Anifest - Břetislav Pojar : « Sans scénario, pas de bon film d'animation »

'Du grand brouillard'

Jusqu’à mardi soir, la ville de Třeboň vit au rythme du festival du film d’animation Anifest. Břetislav Pojar est une légende du cinéma d’animation tchèque. Membre du jury de cette 7e édition, à 85 ans, il continue de garder un œil grand ouvert sur ce qui continue de ce faire dans ce domaine. A Třeboň, il a bien voulu se confier, en français, sur l’époque où il a fait ses armes d’animateur dans les années 1950 aux côtés de son mentor, Jiří Trnka, le grand maître des marionnettes.

« C’était une période de pionniers. Pendant longtemps ça a existé sans aucun contact avec l’étranger. Quand nous avons commencé avec Trnka, d’une certaine façon c’était plus difficile, mais d’un autre côté, c’était aussi plus intéressant. C’est toujours plus intéressant quand vous devez régler un problème… »

Quels sont les critères pour un bon film d’animation ? Je vous pose la question, car vous êtes évidemment vous-même créateur, mais vous êtes aussi membre du jury du festival Anifest et enseignant.

« Il y a tellement de possibilités, c’est difficile à dire. Normalement, on attend d’un film d’animation qu’il raconte quelque chose autrement qu’un film avec des acteurs, avec plus de fantaisie, un autre aspect des choses. Finalement, aujourd’hui il y a tellement de techniques que cela dépend des auteurs et des producteurs. »

Vous parlez de techniques différentes, que pensez-vous du numérique ? L’avez-vous déjà utilisé ?

« Je l’ai déjà utilisé mais seulement comme une aide. Mais je n’ai jamais utilisé la 3-D. D’une certaine façon, c’est beaucoup plus parfait que l’animation à la main, d’un autre côté, ça limite la personnalité du créateur, parce que quand vous travaillez avec un ordinateur, le résultat final est toujours fabriqué. »

'Du grand brouillard'
Vous voulez dire qu’on perd l’âme du créateur ?

« Oui, parce que la touche est indirecte. Normalement si vous faites un film d’animation, vous touchez les choses avec les mains, vous sentez, vous faites l’éclairage… Vous faites tout vous-même alors que dans le numérique, c’est la machine qui fait beaucoup de choses. »

Quelles sont les qualités pour être un bon réalisateur de film d’animation ?

« Dans tous les cas, il faut être un bon scénariste. Le scénario, c’est le fond, pour toutes les techniques. Sans un bon scénario, on ne peut pas faire un bon film. »