Accusé d’agressions sexuelles, le député-influenceur Dominik Feri démissionne

Dominik Feri

Personnalité parmi les plus en vue sur la scène politique tchèque, Dominik Feri (du parti conservateur TOP 09) a démissionné de ses fonctions de député, mardi, quelques heures seulement après la publication d’articles dans lesquels il est accusé d’agressions sexuelles. Très suivi sur les réseaux sociaux, le jeune politique de 24 ans au style excentrique était devenu un personnage très influent ces dernières années.

Les révélations ont commencé le 17 mai. Sur Twitter, un compte anonyme s’interroge : « Pourquoi les agressions sexuelles de [Dominik] Feri ne sont-elles pas plus médiatisées ? »

Commence alors une série de témoignages, que les journalistes du quotidien indépendant Deník N et du média en ligne A2larm.cz recueillent et vérifient. Dans un article publié mardi 25 mars, plusieurs femmes accusent Dominik Feri de diverses agressions sexuelles, dont une de viol comme le rapportent les deux médias :

« Il est monté dans ma douche et a commencé à exiger une relation sexuelle. Il m'a poussé. L'espace était petit et je ne pouvais pas partir car il bloquait la sortie. […] En fin de compte, il l'a fait contre ma volonté et bien que j'ai clairement dit non à plusieurs reprises. Je ne voulais pas coucher avec lui, et il l'a fait. »

Les faits relatés auraient eu lieu entre 2015 et 2020. Dominik Feri suivait alors des cours de droit à l’Université Charles de Prague – y compris après avoir été élu député en 2017. Selon ses camarades de classe, le comportement de Dominik Feri était « un secret de Polichinelle ».

Un député remarqué

Dès leur publication, les articles ont fait beaucoup de bruit. Car Dominik Feri n’est pas un député comme les autres. A la fois plus jeune député de l’histoire de la République tchèque et premier métis à siéger au Parlement, il s’était fait rapidement remarquer par son style à part.

Membre du parti conservateur TOP 09, Dominik Feri est très populaire auprès des jeunes. Il est notamment très suivi sur Instagram, plateforme sur laquelle il rassemble plus d’un million d’abonnés. Nous lui avions d’ailleurs consacré un portrait il y a quelques semaines.

Des réactions qui oublient souvent les victimes …

Dominik Feri | Photo: Michaela Danelová,  ČRo

C’est donc sans surprise sur son réseau social favori qu’il a annoncé, mardi soir, sa démission :

« J’ai toujours souhaité faire de la politique autrement, sur la base de la responsabilité personnelle. Je veux donc maintenant montrer l’exemple. Je vais démissionner de mon mandat de député et je ne participerai pas aux élections législatives de cet automne. Je ne veux pas que des mensonges et des articles manipulés dans la presse atteignent mes proches ou mes collègues. Je me défendrai au tribunal. C’est un honneur de vous avoir servi et d’avoir été votre représentant. »

Un scandale de cet ordre n’est pas courant en République tchèque où, à la différence de nombreux autres pays, la libération de la parole via le #MeToo n’avait pas eu de retentissement majeur.

Le ministre des Affaires étrangères, le social-démocrate Jakub Kulhánek, a vivement réagi sur Twitter en déclarant : « J’espère que ma fille ne rencontrera personne comme Feri lors d’une fête ». Du côté des alliés politiques de Dominik Feri, les réactions sont plus partagées. La priorité a été de saluer la démission immédiate de Dominik Feri, si bien que certains ont oublié d’avoir un mot de compassion pour les femmes qui ont témoigné.

Miroslav Kalousek, co-fondateur de TOP 09, a remercié Feri « pour son attitude »  et son sens de la « responsabilité », « sans pleurnicherie ».  La présidente de TOP 09, Markéta Pekarová Adamová, a elle déclaré que « la présomption de culpabilité s'applique aux politiciens, et [qu’elle l’a] personnellement toujours réclamée ». « Je voudrais donc le remercier pour sa décision de démissionner de son poste de député et de ne pas se présenter aux prochaines élections », a-t-elle conclu.