A Ostrava, la lumière de la Norvège vue par l’œil des cameramen
Ce vendredi débute le festival Ostrava Kamera Oko, qui installé depuis sept ans déjà dans la cité industrielle de Moravie-Silésie, s’intéresse au travail des chefs opérateurs et cameramen. Cette année, le festival propose notamment un focus sur le cinéma plein de promesse venu des confins septentrionaux de l’Europe, avec des invités norvégiens. Il s’achèvera le 1er octobre. Radio Prague s’est entretenue avec Jakub Felcman, de l’équipe de programmation du festival. En guise d’introduction, il revient sur l’évolution de rendez-vous cinéma depuis ses débuts.
Cette année, vous faites l’ouverture du festival avec le film d’Arnaud Desplechin, Trois souvenirs de ma jeunesse et dont la directrice de la photographie est Irina Lubtchansky. Pourquoi ce film ?
« Tout d’abord, c’est parce que c’est le film préféré de tous les programmateurs. Nous l’avons vu pour la première fois au festival de Cannes, dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs. On suit avec attention la carrière d’Arnaud Desplechin. On a déjà projeté dans notre compétition son dernier film Jimmy P. Irina Lubtchansky est une des rares chefs opératrices européennes. Elle est la fille d’un grand chef opérateur, William Lubtchansky. La première année du festival, nous avions d’ailleurs programmé une rétrospective en hommage à William Lubtchansky. On a aussi projeté en 2010 un des films où Irina Lubtchansky a travaillé comme chef opératrice : Trente-six vues du pic Saint-Loup, de Jacques Rivette. Nous aimons vraiment beaucoup le travail d’Arnaud Desplechin et d’Irina Lubtchansky. Je pense que le film que nous avons choisi pour l’ouverture est un des plus beaux films français. Il va d’ailleurs sortir dans quelques semaines dans les salles de République tchèque. »Outre cette présence française, il y a aussi une belle présence des professionnels du cinéma venus du Nord, avec un focus sur la Norvège…
« On a créé un programme avec l’Association des chefs opérateurs norvégiens il y a deux ans. Cette année, trois ou quatre étudiants en caméra et quatre professionnels norvégiens vont venir à Ostrava. Ce qui est déterminant pour la qualité de la caméra, c’est la lumière. Cela change beaucoup selon les pays. Il y a une véritable école dans le Nord, en Norvège, en Suède et en Finlande. C’est quelque chose qui au contraire, n’est pas très présent en Europe centrale. Cela va nous permettre de faire un échange d’expériences : comment travailler avec la lumière spécifique des pays nordique et comment travailler dans les conditions de l’Europe centrale ? »Cela me fait penser à la question que je voulais vous poser. Après la Suède et le Danemark, peut-on dire que la Norvège est un peu le nouvel eldorado cinématographique ? On sait que le cinéma danois était très prisé ces dernières années et continue d’être très inventif. La Norvège serait-elle la relève ?
« Oui. Il y avait cette année, un film norvégien en compétition au festival de Cannes. C'était la première fois depuis une vingtaine d’années. Nous, ce qui nous intéresse vraiment, ce sont toutes les cinématographies venues du Nord à cause du côté visuel, du travail avec la lumière. En effet, il y a d’abord eu le Danemark ou la Suède pour les cinémas que l’on connaît. Peut-être que maintenant, c’est le départ d’une vague norvégienne. »A noter que le cinéma Pilot du quartier de Vršovice à Prague proposera du 8 au 11 octobre un récapitulatif des films norvégiens projetés au festival, avant de fermer ses portes pour reconstruction.