Au château de Troja, la danse contemporaine dialogue avec l’architecture baroque

Château de Troja, photo: Štěpánka Budková

Rendez-vous ce mardi soir, à partir de 18h, dans les jardins du château de Troja, un peu à l’extérieur de Prague, pour une performance et une installation du danseur Jordi Galí, intitulées Ciel. Ce rendez-vous s’inscrit dans le cadre du festival de la danse contemporaine, Korespondance qui se déroulera du 8 au 10 juillet à Žďar nad Sázavou. Marie Kinský, directrice du festival, a rappelé au micro de Radio Prague, le parcours de Jordi Galí, qu’elle n’invite d’ailleurs pas pour la première fois à Prague :

« Jordi Gali est un danseur espagnol qui a fait sa carrière entre la Belgique et la France. Il a travaillé avec, entre autres, Maguy Marin. C’est un danseur d’une très grande qualité, sensibilité et intelligence. Il est le fils d’un maçon je crois, ou en tout cas, quelqu’un qui travaille et se bat avec la matière. Jordi a toujours extraordinairement apprécié le travail bien fait et la magie de ce mouvement de l’action concrète. Donc il joue à la fois avec son passé de danseur et avec cette conscience du travailleur et l’aboutissement du geste concret. Le résultat, c’est un travail très particulier que je n’ai jamais vu ailleurs. C’est son travail à lui qu’il mène depuis plusieurs années. Il s’agit du rapport entre les questions de gravité et d’équilibre, du corps et de la matière, en passant par une notion de temps. Il va donc ouvrir le temps normal du mouvement avec le temps de la matière. Cela paraît très intellectuel, mais quand vous le regardez, vous avez l’impression que des portes s’ouvrent à l’intérieur de vous, sans savoir pourquoi, et vous avez une compréhension du monde totalement différente. C’est extraordinairement méditatif, et le résultat, c’est une statue. »

Concrètement, ce mardi soir, au château de Troja, Jordi Galí va présenter une performance appelée Ciel. De quoi s’agit-il ?

'Ciel',  photo: Site officiel d'Arrangement provisoire
« Dans Ciel, Jordi va travailler avec des éléments relativement simples, à savoir des grandes perches avec des grandes cordes, et des pneus. Le résultat sera une sculpture de plus sept mètres de haut. Nous présentons cela dans les jardins du château baroque de Troja. La façon dont Jordi va amener la matière à passer de l’horizontale à la verticale, correspond absolument à l’esprit baroque. C’est donc une façon d’ouvrier-artiste de faire entrer la matière dans toutes les notions baroques. Le baroque travaille sur la relation entre la verticale et l’horizontale, le ciel et la terre, et la spirale et le volume. Le volume va être créé par le mouvement et ces grandes perches vont arriver doucement à la verticale par une gigantesque spirale qu’il va amener par des cordes. Tout cela est plutôt de l’ordre de l’installation. C’est donc quelque chose autour de laquelle il est possible de marcher. Ça aussi, c’est très baroque dans l’esprit. Le théâtre baroque est arrivé très tard, à la fin du XVIIIe siècle. Les spectacles baroques étaient faits pour être vus en marchant, en se promenant, à l’extérieur, dans les jardins. C’est que nous faisons aussi avec Jordi Galí. Nous recréons un lien contemporain avec des notions baroque, dans un lieu baroque, en lui redonnant une autre vie, d’aujourd’hui. »

Finalement, c’est un peu l’esprit de tout le festival KoresponDance. Cette performance de Jordi Galí sert d’introduction au festival qui se déroule du 8 au 10 juillet à Žďar nad Sázavou. Il y a toujours un lien entre danse, théâtre de mouvement et des lieux d’architecture particuliers…

Château de Troja,  photo: Štěpánka Budková
« Absolument. C’est un grand travail que nous faisons avec le Centre de développement chorégraphique et c’est toujours la relation entre les principes qui ont été utilisés par les artistes qui nous ont précédés et les principes que nous pouvons utiliser aujourd’hui. On découvre à quel point les uns peuvent aider les autres et s’enrichir mutuellement. Grâce à la collaboration très intime que nous avons avec la Galerie de Prague, propriétaire du château de Troja, nous développons ces principes. Ce spectacle participe de cette collaboration et en même temps, c’est le reflet du festival KoresponDance qui se passe essentiellement en extérieur, dans un château baroque, lui-même théâtre du festival. Nous avons plus de quinze spectacles, plus de cent enfants du lieu qui vont y participer avec des artistes internationaux, cinquante artistes qui viennent participer au festival, une quinzaine de nationalités, et une grande envie de mettre les gens ensemble. Tous les soirs, artistes, public, techniciens, producteurs, nous dînons tous ensemble dans la cour du château. C’est donc un lieu de rencontre et de vie. De même que ce que nous voulons faire ce mardi à Troja, remettre de la vie différemment, souligner la possibilité dont peut vivre un lieu, ce principe se répète sur trois jours, avec un programme complet de visites etc., à Žďar nad Sázavou, pour le festival KoresponDance. »

Plus d’informations sur le festival dans notre rubrique Culture sans frontières, samedi.