A Strasbourg, six mois pour « rencontrer » la culture tchèque

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La manifestation « Rencontrez la culture tchèque », ce n’est rien de moins que six mois de festivités à Strasbourg, organisés dans le cadre de la présidence tchèque du Comité des ministres du Conseil de l'Europe. En Alsace, Radio Prague a rencontré Lucie Nešporová, l'attachée culturelle à la représentation permanente tchèque auprès du Conseil de l'Europe. Elle nous a présenté le programme de cette saison tchèque qui se déroule à Strasbourg jusqu’en novembre prochain.

« Ce programme culturel veut promouvoir la République tchèque et sa culture à Strasbourg, étant donné que tous les six mois, un pays préside le Comité des ministres du Conseil de l’Europe. A cette occasion, nous avons l’habitude de présenter notre culture, justement avec un programme culturel afin que les Strasbourgeois puissent faire connaissance avec notre culture avec nos événements et nos artistes. »

Parce que cela s’appelle « Rencontrez la culture tchèque ». Pensez-vous les Strasbourgeois ne l’ont pas encore rencontrée, qu’ils ne la connaissent pas ?

« Si, je pense que les Strasbourgeois ont une notion de la culture tchèque. Finalement, la République tchèque n’est pas tellement loin, elle se trouve à 400 km de Strasbourg. Donc je pense quand même qu’on connait bien les auteurs tchèques, les écrivains tchèques, Miloš Forman, Milan Kundera... Tous ces gens sont connus partout dans le monde. Il s’agit plutôt de présenter un peu plus de notre culture aux gens qui vivent ici. »

Dans la brochure éditée à l’occasion de cette saison tchèque, M. Emil Ruffer, l’ambassadeur et le représentant permanent de la République tchèque auprès du Conseil de l’Europe, parle de l’aspect cosmopolite ou en tout cas divers de la culture tchèque : avec Mozart à Prague, Kafka qui était Juif allemand, Milan Kundera qui vit en France et Miloš Forman émigré aux Etats-Unis… C’est cela que vous avez voulu montrer à travers les événements que vous proposez dans ce programme ?

« Tout à fait, nous tenons à présenter ou à promouvoir les auteurs, les artistes qui sont déjà assez connus mais également ce qui n’est pas assez connu. Par exemple, le 6 juin dernier, nous avons présenté un groupe d’origine tzigane, Gipsy.cz, et je trouve que cela a vraiment été un grand succès parce que la culture, ce n’est pas seulement ce qui est absolument ‘tchèque’ mais c’est tout ce qu’on peut proposer des gens qui viennent de République tchèque. »

Gipsy.cz, c’est l’aspect musical de votre programmation et il y a d’autres événements musicaux…

« Il y a un autre concert prévu pour le 25 juin : on a invité le Janáček Trio pour proposer les œuvres de compositeurs tchèques d’origine juive dont le répertoire a été influencé par les événements de la Deuxième Guerre mondiale. Le festival ‘Rencontrer la culture tchèque’ a également l’ambition de montrer que nous sommes capables de collaborer avec des artistes locaux. Voilà pourquoi ce concert sera accompagné d’une lecture musicale proposée par la troupe de théâtre Rodéo d’âme. Elle présentera les écrits d’un jeune auteur juif tchèque, Hanuš Hachenburg, décédé au camp de concentration d’Auschwitz. Ces textes, écrits dans le ghetto de Terezín et à Auschwitz, viennent d’être redécouverts en République tchèque comme en Alsace. »

Le festival met aussi en avant l’artisanat tchèque, de la verrerie notamment, avec un lien avec l’art contemporain…

« Nous organisons une exposition de bijouterie tchèque qui, finalement, n’est pas vraiment connue des Français et qui a une très longue tradition en République tchèque. Cette exposition a du succès, les visiteurs sont souvent surpris par le fait qu’ils peuvent acheter des œuvres d’artisans-bijoutiers tchèques à des prix tout à fait abordables. Une autre exposition, organisée en partenariat avec la Haute école des arts du Rhin de Strasbourg, présente les travaux du verrier Petr Stanický et de ses élèves tchèques qui lient l’artisanat du verre à l’art expérimental. »

Enfin, il y aussi une dimension historique, avec de l'histoire contemporaine et des expositions sur la Charte 77 et sur Václav Havel. Vous pouvez nous en dire un mot ?

« Le programme culturel est à chaque fois lié aux priorités de la présidence du Comité des ministres. Comme c’est l’Etat de droit qui est au cœur de la présidence tchèque du Conseil de l’Europe, nous avons tenu à rappeler l’importance du mouvement de la Charte 77, dont le message demeure d’actualité. Voilà pourquoi nous avons présenté une exposition sur ce thème au Palais de l’Europe. C'est une exposition qui a été très appréciée et nous avons eu le plaisir d'accueillir le ministre de la Culture tchèque. Je crois que les gens ici sont au courant de ces événements, de l'importance de ce mouvement et tout le monde connaît Václav Havel. Je pense qu'il est très important de rappeler de temps en temps ces choses-là. »