André Glucksmann : « Le Traité de Lisbonne, une bureaucratie nécessaire »
Suite et fin de l’entretien avec le philosophe français André Glucksmann, invité de la conférence internationale Forum 2000 qui s’achève ce mardi. Radio Prague a profité de sa présence pour lui demander ce qu’il pensait de l’actualité tchèque, marquée par le refus de Václav Klaus de ratifier le Traité de Lisbonne, et pour l’interroger sur ce qu’il pensait du renoncement de Barack Obama au projet de bouclier antimissile en Europe centrale, qui a été interprétée en République tchèque par certains comme un abandon du pays à la Russie :
On parle beaucoup ces derniers temps du président Václav Klaus qui refuse de signer le Traité de Lisbonne. Que vous inspire cette méfiance vis-à-vis de l’Union européenne qui pourrait représenter une alternative, en tant que puissance, à la Russie ?
« L’UE a beaucoup pour décevoir, mais son problème n’est pas le Traité de Lisbonne. Il est bon que vous ayiez une bureaucratie un peu cohérente et c’est ça le Traité de Lisbonne. C’est une bureaucratie minimale par rapport à tout ce qu’on a connu. Il y a moins d’employés à Bruxelles que d’employés à la mairie de Paris pour la ville. Ce n’est pas très grave comme bureaucratie, mais il vaut mieux que ce soit bien organisé et qu’il y ait quelqu’un pour décrocher le téléphone quand on appelle. C’est ça le Traité de Lisbonne, c’est rien d’autre. Et là, je crois que Václav Klaus a tort, sérieusement. Par contre s’il demandait : ‘pourquoi l’Europe ?’, il aurait raison. Parce que, par exemple, l’Europe devrait défendre son indépendance énergétique. Et qui menace l’indépendance énergétique ? C’est la Russie, qui a fait les chantages dont on se souvient. Là, l’Europe pourrait servir à quelque chose. »