« L’exclusion de la Russie a remis le Conseil de l’Europe au centre de l'attention »
Entretien avec Petr Válek, ambassadeur de la République tchèque auprès du Conseil de l'Europe.
C’est une nuance de couleurs à peine perceptible entre deux dalles de béton qui symbolise un changement brutal dans les relations internationales : devant le bâtiment strasbourgeois du Conseil de l’Europe, le drapeau russe a disparu, tout comme son mât et le trou en trop a été recouvert d’une nouvelle dalle.
Le Conseil de l'Europe, basé dans la préfecture du Bas-Rhin, est confronté à des défis majeurs dans la période récente. En mars dernier, après avoir envahi l'Ukraine, la Russie a été exclue de cette organisation, dont la Tchécoslovaquie a fait partie en 1991 avant que la République tchèque ne l'intègre en 1993 en tant qu'État nouvellement indépendant. Petr Válek est ambassadeur de la République tchèque auprès du Conseil de l'Europe depuis l'année dernière. Dans cet entretien accordé en français à Radio Prague International, il a commencé par expliquer si sa mission était actuellement particulièrement difficile dans cette institution qui compte désormais non pas 47 mais 46 Etats membres :
Petr Válek : « Oui, peut-être difficile, mais pendant ma carrière j’ai passé beaucoup de temps à m’occuper de diplomatie multilatérale et c’est vraiment une profession que j’adore. Chaque jour est différent avec des sujets très variés et je suis très heureux d’être ici. »
RPI : Les Tchèques sont maintenant plus familiarisés avec le fonctionnement de l’UE, d’autant que la Tchéquie préside actuellement le Conseil de l’UE. Le Conseil de l’Europe reste en revanche plus méconnu. Est-ce difficile d’expliquer son fonctionnement et ce fonctionnement a-t-il radicalement changé depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février dernier ?
« C’est très intéressant de constater à quel point la République tchèque a changé pendant cette année en devant un membre de l’UE très concentré sur les affaires européennes à Bruxelles. Il me semble que souvent le Conseil de l’Europe est un peu oublié et il est un peu de mon devoir en tant qu’ambassadeur de promouvoir cette institution en Tchéquie. »
« L’exclusion de la Fédération de Russie a peut-être mis davantage le Conseil de l’Europe au centre de l’attention des citoyens européens et je pense que l’institution a ainsi démontré qu’elle était une organisation avec une raison d’être. »
Avant cette exclusion de la Russie, les délégués russes au Conseil de l’Europe étaient-ils des partenaires avec lesquels vous pouviez mener un certain dialogue ou pas du tout ?
« La délégation tchèque a coopéré avec toutes les délégations du Conseil de l’Europe, y compris les diplomates russes. Il est très difficile de savoir si les diplomates russes sont réellement d’accord avec les décisions du gouvernement russe, mais après l’invasion de l’Ukraine nous avons rompu toutes les relations. Ce n’est simplement pas possible de mener des négociations avec la délégation d’un Etat qui a commis un crime d’agression sur un autre Etat-membre. »
Le conflit entre deux autres Etats-membres - Arménie et Azerbaïdjan -, le litige sempiternel entre Prague et Vaduz et d’autres sujets sont discutés avec Petr Válek dans l'entretien en anglais disponible ici : https://english.radio.cz/