A Prague, les transports en commun face à une pénurie de conducteurs
Depuis le début de la nouvelle année et jusqu’à ce vendredi, les sociétés chargées de l’exploitation des transports en commun à Prague n’assurent qu’un service limité, semblable à celui des périodes de vacances scolaires. En cause : la pénurie de conducteurs.
Depuis quelque temps déjà, Prague possède un des meilleurs systèmes de transports en commun en Europe. Ce système lui a d’ailleurs valu, en 2017, d’être classée comme la cinquième ville au monde la plus durable en matière de mobilité (cf. : https://www.arcadis.com/en/global/our-perspectives/sustainable-cities-mobility-index-2017/), derrière Hong-Kong, Zurich, Paris et Séoul, mais devant Vienne, Londres, Singapour, Stockholm et Francfort, les autres villes qui apparaissaient dans le Top 10.
Sans être remise en cause, la qualité de ces services pourrait être menacée dans un proche avenir par la pénurie de conducteurs de métro, tramway et autobus. Porte-parole de la société publique Dopravní podnik hlavního města Prahy (DPP), qui dépend de la municipalité, Aneta Řehková nous donne une idée de l’ampleur du problème :
« Notre société emploie actuellement 4 230 conducteurs. Nous avons augmenté le nombre de formations et des différents avantages que nous proposons à nos employés, notamment pour favoriser l’embauche. Malgré cela, il nous manque environ 8 % de conducteurs supplémentaires pour prétendre disposer des effectifs nécessaires pour remplir notre mission. »DPP offre pourtant à ses nouveaux employés un salaire à l’embauche de 35 000 couronnes (1 370 euros) et un contrat à durée indéterminée, auxquels s’ajoutent différents avantages comme des abandonnements aux transports à des tarifs réduits pour les membres des familles des employés, une contribution au régime complémentaire de retraite ou encore des chèques-restaurants.
Malgré cette politique, non seulement le nombre de conducteurs est insuffisant, mais ceux qui sont sous contrat ont déjà effectué le nombre maximal d’heures supplémentaires. C’est d’ailleurs ce qui explique que le réseau des transports en commun ne tourne pas à plein régime durant les deux premières semaines de cette année, comme le confirme Filip Drápal, porte-parole de Ropid, la société en charge de la planification du réseau des transports en commun de Prague :
« Soit les conducteurs ont pris leurs congés ou récupèrent des jours de repos après une fin d’année dernière traditionnellement très chargée, soit ils ne peuvent plus faire d’heures supplémentaires. Pour nous, le mois de janvier est une période idéale pour réduire la circulation, car la diminution du nombre de voyageurs est la plus importante. »Depuis le 2 janvier, les passages des lignes de métro, de tramway et d’autobus sont donc espacés de quelques minutes supplémentaires partout à Prague avec des horaires qui sont ceux appliqués durant les périodes de vacances. Cette situation, pas nouvelle et qui prévaut également dans les régions, s’explique notamment par le faible taux de chômage dans le pays (3,5 % en novembre dernier).