Presse : les transports publics pragois plébiscités par les habitants

Le niveau de qualité élevé des transports publics à Prague et la volonté des Tchèques de faire des économies sont les deux premiers sujets au sommaire de cette nouvelle revue de presse. Le cabinet tchèque arrive-t-il à communiquer avec la population ? Une question qui sera également abordée. Notre magazine se fera également l’écho des réactions tchèques aux récents propos du président français Emmanuel Macron.

Selon une recherche effectuée par le magazine Time Out qui a évalué le niveau de qualité et différents aspects relatifs aux transports en commun dans une cinquantaine de métropoles mondiales, Prague arrive en deuxième position, derrière Berlin. L’occasion pour le chroniqueur du site akualne.cz de constater :

« Près de 96 % des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête sur les transports publics à Prague se sont disent très satisfaits. Malgré cet atout dont Prague peut se targuer, on voit chaque jour combien la ville est bondée, avec des voitures coincées dans des embouteillages et qui peinent à trouver une place de parking libre, car le centre-ville n’en possède pas suffisamment. »

Pourquoi donc y a-t-il toujours tant de personnes qui préfèrent la voiture au tramway, au bus ou au métro ? Le chroniqueur propose une réponse :

« Se déplacer en ville en voiture semble constituer pour beaucoup de ceux qui y sont habitués une sorte de confirmation de leur statut social. Utiliser les transports publics serait alors perçu comme un déclassement, un sentiment plus désagréable que celui que représente un embouteillage. Modifier cette manière de penser sera difficile. Il s’agit d’un défi que probablement seules les prochaines générations auront à relever. »

Les Tchèques économisent et font des réserves

A l’heure actuelle, les Tchèques économisent plus que les autres Européens, selon un article mis en ligne sur le site Seznam Zprávy :

Photo illustrative: Barbora Němcová,  Radio Prague Int.

« Pendant la récession économique, la population tchèque, contrairement aux prévisions, s’est enrichie. Au cours du deuxième trimestre de l’année écoulée, les ménages ont fait des dépôts bancaires équivalant à 22% de leurs revenus. Un bilan sans commune mesure avec d’autres pays d’Europe. Une tendance qui a toutefois de quoi inquiéter les économistes, car elle risque de freiner la croissance économique. »

D’où vient cette volonté des Tchèques de faire des économies ? Selon Seznam Zprávy, la réponse n’est pas univoque. D’une part, elle correspond à la mentalité tchèque. D’autre part, elle est due à la hausse radicale des prix causée par la crise énergétique qui a motivé les gens à se faire, par précaution, des réserves. Le texte prédit :

« A partir du printemps les Tchèques voudront de nouveau dépenser davantage. Toutefois, la baisse du taux d’épargne des ménages ne sera pas rapide. Dans cette logique, le retour de la prospérité en Tchéquie sera tout aussi lent. »

Communiquer avec la population, une mission difficile pour le cabinet Fiala

Il y a une chose que l’ancien Premier ministre Andrej Babiš, leader du mouvement ANO, savait faire plus que tout autre politicien tchèque : s’adresser aux masses. Une chose, comme l’indique le quotidien Hospodářské noviny, que le chef de gouvernement actuel Petr Fiala devrait également apprendre :

Petr Fiala | Photo: Bureau du Gouvernement tchèque

« En rencontrant les gens, Andrej Babiš cherchait avant tout à les manipuler.  Il a néanmoins montré qu’entre les hauts représentants et les citoyens, il n’y avait pas de fossé. Et, avec ses vidéos ‘Ciao, les gens’ sur Youtube, il a réussi à s’infiltrer dans les ménages tchèques. Les sondages confirment que pour les Tchèques un contact direct avec les politiciens est très important, un point dont dépend dans une grande mesure le succès électoral de tel ou tel candidat. »

Où en sont les représentants des partis de la coalition gouvernementale ? s’interroge ainsi l’éditorialiste du quotidien économique avant de répondre :

