Athlétisme – Bilan tchèque des Mondiaux : une seule médaille mais pas mal de promesses
Comme il y a deux ans à Berlin, les championnats du monde d’athlétisme de Daegu, en Corée du Sud, se sont achevés avec une seule médaille pour la République tchèque, l’argent décroché par Barbora Špotáková au lancer du javelot. En termes de chiffres, il s’agit donc, comme en 2009, de l’un des bilans tchèques les plus pauvres dans l’histoire des Mondiaux. Pour autant, sans atteindre le podium, d’autres athlètes tchèques ont confirmé qu’ils faisaient bien partie de l’élite.
« C’est un échec », avait constaté l’entraîneur en chef de l’équipe de République tchèque, Václav Fišer, il y a deux ans de cela, à l’issue des précédents Mondiaux. A l’époque, les athlètes tchèques avaient, il est vrai, réalisé la plus faible moisson de médailles depuis l’organisation des premiers championnats du monde en 1983. Deux ans plus tard, le total de médailles est resté le même qu’à Berlin, mais le bilan ne serait plus aussi négatif, comme pourrait en témoigner la 16e place au classement final des nations, devant des pays comme l’Italie ou l’Espagne. C’est du moins l’avis du nouvel entraîneur, l’ancien décathlonien Tomáš Dvořák, lui-même trois fois sacré champion du monde dans sa carrière :
« Certains de nos athlètes n’ont sans doute pas répondu aux attentes placées en eux, mais dans l’ensemble je pense que c’étaient des championnats plutôt réussis. Si on regarde le passé, c’était sans doute plus intéressant pour nous, mais ce sont les championnats du monde et la concurrence y est de plus en plus relevée. Après les championnats d’Europe l’année dernière, où je rappelle que nous n’avions obtenu qu’une seule médaille de bronze grâce à Barbora Špotáková, il ne fallait pas non plus s’attendre à des miracles. Mais encore une fois, ce qui se fait de mieux dans le monde était présent ici, je suis donc très satisfait. »Špotáková, Špotáková, Špotáková, Špotáková. Depuis les JO de Pékin en 2008, les quatre derniers grands championnats ont abouti au même résultat pour les Tchèques : la seule médaille remportée, qu’elle soit d’or à Pékin, d’argent comme à Berlin et à Daegu, ou de bronze aux championnats d’Europe de Barcelone l’année dernière, l’a toujours été par la lanceuse de javelot. Satisfait en Corée, Tomáš Dvořák l’a donc d’abord été, bien entendu, par le nouveau podium de Barbora Špotáková. La Tchèque n’a certes pas récupéré la couronne mondiale qui lui échappe depuis sa victoire à Osaka en 2007, mais l’or ne lui a échappé que pour 41 petits centimètres. Battue par la Russe Marie Abakumova, auteur, avec 71,99 m, de la deuxième meilleure performance mondiale de tous les temps, Barbora Špotáková, qui reste toujours la recordwoman du monde, a pourtant réalisé le deuxième meilleur lancer de toute sa carrière avec 71,58 m. Dépassée par Abakumova lors de la dernière série, Barbora Špotáková n’avait cependant pas trop de regrets à l’issue du meilleur concours dans l’histoire du javelot féminin. Pour la Tchèque, cette médaille d’argent avait même un peu le goût de l’or :
« Dès le début du concours, j’ai su que j’étais capable de lancer à plus de 70 mètres aujourd’hui. Et c’est ce que j’ai réussi avec 71,58 m à mon cinquième essai. J’ai alors cru que la médaille d’or était dans la poche, mais c’était une erreur. Marie Abakumova a fait encore mieux. Mais cela n’enlève rien à ma joie : après une telle performance et un tel concours, je suis très heureuse de cette deuxième place. » Même sans monter sur une des trois marches du podium, les Tchèques ont cependant accumulé les places d’honneur avec pas moins de sept finalistes contre trois seulement à Berlin. Surtout, il n’a manqué que très peu au sauteur en hauteur Jaroslav Bába et au lanceur de javelot Vitězslav Veselý pour décrocher le bronze. Sans pouvoir être tout à fait considérés comme des succès, ces résultats ont donc fait oublier par exemple la relative contre-performance de Zuzana Hejnová, seulement septième du 400 mètres haies alors qu’elle avait réalisé la deuxième meilleure performance mondiale de la saison lors de la Ligue de diamant début juillet à Paris. Mais l’entraîneur en chef Tomáš Dvořák ne veut pas jeter la pierre à ses athlètes :« Les points négatifs ? Je ne sais pas si on peut envisager les choses sous cet angle. C’est toujours la même chose : il faut être en forme le jour J. Mais les athlètes se préparent pendant toute l’année pour un grand rendez-vous, je n’ai pas grand-chose à leur reprocher de ce point de vue. Moi-même je sais ce que c’est pour l’avoir vécu des dizaines de fois. Vous bossez comme un fou pendant la préparation, vous faites le maximum pour être prêt, et le jour de la compétition, vous n’êtes pas en forme. Je ne veux donc accuser personne à tort. »Tomáš Dvořák a d’autant moins de raisons d’accuser ses protégés qu’à l’exception donc de Zuzana Hejnová, tous les finalistes et demi-finalistes tchèques aux Mondiaux ont amélioré à Daegu leur meilleure performance de la saison : la preuve qu’ils savent se préparer pour les grands rendez-vous. Les Jeux de Londres l’année prochaine pourraient confirmer cette tendance avec, peut-être, cette fois un peu plus qu’une seule médaille de Barbora Špotáková.