Alfons Mucha - un peintre entre la politique et la spiritualité
Une oeuvre inconnue d'un peintre célèbre - c'est ce que'ils peuvent voir, jusqu'au mois de septembre, les visiteurs de la Maison municipale de Prague. On y expose les panneaux conçus par le peintre Alfons Mucha pour l'Exposition universelle de 1900 de Paris ainsi que Le Pater, célèbre recueil d'estampes par lesquelles Mucha a illustré la célèbre prière chrétienne.
Le résultat de ces travaux est donc une évocation un peu féerique de l'histoire de la Bosnie réunissant tous les traits du style de l'artiste considéré comme un des créateurs de l'art nouveau - contours forts et sinueux, courbes sensuelles, élégance de la ligne, coloris fins. Le Pater qu'on peut voir dans la seconde partie de l'exposition, était un thème choisi par Mucha pour s'imposer dans un genre religieux et mystique. Loin d'être une simple illustration de la prière il a permis au peintre de puiser dans sa vie spirituelle et son penchant pour le mysticisme et l'occultisme. Mucha était marqué non seulement par le catholicisme de son enfance mais aussi par les courants spirituels de son époque comme lae théosophie. Il organisait dans son atelier parisien des séances de spiritisme et d'hypnose et est entré, en 1898, dans la franc-maçonnerie. Tout cela se reflète aussi dans Le Pater, un livre calligraphié et orné de nombreuses estampes regorgeant de symboles et évoquant l'ascension difficile de l'âme humaine vers la lumière de Dieu. Ainsi, l'exposition de la Maison municipale devient une sorte de confrontation entre les tendances décoratives des panneaux de la Bosnie avec l'art plus ambitieux du Pater se nourrissant dans les profondeurs de la spiritualité.
Paris 1900. Parmi les pavillons de l'Exposition universelle on peut voir aussi celui de la Bosnie-Herzégovine. Les murs intérieurs de cet édifice qui fait partie de la présentation de la Monarchie austro-hongroise, sont ornés de panneaux gigantesques en toile qui retracent le passé de la Bosnie. Les scènes inspirées par les légendes bosniaques, les temps préhistoriques, l'Empire romain, l'arrivée des Slaves, la coexistence des chrétiens et des musulmans défilent sur les murs. Au milieu de tout cela on voit une personnification de la Bosnie, une jeune femme d'une beauté très « fin de siècle », trônant au milieu des lauriers et des roses blanches. Cherchant à justifier par ce pavillon l'occupation militaire de la Bosnie, l'Autriche-Hongrie a confié ce travail au peintre tchèque vivant à Paris, Alfons Mucha. Pour être à la hauteur de la tâche, Mucha s'est rendu plusieurs fois dans les Balkans où il a étudié les paysages, les physionomies des habitants et les vieilles légendes. Slavophile passionné, il aurait aimé peindre aussi quelques scènes évoquant la souffrance des Slaves et leur lutte pour la liberté, mais ces projets ont été éliminés par les superviseurs autrichiens.