Affaire de la privatisation de MUS : la justice suisse décide de ne rien accorder à l’Etat tchèque
Plus de dix ans après, l’affaire de la privatisation de la société minière de Most (Mostecká uhelná společnost, MUS), une des plus grandes sociétés minières tchèques, continue de faire couler beaucoup d’encre, et dernièrement vendredi. En effet, le Tribunal pénal fédéral (TPF) de Bellinzone, en Suisse, a décidé qu’aucun dommage ne serait versé à l’Etat tchèque malgré l’escroquerie établie par la justice dont elle a été victime. Le verdict n’est pas passé inaperçu en République tchèque, et pour cause : les quelques 660 millions de francs suisses saisis par les enquêteurs devraient revenir à la Confédération.
Mais plus que la condamnation des principaux protagonistes de l’affaire, et compte tenu des montants astronomiques en jeu, c’est la décision de ne rien reconnaître à l’Etat tchèque qui a suscité l’attention vendredi, et le mécontentement de Karolina Zelenková, une des avocates des anciens managers de MUS :
« Pour le tribunal, ce n’était nullement une question de justice. Il s’agissait plutôt tout simplement de confisquer plusieurs milliards de couronnes au profit de l’Etat suisse. »Au micro de la Télévision tchèque, la procureure fédérale Graziella De Falco Haldemann a néanmoins affirmé que tout n’était pas encore perdu pour la République tchèque :
« Concernant la République tchèque, nous avons été surpris d’apprendre qu’il n’y a pas eu de restitution directe à la République tchèque. Par contre, il faut le relever, la République tchèque a été considérée comme lésée dans le cadre de cette procédure et elle aura la possibilité de réclamer son préjudice par d’autres voies, notamment par celle de l’entraide. Il faut rappeler que la République tchèque a déjà présenté une demande allant dans ce sens à la Suisse. »
La décision du TPF de confisquer une grande partie des valeurs saisies n’a toutefois pas surpris outre mesure les autorités tchèques, ne serait-ce qu’officiellement. C’est du moins ce qu’affirmait Roman Pečenka, représentant du ministère des Finances :
« Nous considérons que le plus important est que le tribunal ait constaté univoquement que la République tchèque a été victime d’un préjudice relativement important. Parallèlement, il a nous a laissé différentes possibilités pour obtenir réparation lors des prochaines procédures. »
Cette procédure future devrait donc être une procédure civile. L’affaire devrait donc être jugée une nouvelle fois, et le ministère tchèque des Finances, à l’image de son ancien chef controversé Miroslav Kalousek, se montre relativement confiant sur son issue. Sans oublier qu’une procédure est aussi toujours en cours en République tchèque.