Arezki Mellal : « L’islamisme est en train d’écraser tous les pays arabes »
Jusqu’au 8 novembre se déroule à Prague et en province, la 4e édition du Festival de la culture orientale. Parmi les invités de cette année, l’écrivain algérien, de langue française, Arezki Mellal, dont la toute dernière pièce « Samedi, la révolution », a été présentée sous forme de lecture scénique. Graphiste, maquettiste, éditeur de livres d'art, scénariste de BD, Arezki Mellal a toujours tourné autour des métiers de l’écrit, mais ce n’est que tardivement qu’il est venu à l’écriture proprement dite. Il a confié à Radio Prague le tournant qui s’est produit dans sa vie.
Il faut rappeler que c’est l’époque des assassinats et du terrorisme en Algérie, dans les années 1990…
« Voilà. Je voulais témoigner surtout car le président de l’époque avait édicté une loi d’amnistie qui devait empêcher les gens d’évoquer le passé. Evoquer ce qui s’était passé tombait sous le coup de la loi. C’est le moment que j’ai choisi pour parler, pour écrire. Il fallait le faire… »
Dans le cadre du Festival de la culture orientale à Prague est présentée votre toute dernière pièce, datant du mois de septembre, « Samedi, la révolution ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
« C’est un texte un peu particulier, car c’est une commande. C’est un metteur en scène, né en France, mais d’origine algérienne, qui avait lu une de mes nouvelles et qui m’a demandé d’écrire la pièce. Cette nouvelle datait d’il y a deux ans, époque où on était au cœur même d’un grand événement qu’on appelait le ‘Printemps arabe’. Il y avait quatre ou cinq pays arabes qui étaient en pleine ébullition. En Algérie, il y a eu des émeutes, mais pas de révolution. C’était donc l’idée d’écrire sur la révolution, pourquoi la révolution. C’était très difficile parce qu’en Algérie il n’y avait pas de révolution. Il y en avait eu une, mais il y a très longtemps : c’est le même phénomène qui s’est passé ici, en Tchécoslovaquie, avec la révolution de velours. C’est ce qui s’est passé en Algérie en 1988 : il y a eu 500 morts, des émeutes, on est passé d’un système de parti unique au multipartisme. Mais c’est vieux comme révolution. Les Tunisiens, eux, ont vécu cela 25 ans plus tard. Ils se demandent pourquoi on n’a rien fait il y a deux ans, mais nous, on l’avait fait bien avant. Les choses ont beaucoup changé chez nous, il y a des acquis politiques qui n’existent dans aucun autre pays arabe. On a une vraie vie démocratique. Ce n’est certes pas la France, mais c’est le pays le plus avancé du monde arabe. C’est impensable en Egypte, en Libye ou ailleurs. Au moment du Printemps arabe, il y a eu quelques émeutes en Algérie, mais c’étaient des revendications économiques et sociales, pas politiques. J’ai donc écrit ‘Samedi, la révolution’, mais ce n’est pas la révolution à laquelle on pense en Occident car c’est une révolution où, à la fin, ce sont les islamistes qui gagnent. C’est ce qui se passe dans les pays arabes qui ont vécu le Printemps arabe. C’est le scénario de la pièce… »
C’est un scénario-catastrophe…
« Oui. Je montre que si la révolution a lieu, c’est l’islamisme qui gagne. Car l’islamisme aujourd’hui, c’est l’idéologie dominante, c’est ce qui est en train d’écraser tous les pays arabes de l’Afghanistan au Maroc. »
(Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans une prochaine rubrique Culture sans frontières.)