Basket - Sandra Le Dréan : « J’arrête pour de bon mais je reste à Prague »
Nous vous l’avions annoncé lors de notre précédente émission, l’ancienne internationale française de basket Sandra Le Dréan a mis un terme à sa carrière de joueuse samedi dernier à Prague, à l’issue de la quatrième manche de la finale du championnat tchèque perdue contre Brno. La triple championne d’Europe en équipe de France et avec Valenciennes a donc mis un terme aussi à son aventure de quatre saisons passées dans le club de l’USK Prague. L’occasion de l’inviter dans nos studios pour un long entretien. Une interview bilan, certes, mais au cours de laquelle Sandra Le Dréan a également évoqué ses projets d’avenir. Nous vous en proposons la première partie :
-A seulement 32 ans, n’est-ce pas un peu tôt pour arrêter ? Beaucoup de jeunes sportifs rêvent d’une carrière professionnelle. C’est quand même une vie privilégiée. Ne craignez-vous pas d’avoir des regrets dans un ou deux ans ?
« Non, c’est quelque chose que je ne redoute pas. Peut-être suis-je un peu jeune pour arrêter, mais c’est un choix, c’est vraiment quelque chose que je ressens. J’ai le sentiment d’avoir fait le tour de la question, d’avoir tout donné pour le basket. J’y joue depuis l’âge de cinq ans. J’ai donc vraiment envie de passer à autre chose et de commencer une nouvelle vie. Certainement que cette vie de privilégiée va me manquer parce que je suis bien consciente de la chance que j’ai eue d’avoir pu vivre tout ce que j’ai vécu. D’un autre côté je suis aussi persuadée que plein de nouvelles choses passionnantes m’attendent. »
-Dans certains sports, comme le football, beaucoup d’anciens professionnels continuent à jouer à un niveau inférieur amateur pour le plaisir. Allez-vous faire la même chose ?
« Pour l’instant je ne crois pas. Par contre, j’ai très envie de me mettre à d’autres sports. Quand on est en pleine saison, on n’a pas trop le temps de faire autre chose ou on ne peut pas pratiquer certains sports un peu plus risqués. J’ai donc envie d’apprendre à skier, de faire du vélo… Alors, le basket, non… Du moins je ne pense pas rejouer dans une équipe, même à un niveau inférieur. En revanche, je compte bien jouer de temps en temps entre amis sur un playground. Ça, oui ! »
-Quels sont désormais vos projets pour la nouvelle vie qui s’ouvre à vous ? On suppose que vous avez préparé cet après basket ?
« Préparer, oui et non… J’ai quelques idées, mais rien encore de très concret. Je veux d’abord prendre quelques mois pour me poser un peu, me préparer avant de reprendre une formation et les contacts que j’avais. Pour l’instant, c’est un peu compliqué. Mon ami est tchèque, il travaille ici et nous allons donc nous installer à Prague pour au moins un an et demi. Après il aimerait bien venir travailler en France, mais en attendant, tout cela fait qu’il est un peu difficile pour moi de préparer une reconversion. Je suis un peu dans l’incertitude entre rester à Prague ou rentrer en France. Et puis nous aimerions aussi avoir une famille… Bref, il y a plein de choses et je veux d’abord bien réfléchir. »
-Néanmoins, quels sont les domaines qui vous intéressent ?
« Ce qui est sûr, c’est que j’aimerais rester au contact du basket. Quand je jouais à Valenciennes, j’ai eu la chance de pouvoir passer mes diplômes d’entraîneur. Je souhaite donc transmettre ce que j’ai appris, surtout aux plus jeunes. Ici à Prague, avec mon tchèque, je ne sais pas… Je commence à parler, mais pour me faire comprendre des enfants, ça risque d’être un peu insuffisant. Cela n’enlève rien au fait que j’aimerais vraiment prendre en charge une équipe. J’ai eu aussi quelques contacts avec une chaîne de télévision française en vue du Championnat du monde qui va se tenir en République tchèque en septembre et octobre prochains. Etre consultante serait aussi un autre moyen de rester dans le monde du basket. »
-Lors de la votre arrivée à Prague à l’automne 2006, vous aviez expliqué avoir signé un contrat de seulement un an parce qu’il s’agissait de votre première expérience dans un club étranger et parce que vous vouliez attendre de voir comment les choses allaient se passer avant de vous engager sur du plus long terme. Finalement, vous êtes restée quatre saisons à Prague pour ce qui est resté votre seule expérience dans un club étranger. On peut donc supposer que les choses se sont plutôt bien passées ?
« Effectivement. Après deux mois d’adaptation, je me suis tout de suite sentie bien ici et je me suis fait beaucoup d’amis. D’un point de vue purement sportif, j’avais vraiment touché le très, très haut niveau avec Valenciennes et tous ces titres gagnés (entre autres vainqueur de l’Euroligue en 2002 et 2004, finaliste en 2001 et 2003, quintuple championne de France 2001, 2002, 2003, 2004, 2005). Pour moi, cela a donc été un peu difficile au début à Prague car il m’a fallu apprendre à perdre. J’aurais aimé avoir autant de succès ici, c’était un peu frustrant. Ca n’a pas été le cas, malheureusement, mais je ne regrette rien pour autant. En venant à Prague, je voulais aussi me prouver que j’étais capable de tenter cette expérience à l’étranger et d’y vivre. Ça a donc été comme un booster. C’est aussi pour ça que je suis restée dans cette ville : j’y ai pris mes marques et m’y suis plue. »-Vous avez prévu un dernier match, une sorte de jubilé, pour marquer la fin de votre carrière. Ce match sera disputé prochainement à Valenciennes. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
« J’ai la chance d’avoir à Valenciennes des amis qui m’ont proposé d’organiser tout ça. Ce sera l’occasion de retrouver mes anciennes coéquipières qui viendront d’un peu partout : de Grèce, de Serbie, etc. Toutes viendront pour ce dernier match à Valenciennes qui sera une belle fête. Ce sera le samedi 15 mai à la salle du Hainaut. Ca va être, je crois, un grand moment non seulement pour moi et pour nous joueuses, mais aussi pour tous les gens qui ont vécu ces belles heures de Valenciennes, surtout qu’il n’y a plus de basket aujourd’hui là-bas. »
Vous pourrez entendre la suite de l’entretien avec la désormais ex-capitaine de l’USK Prague Sandra Le Dréan dans une prochaine rubrique sportive.