Bohuslav Sobotka, le premier chef de gouvernement tchèque en visite au Japon depuis vingt ans

Bohuslav Sobotka et Shinzo Abe, photo: ČTK

Le chef du gouvernement tchèque, Bohuslav Sobotka, accompagné de deux ministres et de plusieurs dirigeants d’entreprises, effectue ce jeudi la dernière journée de son voyage officiel au Japon. Depuis lundi, le social-démocrate a pu rencontrer de hauts dirigeants nippons, et notamment son homologue local Shinzo Abe et le prince héritier Naruhito, avec la volonté de promouvoir les échanges culturels, politiques, universitaires mais surtout économiques entre les deux pays.

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Prague met depuis plusieurs années l’accent sur la diplomatie économique et si c’est bien cet aspect que la visite au Japon de Bohuslav Sobotka privilégie, c’est selon lui loin d’être un hasard :

« Je suis très heureux que ce voyage ait pu être organisé car aucun Premier ministre tchèque n’a été au Japon depuis vingt ans. Je considère que c’est un véritable paradoxe car les Japonais sont les deuxièmes plus importants investisseurs en République tchèque. Après l’Allemagne, c’est du Japon que proviennent le plus les investissements en Tchéquie depuis la naissance du pays et les entreprises japonaises y emploient environ 50 000 personnes, toutes dans le secteur de l’industrie. »

Pour le social-démocrate, le renforcement des échanges commerciaux entre Prague et Tokyo passe par la signature rapide du traité de libre-échange en négociation depuis 2012 entre l’Union européenne et le Japon. C’est ce qu’il a indiqué à son homologue nippon, le conservateur Shinzo Abe, avec lequel il s’est entretenu mardi dans la capitale japonaise. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Jiří Havlíček, lui aussi du voyage avec de nombreux représentants d’entreprises, a axé ses rencontres sur l’idée de profiter du savoir-faire japonais pour accélérer la robotisation de l’économie tchèque. Autre point du programme sur le volet des relations économiques, la délégation tchèque a été reçue au siège du groupe brassicole Asahi, l’un des plus importants au monde, qui a procédé en mars dernier à l’acquisition de nombreuses brasseries européennes, et parmi elle à Plzeňský Prazdroj, bien connue pour la marque Pilsner Urquell.

Bohuslav Sobotka et Shinzo Abe,  photo: ČTK
Mais il n’y a pas que le commerce dans la vie. Dans cette région où les relations diplomatiques sont difficiles entre le Japon, la Corée du Sud et la Chine, trois pays avec lesquels Prague souhaite se rapprocher, Bohuslav Sobotka a pointé du doigt la menace principale que représente la Corée du Nord. Un message qu’a su entendre Shinzo Abe :

« La menace nord-coréenne a franchi une nouvelle étape. Face à elle, nous avons convenu avec M. Sobotka de la nécessité de renforcer la pression de la communauté internationale. Aussi, nous avons reçu un fort soutien de la part de la République tchèque sur le dossier des Japonais enlevés par la Corée du Nord dans les années 1970 et 1980. »

Par ailleurs, la visite du chef du gouvernement tchèque visait aussi à encourager la coopération universitaire avec le Japon, en particulier pour attirer des étudiants en Tchéquie. Et c’est paré d’une magnifique toge universitaire, coiffé comme il se doit en pareille occasion, que le Premier ministre tchèque s’est vu remettre un doctorat d’honneur à l’Université internationale de Josai, où plus d’une centaine d’élèves apprennent la langue et la culture tchèque.

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
Culture tchèque qui n’est d’ailleurs pas inconnue au pays du Soleil-Levant et qui y jouit même d’une bonne réputation. C’est en tout cas ce que semble montrer le succès de l’exposition à Tokyo de l’Epopée slave, le célèbre cycle de tableaux monumentaux peints par Alfons Mucha, qui, dans le cadre de l’Année de la culture tchèque au Japon, a attiré plus de 660 000 visiteurs jusqu’au début de ce mois de juin, dont le couple impérial. L’empereur, c’est Akihito, qui devrait abdiquer l’an prochain au profit de son fils aîné, Naruhito, un admirateur de la musique classique tchèque, qui a reçu mercredi Bohuslav Sobotka, avec lequel il a évoqué avec nostalgie son voyage en Tchécoslovaquie dans les années 1980. Le social-démocrate a apprécié :

« Avec la personne du futur empereur du Japon, nous aurons quelqu’un qui connaît la réalité tchèque, qui a des connaissances concrètes sur l’apport de la République tchèque dans le monde, en particulier pour la culture. »

Bohuslav Sobotka n’a donc pas chômé durant ces quatre jours passés dans l’archipel nippon. Après un passage à Kyoto ce jeudi, la délégation tchèque achève son séjour ce vendredi avec la visite du Mémorial de la Paix de Hiroshima.