Athlétisme : Holuša, la bonne surprise tchèque des Mondiaux d’Istanbul
Mal connu du grand public jusqu’à présent, Jakub Holuša a décroché la médaille d’argent sur 800 mètres aux Mondiaux en salle d’Istanbul. Au terme de l’une des plus belles courses de sa carrière, il a ainsi offert l’unique podium à la République tchèque.
« Cela me paraît incroyable. Pour l’instant, je ne me rends pas bien compte de ce que je viens de réaliser. Dans l’euphorie, ce n’est pas évident, je pense que ça viendra avec le temps. Mais je savais que j’étais en très bonne forme. Et comme en plus Lewandowski et Lalang, deux des favoris, ne s’étaient pas qualifiés pour la finale, je m’étais dit que mes chances de médaille étaient encore plus grandes. Je voulais vraiment monter sur le podium. J’avais les crocs avant la finale ! Cette médaille, c’est en quelque sorte la récompense de quatre ans de travail. Maintenant, il ne me reste plus qu’à décrocher l’or dans un prochain championnat… En attendant, cette médaille d’argent aujourd’hui suffit amplement à mon bonheur. »
Partie sur un rythme relativement lent, avec un passage aux 400 mètres en plus de 56’’, la finale du 800 mètres s’est donc dénouée dans sa seconde partie. Et dans le dernier tour, Jakub Holuša, longtemps troisième dans le groupe de tête, a d’abord doublé le Polonais Adam Kszczot avant de résister, dans la dernière ligne droite, au retour du Britannique Andrew Osagie. Finalement, le Tchèque a terminé, sans trop de regrets, à 26 centièmes de seconde de l’Ethiopien Mohammed Aman, vainqueur en 1’48’’62.« Le rythme lent jusqu’à la mi-course ne m’a pas du tout gêné. J’ai pris le départ avec une seule idée en tête : gagner, ou au moins terminer sur le podium. Je m’étais préparé à ce scénario, je savais donc que le final serait couru sur un rythme beaucoup plus rapide. Adam Kszcot a pris la tête de la course, il a accéléré et j’ai su que c’était le moment-clef, que seuls les meilleurs resteraient dans le groupe de tête. La seule à laquelle j’ai alors pensé est qu’il fallait résister et ne pas lâcher. Après, j’ai vu que Kszcot était dans le dur et j’ai attaqué. Je regrette peut-être un peu de ne pas l’avoir fait plus tôt, j’aurais peut-être pu gagner la course. Mais ce n’est pas évident en salle. Il faut réagir au bon moment. Vous avez beau être meilleur que vos adversaires, chaque hésitation, chaque petite erreur peut vous coûter cher. Mais cela n’enlève rien à ma satisfaction. »
Même si le bilan tchèque peut sembler modeste, voire maigrelet, avec une seule médaille, la réalité est quelque peu différente. Ainsi, parmi les neuf athlètes qui participaient aux Mondiaux dans les disciplines individuelles, pas moins de cinq ont terminé dans les six premières places. Les performances les plus remarquées ont été celles notamment de Pavel Maslák et d’Adam Sebastian Helcelet, tous deux 5e respectivement du 400 mètres et de l’heptathlon. Et à seulement 20 ans, Adam Sebastian Helcelet, qui était invité pour l’occasion par la fédération internationale entre autres suite au forfait sur blessure de Roman Šebrle, a démontré que l’athlétisme tchèque possédait enfin peut-être un digne successeur aux Roman Šebrle, Tomáš Dvořák et autres Robert Změlík, qui ont formé l’élite mondiale du décathlon dans les années 1990 et 2000.