« Petr Fiala et les quatre autres leaders des partis gouvernementaux sont arrivés au pouvoir dans une situation difficile qui a soulevé toutes sortes de questions brûlantes, sources majeures d’inquiétude pour la population. En septembre dernier, le chef du gouvernement a prononcé un discours télévisé plein de promesses avant de renchérir avec celui du Nouvel an. Depuis, plus rien. Cet hiver s’est plutôt bien passé, car les marchés énergétiques mondiaux se sont calmés. Toutefois, la confiance du public envers le cabinet de Petr Fiala a tendance à baisser, car le taux d’inflation élevé et la vie chère persistent. D’autant plus que les dirigeants restent silencieux au lieu de donner des explications ou de présenter des démarches pertinentes. Les représentants du gouvernement  ne semblent pas, hélas, maîtriser l’art de la communication. »

Evidemment, cette crise profite aux extrémistes et aux populistes qui misent sur le mécontentement de la population. La situation pourtant, comme l’observe l’éditorialiste de Hospodářské noviny, n’est pas encore dramatique :

« Le cabinet de Petr Fiala peut toujours compter sur ses électeurs démocratiques qui saluent la fin du gouvernement populiste ANO, ainsi que le soutien accordé actuellement à l’Ukraine. Mais cela ne va pas forcément durer. La classe moyenne dans l’espace urbain n’est pas la seule à perdre la patience. »

Un écho des propos du président français dans la presse tchèque

Les récentes initiatives diplomatiques du président français ont eu un fort retentissement également dans la presse tchèque. « Macron a raison. L’Europe doit voler de ses propres ailes », titrait, par exemple, une note publiée dans le quotidien Deník.

Emmanuel Macron | Photo: Ambassade de France à Prague

« L’agression russe contre l’Ukraine a montré que l’Union européenne, la plus grande économie au monde, était un nain militaire et diplomatique. Sinon, elle aurait pu affronter toute seule l’agression de la Russie. Un pays dont le nombre d’habitants est inférieur d’un tiers par rapport à l’ensemble de la population européenne et dont l’efficience économique n’atteint que près d’un huitième de celle de l’Union européenne. Mais la théorie des chiffres est une chose, la réalité en est une autre. Sans l’aide militaire des Etats-Unis et en dépit de son héroïsme indiscutable, l’Ukraine aurait probablement eu du mal à se défendre. L’Europe aide l’Ukraine sur le plan économique et par le biais des sanctions contre la Russie, mais sur le plan militaire, c’est un échec. Avec ses armées sous-financées et mal équipées, elle n’était pas préparée à l’agression russe. »

L’initiative du président français Emmanuel Macron qui invite l’Europe à une certaine autonomie est donc justifiée, selon l’éditorialiste de Deník. « Et si jamais elle finit par s’accomplir, l’Europe ne doit pas être en opposition aux Etats-Unis, les deux étant des garants de la liberté et de la démocratie », a-t-il encore ajouté.

Covid-19 : la tête dans le sable ?

Selon une décision prise par le gouvernement tchèque, le Covid-19 représente désormais une maladie courante, bien que dangereuse. Ainsi, il a été rayé de la liste des maladies dont la propagation volontaire constitue un acte criminel. Le quotidien Lidové noviny remarque :

Source:  Omni Matryx,  Pixabay,  CC0 1.0 DEED

« C’est une démarche raisonnable qui correspond à la situation actuelle. Cela dit, on a peut-être affaire à l’enterrement précoce d’une épidémie qui peut avoir des retombées néfastes sur la société tchèque. Certes, les variants actuels qui agissent comme une ‘petite grippe’ ne méritent pas une attention accrue. Il existe cependant une menace réelle d’apparition d’un nouveau variant ou même d’un nouveau virus ».

L’éditorialiste du journal fait part des spéculations qui concernent l’origine du Covid-19 et qui divisent les communautés scientifiques et les services de renseignement. Et qui soulèvent également toutes sortes de questions dont celle de savoir, par exemple, si l’Etat est préparé à se défendre face à la possibilité d'attaques virologiques par des organisations terroristes. Le débat public autour de ces questions reste faible :

« Les gens et les politiques ne veulent plus parler du Covid-19, et préfèrent enfouir la tête dans le sable. Mais c’est une stratégie extrêmement risquée qui peut être la cause de nombreux malheurs à l’avenir. »