Berlin : le terrorisme fait une première victime tchèque en Europe

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Une ressortissante tchèque est décédée lundi lors de l’attentat sur un marché de Noël à Berlin. La triste nouvelle a été communiquée ce jeudi soir par le ministère tchèque des Affaires étrangères. La femme est la toute première victime tchèque d’une attaque terroriste en Europe.

Lubomír Zaorálek,  photo: ČTK
Douze morts et une cinquantaine de blessés : tel est le tragique bilan de l’attentat qui s’est produit lundi soir quand un terroriste a foncé avec un camion sur la foule du marché de Noël de la place Breitscheidplatz, dans le centre de Berlin. Parmi les victimes figure Naďa Čižmár, une Tchèque qui vivait et travaillait depuis plusieurs années dans la capitale allemande. Le chef de la diplomatie tchèque Lubomír Zaorálek a révélé les détails de ce drame lors d’une conférence de presse organisée ce vendredi matin au palais Černín à Prague, siège du ministère des Affaires étrangères :

« Immédiatement après l’attentat de Berlin, nous nous sommes adressés aux autorités locales pour demander si parmi les blessés ou les morts figuraient aussi des ressortissants tchèques. On nous a dit que l’identification des corps s’étalerait sur plusieurs jours. Durant ce temps, nous avons été contactés par M. Čižmár. Il nous a annoncé la disparition de son épouse et nous a dit qu’il était fort probable que sa femme se trouvait sur les lieux de l’attentat au moment où il s’est produit. Il a ensuite contacté la police allemande et leur a donné des photos, les informations nécessaires à l’identification de sa femme et un échantillon de son ADN. L’enquête a été lancée. Enfin, ce jeudi soir, on nous a confirmé que Naďa Čižmár figurait malheureusement parmi les victimes. »

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L’information a été transmise au mari de la victime par l’ambassadeur de la République tchèque en Allemagne, Tomáš Podivínský. De son côté, le ministre a téléphoné à M. Čižmár pour lui présenter ses condoléances. Les deux représentants du pays ont également proposé une aide et une assistance à la famille endeuillée.

De son côté aussi, le Premier ministre a exprimé sa solidarité avec cette famille. Pour Bohuslav Sobotka, la tragédie survenue dans l’Allemagne voisine « confirme que le terrorisme n’a pas de frontières et que même un citoyen tchèque peut en être victime ». Le chef du gouvernement a également ajouté qu’il fallait mieux protéger les frontières extérieures de l’Union européenne, arrêter l’immigration illégale et empêcher, par tous les moyens possibles, la diffusion de l’islam radical et de la haine religieuse à l’intérieur de l’Europe. Cette opinion est partagée également par Lubomír Zaorálek :

« Dans ce pays, nous faisons tous ce que nous pouvons pour empêcher la circulation de personnes dont on ne connaît pas l’origine et qui pourraient commettre des actes similaires à l’attaque de Berlin. Pour cela, nous devons coopérer avec les services, la police et les autorités des autres pays européens. Je crois que ce qui se passe autour de nous témoigne du fait que si l’Europe entend fonctionner comme un ensemble, il n’est pas un pays qui peut seul prendre des décisions qui pourraient avoir des conséquences pour les autres. Nous devons prendre toutes les décisions ensemble. »

Selon le chef de la diplomatie, aucun autre Tchèque ne devrait figurer parmi les victimes.

Protéger, c’est prévoir

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En réaction aux événements de Berlin, la République tchèque a adopté différentes mesures de sécurité qui seront en place jusqu’au 2 janvier. Même si les autorités ne cessent de répéter que le pays n’est pas spécialement menacé, la présence policière a été renforcée avec 500 gardiens de la paix supplémentaires, chargés de surveiller notamment les lieux publics à forte concentration de personnes, dont les marchés de Noël, mais aussi les gares, les centres commerciaux ou les transports en commun. Différents dispositifs de protection limitant l’accès aux véhicules ont été également installés aux abords des principaux marchés de Noël, notamment à Prague, à Brno ou à Plzeň.

Cependant, à la grande surprise de certains, diverses mesures de sécurité ont été mises en place également dans des villes tchèques beaucoup moins importantes. Ainsi, des barrages en béton ont été installés aux alentours des marchés de Noël à Jihlava, Třebíč ou Havlíčkův Brod, trois petites villes de la région de Vysočina, au centre de la République tchèque. C’est toutefois une autre précaution qui a le plus surpris : à la différence du marché de la place Breitscheidplatz, qui a été rouvert seulement quelques jours après l’attaque, la petite ville d’Uherský Brod, située dans la paisible région de la Moravie du Sud, a décidé d’annuler purement et simplement son marché de Noël…