Après le velours : la nouvelle exposition de la Maison A l’anneau d’or
A l’occasion des vingt ans de la révolution de velours, la Galerie d’art contemporain de la ville de Prague propose depuis la fin de l’année 2009 une nouvelle exposition permanente intitulée : « Après le velours »...
« Ce n’est pas chronologique car nous n’avions pas envie de faire une récapitulation historico-artistique. En plus, nous présentons ici de nombreuses œuvres qui ne sont pas encore répertoriées dans l’histoire de l’art. Au-delà, ce qui nous intéressait, c’était plutôt de voir les confrontations entre les générations, de voir comment les artistes pensent à vingt ou quarante ans de différence. »
De cette différence de génération et d’âge étalée sur une cinquantaine d’années, on peut dire que la coupure est nette entre ceux qui ont créé sous le communisme et ceux qui ont développé leur art dans une société libre. Sandra Baborovská :« Je pense que la différence principale est dans le fait que la génération précédente s’intéresse plus au monde intérieur. Leurs oeuvres sont plus introspectives. La jeune génération est plus intéressée par le monde qui les entoure et par ses aspects sociaux. »
L’exposition entière est bâtie sur un dialogue inter-générationnel entre les œuvres, un reflet des deux générations dont sont issus les deux commissaires, entre Karel Srp, un des fondateurs de la Section Jazz et spécialiste du surréalisme, et la jeune Sandra Baborovská :« Je suis allée à la rencontre des jeunes artistes pour collecter des œuvres qui ne faisaient pas partie de collections pour la plupart. Karel Srp connaît quant à lui toute la scène artistique autour de Karel Malich, Zdeněk Sýkora, etc. Mais ce n’était pas systématique. Moi aussi j’ai eu des idées pour la ‘vieille’ génération. Par exemple, ici, le cycle de visages d’Adriena Šimotová. Ce sont des pigments sur du verre qui représentent des visages flous. Ces œuvres intimes et intérieures, nous les avons confrontées avec les visages de Josef Bolf. Et il se passe exactement ce que nous voulions : les œuvres viennent ainsi se compléter. »
Ces confrontations, ces mises en parallèle des œuvres permettent de les réactualiser. Et l’œuvre d’art réalisée il y a trente ans peut ainsi être vue sous un angle tout nouveau. Parmi les artistes représentés ne manque évidemment pas l’enfant terrible de l’art contemporain tchèque David Černý. Où l’on découvrira que sa sculpture Entropa, qui a tant fait parler d’elle au moment de la présidence de l’UE, ne venait pas de nulle part. A la galerie A l’anneau d’or sont présentées cinq énormes sculptures représentant aussi ces sortes de puzzles composés de modules détachables. Cette fois, avec toujours autant de sarcasme voire d’autodérision, les modules représentent une rock star, un artiste, un commissaire d’exposition en pièces détachées...