Au Musée des miniatures de Prague, des œuvres d’art à l’échelle microscopique !
Situé dans le quartier pragois de Hradčany, non loin du Château de Prague, le Musée des miniatures repose sur un concept original : faire découvrir aux visiteurs des œuvres miniatures et microscopiques à la loupe et au microscope.
Depuis plus de vingt ans, le Musée des miniatures de Prague propose une exposition unique en son genre. A l’intérieur du musée, pas de grands tableaux ni de grandes statues, sinon de minuscules œuvres d’art invisibles à l’œil nu. C’est à l’aide d’une loupe ou d’un microscope que les couleurs et les formes se révèlent au spectateur, ce qui suscite souvent un effet de surprise tant le travail sur le détail est minutieux.
Cet art porte un nom, la micro miniature. Pour en comprendre l’origine, il faut remonter aux années 1950 lorsque qu’Edward Ghazarian, un artiste arménien, fait sensation en Europe après avoir déclaré qu’il était capable de réaliser des œuvres plus petites que le chas d’une aiguille. La presse allemande publie alors sa déclaration, ce qui ne manque pas de faire réagir un lecteur plus que sceptique qui décide d’écrire à l’artiste. En guise de réponse, Edward Ghazarian lui adresse également une lettre qu’il rédige manuscrite sur un cheveu humain.
La technique de la micro miniature sera par la suite popularisée en Russie à la fin du 20ème siècle. Ce n’est donc pas un hasard si le Musée des miniatures, avant d’être déplacé à Prague, a d’abord vu le jour au pays des tsars, en 1996, dans la ville de Saint-Pétersbourg.
A cette époque, l’un des principaux représentants de la micro miniature en Russie s’appelle Anatoly Ivanovitch Konenko. C’est le principal artiste exposé au Musée des miniatures, viennent ensuite le travail de Gazharian et du Russe Nikolai Aldunian.
Anatoly Konenko est originaire de Sibérie, une région qui dans les années 1980 voit se développer un groupe de micro artistes qui souhaitent repousser les limites de la perception en faisant du millimètre leur unité de référence. Le manager du musée, Ignat Kinol, présente les quelques techniques que les micro artistes russes ont créées à cette époque :
« Ils avaient une règle de base : pour espérer faire partie de la « communauté » des artistes de micro miniatures, il fallait réaliser sept types de micro miniatures. Parmi elles, il y avait d’abord la micro miniature sur insecte, la puce. En Sibérie, il existe un livre sur un artiste qui est parvenu à mettre des fers à cheval à une puce, c’est la raison pour laquelle ils ont tous essayé de copier ce modèle »
« Ensuite, il y a une seconde technique : dessiner sur un grain de riz. Viennent ensuite le cheveu, une technique particulièrement complexe ou encore l’aiguille à coudre »
C’est la puce qu’Anatoly Konenko choisit d’utiliser pour sa toute première œuvre intitulée « La Puce ferrée ». Il la commence dans les années 1980, elle lui demande sept années et demie de travail… Quelques années plus tard, il présente « Le Caméléon », son œuvre la plus célèbre, qui est exposée au musée. Il s’agit d’un micro livre du conte éponyme d’Anton Tchékhov de format 0,9 x 0,9 mm, enrichie par trois illustrations personnelles. Réalisée à l’aide de fines tranches d’écorce de bouleau, elle lui vaut en 1997 un record du « Guinness Book » du plus petit libre au monde, un record aujourd’hui détenu par un autre Russe, Vladimir Aniskin.
Ignat Kinol explique l’une des raisons pour lesquelles selon lui Antony Konenko est parvenu à passer maître dans l’art de la mirco miniature:
« Avant d’être un micro artiste, Antony Konenko était un micro chirurgien, il était spécialisé dans la chirurgie oculaire. Il a d’abord crée des instruments de chirurgie qui lui ont servi pour réaliser ses œuvres artistiques. Certains instruments sont d’ailleurs présents au musée, que ce soit de lui ou d’autres artistes comme Nikolai Aldunian. Chaque artiste possède ses propres instruments car il n’existe pas d’école officielle d’art micro miniature. Les artistes ont tous travaillé dans des domaines différents »
En plus du « Caméléon » de Konenko, c’est une œuvre de l’artiste Nikolai Aldunian qui semble également rencontrer un franc succès auprès des visiteurs du musée. Elle représente un vélo de quelques millimètres posé sur une aiguille. Sa matière, l’or pur révèle par son chaque détail du vélo impossible de discerner à l’œil nu.
Pour les visiteurs amoureux des grandes peintures de l’histoire de l’art, ils pourront aussi admirer à la loupe des miniatures de reproductions de tableaux de Léonard de Vinci, Henri Matisse ou encore Salvador Dalí, tous frappant de réalisme.