Bibliomédias : le service de prêt numérique désormais en République tchèque
La bibliothèque-médiathèque de l’Institut français de Prague ainsi que les alliances françaises à travers la République tchèque propose un nouveau service de prêt original intitulé Bibliomédias. Déjà utilisé dans 80 bibliothèques en France et dans cinq autres instituts français à l’étranger, la plateforme Bibliomédias compte en tout quelque 150 000 utilisateurs, dont environ 700 en République tchèque. Nouvelle façon de penser le prêt et le partage culturel à l’heure de l’Internet, tout ça de façon légale, Bibliomédias est présenté par son créateur, Cyril Darmon.
Ici à Prague, Bibliomédias est proposé par la médiathèque de l’IFP depuis la rentrée 2009. Concrètement que doivent faire les utilisateurs pour emprunter ces données numériques et lesquelles ?
« Il faut qu’ils aient une connexion Internet, c’est primordial. Ensuite, ils se connectent directement sur le site Bibliomédias. Ils saisissent directement leur mot de passe qu’ils ont l’habitude d’utiliser à l’intérieur du logiciel. Ils ont directement accès à l’ensemble de la base de données à laquelle la bibliothèque est abonnée. C’est-à-dire musique, vidéo, livres audios, e-books. Ils peuvent télécharger les pistes, les mettre sur ordinateur ou les transférer sur d’autres types de lecteurs, mp3 ou téléphones portables... »
Qui dit ‘prêt’ dit aussi durée limitée. Est-ce aussi le cas comme quand on va à la bibliothèque, qu’on emprunte un livre, un CD, et qu’on peut garder par exemple deux semaines ?« Le principe est le même qu’au niveau physique. Le lecteur emprunte une piste. Une fois que la piste est empruntée, elle va se dégrader dans le temps, un timer va se mettre en place et le média sera détruit au bout d’un certain temps. »
C’est comme dans James Bond, ça s’autodétruit au bout d’un moment...
« Ça ne s’autodétruit pas, mais ce n’est plus lisible ! C’est tout ! »
Comment est né ce projet créé en France et qui concerne déjà de nombreuses bibliothèques dans l’Hexagone ?
« En fin de compte, c’est né il y a très longtemps. Je l’ai dans la tête depuis très longtemps : à l’origine en 1997-1998, on a créé au sein de l’entreprise Biblio-on-line.com, un site d’information culturelle à destination des bibliothèques. Au fur et à mesure des années, je me suis dit que ce serait bien de pouvoir avoir de l’image et du son. Techniquement ce n’était pas très réalisable à l’époque. En décembre 2006, en lisant des articles dans la presse sur le téléchargement, ça m’a remis la puce à l’oreille et j’ai remis le dossier sur le haut de la pile. Le début de l’écriture de Bibliomédias a démarré en juillet 2007. »
Cela veut donc dire que trois ans après la médiathèque à l’IFP bénéficie déjà du système. Comment est née cette collaboration ici, en particulier, puisque Bibliomédias est le seul système de prêt numérique en République tchèque ?
« C’est le seul service de prêt numérique en République tchèque, mais aussi le seul service de prêt numérique sur l’Internet. La collaboration avec l’Institut est venue complètement par hasard parce qu’Ina Pouant (directrice du Bureau du livre, ndlr) a lu dans la presse un article sur nous et elle nous a contactés. »
Comme vous êtes à Prague, avez-vous eu l’occasion de rencontrer des gens de bibliothèques pour leur proposer un système équivalent avec cette fois des œuvres en tchèque ?
« Pas encore. Mais il est vrai que le fait de s’implanter dans des pays comme la République tchèque, notre intérêt va dans le sens de pouvoir entrer en relation avec des acteurs locaux, des fournisseurs numériques afin de pouvoir intégrer de la musique ou des films tchèques directement dans Bibliomédias. Je pense que dans un second temps je me mettrai en quête de futurs partenaires. »
Lundi vous avez donné à Prague une conférence sur les enjeux du prêt numérique, du piratage. Est-ce que vous avez pu comparer la situation en République tchèque et en France ?« Oui, j’ai fait une comparaison avec la France, avec l’apport qu’à pu faire l’expert de l’IFPI. Effectivement, il y a un grand fossé entre la France et la République tchèque. En France tout commence à être réglementé avec la loi Hadopi qui est en train d’être mise en place. Le droit informatique et à la propriété intellectuelle diffèrent pas mal des lois tchèques. Il y a une grosse différence. Il y a beaucoup de choses à faire côté tchèque pour réglementer le piratage en Tchéquie. »
Etes-vous à la recherche d’autres marchés dans d’autres pays, hormis la République tchèque ? Ou êtes-vous déjà implantés ailleurs ?
« Oui, c’est déjà le cas en Egypte, en Espagne... d’autres pays commencent à signer avec nous. A chaque fois, on essayera de rechercher des acteurs locaux pour pouvoir intégrer dans Bibliomédias tout ce qui est numérique local. »
Au départ ça passe par les institutions françaises ?
« Bien sûr, ça passe par les institutions. C’est un problème de droit. On n’a pas le droit aujourd’hui de donner quoique ce soit à des bibliothèques hors institutions issues du ministère des Affaires étrangères. Les droits sont conclus pour la France. On a des autorisations pour les centres culturels à l’étranger. Mais ça s’arrête là. »
Plus d’infos : www.bibliomedias.net