Rétro 2009 (2e partie)

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Bonjour à toutes et à tous, nous vous présentons tout d’abord de nouveau nos meilleurs vœux de bonheur et de santé pour 2010 et vous souhaitons la bienvenue à l’écoute de cette émission spéciale du Jour de l’An, seconde partie de notre rétrospective de l’année 2009. Dans la première partie, diffusée pour la Saint-Sylvestre et consacrée aux six premiers mois, il a été question essentiellement de la présidence tchèque de l’UE mais aussi de la chute de la coalition gouvernementale dirigée par Mirek Topolánek.

Après avoir passé le relais à la Suède le 1er juillet, la République tchèque aborde donc cette seconde moitié de l’année avec un bilan mitigé pour ce qui est de sa présidence de l’UE, et un nouveau Premier ministre, Jan Fischer, placé à la tête d’un gouvernement intérimaire d’experts censé mener le pays à des élections législatives anticipées à l’automne. Seulement voilà, après un été plutôt calme, période de vacances généralement plutôt pauvre au niveau de l’actualité que les journalistes tchèques ont l’habitude d’appeler « la saison des cornichons », la rentrée se passe en fanfares : elle est d’abord marquée par l’annulation de ces élections anticipées. Le 15 septembre, Radio Prague vous annonce la nouvelle :


La crise politique, apparue en mars avec le renversement du gouvernement de Mirek Topolánek, se poursuit donc. D’abord prévues les 9 et 10 octobre, puis envisagées début novembre, les élections législatives ne se tiendront en effet finalement pas en 2009, la Chambre des députés ne s’étant pas autodissoute, empêchant ainsi la tenue du scrutin. Rappel des faits avec ce papier diffusé le 16 septembre :


Mais mettons entre parenthèses la confusion sur la scène politique, car dès le lendemain, le 17 septembre, c’est une autre information qui devient le centre d’intérêt de tous les médias tchèques :


Depuis Washington, Barack Obama annonce donc la nouvelle de l’abandon du projet de système de défense antimissile américain en Pologne et en République tchèque. Un projet évoqué depuis plusieurs années et promu par l’administration Bush qui devait comprendre l’installation d’intercepteurs de missiles en Pologne et d’un puissant radar sur le sol tchèque, à une petite centaine de kilomètres de Prague. Un projet auquel une majorité de la population tchèque était opposé, pourtant, la décision américaine n’enchante pas tout le monde, comme nous l’explique Alena Gebertová dans une revue de presse diffusée le 18 septembre :


Et ce n’est pas tout, car septembre a décidément été un mois marqué par une riche actualité, et pas seulement politique :


Le 28 septembre, jour de la saint Venceslas, patron de la nation, s’achève la première visite, longue de trois jours, du pape Benoît XVI en République tchèque. Avant son arrivée, nombreux étaient ceux dans le pays à penser que dans le contexte de crise politique et économique, la venue du Souverain pontife ne pouvait pas tomber plus mal. D’aucuns, à Prague comme à Rome, se demandaient même ce que Benoît XVI venait faire dans une République tchèque souvent présentée comme un des pays les plus sécularisés en Europe. Malgré ce pessimisme ambiant, l’appel à la foi et le message d’espoir délivré par le pape a été bien entendu et accueilli.

Le frère Benedikt Mohelník
Conscient de ne pas arriver en terrain conquis dans un pays où une majorité de la population se déclare non seulement athée, mais souvent même clairement anticléricale, Benoît XVI aura pourtant su séduire les Tchèques, au moins ceux qui ont prêté une oreille attentive à son appel à la joie et à la lumière dans une société qu’il a décrite comme libre mais parfois en manque de repères moraux et spirituels. Le 28 septembre, le provincial des Dominicains, le frère Benedikt Mohelník, nous avait livré son sentiment sur la manière dont les Tchèques vivent leur foi au quotidien :


Le pape reparti, la politique revient sur le devant de la scène avec le Traité de Lisbonne et son interminable processus de ratification. Après le « oui » du deuxième référendum en Irlande, tous les yeux de l’Europe se tournent vers Prague. Avec la résistance de son président Václav Klaus, la République tchèque est en effet le dernier des vingt-sept pays membres à ne pas encore avoir ratifié le traité européen. Le chef de l’Etat pose ses conditions et exige une dérogation pour les Tchèques concernant la Charte européenne des droits fondamentaux, comme l’avaient obtenue avant eux Britanniques et Polonais. Václav Klaus entend ainsi s’assurer que l’application du Traité de Lisbonne ne remettra pas en cause les Décrets Beneš, qui avaient permis l’expropriation et l’expulsion des Allemands des Sudètes au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.

André Glucksmann
Ce refus de signer est donc mal venu alors que Bruxelles et les Etats membres, exaspérés par l’attitude du président tchèque, souhaitent voir le traité entrer en vigueur avant la fin de l’année. Au micro d’Anna Kubišta, le 13 octobre, le philosophe français André Glucksmann estime d’ailleurs que Václav Klaus fait fausse route :


Le 30 octobre, toutefois, les quotidiens Mladá fronta Dnes et Lidové noviny titrent « Evropa ustoupila Klausovi », soit « L’Europe a cédé à Klaus ». Le journal économique Hospodařské noviny choisit, lui, un titre similaire, sans équivoques : « Klaus a battu l’Europe ». Au lendemain de la décision prise par les dirigeants des pays de l’Union européenne d’accepter la dérogation exigée par le président tchèque pour signer le Traité de Lisbonne, Václav Klaus vit à Prague son heure de gloire. Cela ne plaît pas forcément au président de la Commission européenne, mais José Manuel Barroso s’efforce de faire contre mauvaise fortune bon cœur :


Václav Klaus ayant fait plier l’Europe, ne reste plus alors qu’un ultime obstacle empêchant d’achever pour de bon le processus de ratification en République tchèque. La Cour constitutionnelle doit encore se prononcer sur un recours déposé par un groupe de sénateurs eurosceptiques proches du chef de l’Etat. Les juges doivent décider si l’application du Traité de Lisbonne est compatible avec la loi fondamentale du pays. Mais le 4 novembre, la Cour constitutionnelle rend un verdict sans surprise et quelques heures plus tard, Václav Klaus s’exécute, contraint et forcé :


L’heure est donc au soulagement pour les proeuropéens tchèques, parmi lesquels l’ancien président Václav Havel. Un peu moins de deux semaines plus tard, l’heure est même à la fête à Prague avec les cérémonies qui marquent le 20e anniversaire de la révolution de Velours et la fin du régime communiste, incontestable temps fort de la fin d’année 2009. Le 14 novembre, le philosophe André Glucksmann était l’un des invités du colloque « La liberté et ses adversaires » organisé par Václav Havel :


Un miracle que nous a raconté l’historienne française Marie-Elizabeth Ducreux, fondatrice du Centre de recherches français en sciences sociales de Prague au début des années 1990. Marie-Elizabeth Ducreux a connu la Tchécoslovaquie sous le communisme et a aussi vécu de l’intérieur ces moments inoubliables de novembre 1989. Le 20 novembre, elle a évoqué ses souvenirs sur Radio Prague :


C’est donc avec ce très beau témoignage et une voix remplie d’émotion que s’achève cette rétrospective en deux parties de ce que fût dans ses grandes lignes l’année 2009 en République tchèque et sur Radio Prague. Il nous reste juste le temps, au nom de toute l’équipe de la rédaction française, de vous souhaiter encore une fois une heureuse année 2010. Ahoj !