle : les petites filles pouvaient ainsi y coudre quelques points et réaliser un vêtement tout simple pour une de leurs poupées. »

Photo: Martina Schneibergová
Évidemment, à l’époque, on ne questionne pas l’attribution genrée des jouets : aux petites filles la future tenue du foyer, et donc l’apprentissage commence dès le plus jeune âge même avec le jouet le plus anodin en apparence. Aux petits garçons d’autres sortes d’amusements, comme, entre autres, les maquettes de petits trains dont le musée abrite un exemplaire remontant à il y a de cela un siècle.

A l’origine de ce musée, la passion de collectionneur de Radek Stuchlík, fan de motos anglaises :

RS : « Ma femme n’était pas ravie de cette collection, elle n’aime pas trop l’odeur de l’essence. Il était évident qu’il fallait qu’on trouve quelque chose qui lui plaise pour qu’elle ait également du plaisir à participer à des foires et ce type d’événements où on vend des antiquités. Nous avons pensé aux poupées et aux vieux landaus. Nous avons acheté notre toute première poupée et nous avons réalisé que ça nous plaisait à tous les deux. Alors on a continué. La collection s’est agrandie, que ce soit en nombre d’objets ou en termes de qualité. On trouvait ça dommage que tout soit caché au grenier donc on a eu l’idée de montrer ça au grand public avec un musée. Il a ouvert en décembre 2018, pendant un dimanche de l’Avent, histoire de faire une sorte de présentation. A l’origine, nous voulions ouvrir ensuite en été, à la saison touristique. Mais l’intérêt a été tel en décembre qu’on a décidé d’ouvrir dès le mois de janvier 2019. »

Le musée est actuellement fermé en raison de l’épidémie de coronavirus, mais dans le cadre du plan de déconfinement progressif du gouvernement tchèque, les institutions culturelles et notamment les musées devraient pouvoir rouvrir leurs portes à partir du 11 mai prochain.

https://www.muzeumhracekbydzov.cz/

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