Bonne année !

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Programme exceptionnel aujourd'hui, puisque c'est le dernier de l'année 2004 et le premier de l'année 2005. L'occasion pour toute notre équipe, donc, de vous présenter ses voeux.

La rédaction française, et ceux qui nous sont fidèles le savent déjà, est composée de sept personnes à plein temps, à qui plusieurs collaborateurs extérieurs viennent régulièrement prêter main forte. C'est le cas d'Anna Kubista, une jeune fille franco-tchèque qui collabore avec Radio Prague depuis quelques mois. Et c'est à Anna que j'ai demandé de venir au studio en premier pour vous souhaiter une bonne année, Anna, qui, je crois, réclame davantage d'humour dans un monde un peu triste...

Une autre année derrière nous... Quand on aime l'actualité, savoir ce qui se passe autour de soi et dans le monde, on ne peut pas s'empêcher de penser certains matins, qu'on aimerait bien ne pas lire telle ou telle mauvaise nouvelle et rester bien au chaud au lit. 2004 a apporté son lot classique de trésors et de malheurs aussi, et pour l'année qui s'annonce, je peux bien sûr souhaiter à tout le monde d'être en bonne santé, d'être heureux, mais j'aimerais surtout inciter à penser avec humour, à regarder les choses avec plus de dérision. Certes, on me rétorquera que ce n'est pas si simple : nous sommes bien d'accord, et je ne dis pas que j'y parvienne toujours moi-même. Mais je crois que l'humour est un élément essentiel de la vie et j'ai l'impression que tout autour de nous, le sérieux et la gravité nous ont trop envahis. Je suis persuadée qu'on peut rire de tout, et qu'on doit rire de tout, histoire que nos esprits ne se momifient pas. C'est pourquoi j'aimerais vous faire partager cette chanson, en espérant que l'année 2005 sera placée sous les auspices du rire : c'est la Java des bombes atomiques, et vous aurez compris qu'il s'agit de Boris Vian, qui comme tous les grands humoristes, utilisait le rire pour conjurer le tragique de la vie...

Ah la java des bombes atomiques, j'avoue que, personnellement, tout comme Anna, j'adore Boris Vian. Je ne sais pas ce qu'en pense Vaclav Richter, mais, à mon avis, et vous le connaissez aussi comme le spécialiste de la musique classique et de l'opera sur notre antenne, il va sélectionner un morceau beaucoup plus sérieux après vous avoir lu ses voeux... Mais j'ai l'impression qu'il tarde à arriver dans le studio, j'ai l'impression que Vaclav a décidé de prendre son temps cette année...

Est-ce possible que l'année prend fin ? Déjà ? J'ai l'impression que c'était hier que je vous ai souhaité santé et bonheur pour l'année 2004. Douze mois se sont écoulés donc avec une rapidité vertigineuse. La vie devient une suite d'images qu'on regarde par les vitres d'un train en marche, images qui se succèdent à un rythme effréné et ne nous laissent pas le temps de les regarder et de les apprécier. Et ce n'est pas bon parce que pour vivre vraiment il faut savourer la vie, il faut prendre son temps. Je vous souhaite donc pour l'année 2005 santé et bonheur et aussi le temps pour savourer la vie. Que votre vie ne manque pas de ces moments salutaires d'accalmie dans lesquels mêmes les choses ordinaires deviennent importantes et les petits plaisirs deviennent grands. Qui sait, c'est peut-être cela, le secret du bonheur. Et si vous trouvez du plaisir en écoutant Radio Prague, tant mieux.

Pas de musique classique cette fois-ci puisque c'est Yves Montand que Vaclav a choisi dans son impressionnante collection. Je pense que le collègue Alain Slivinsky aura quant à lui choisi une musique plus « folk », tel que je le connais. Et que vous souhaite-t-il pour l'année 2005 l'homme à la moustache et aux trois nationalités, tchèque, slovaque, et française ? Réponse d'Alain, qui est arrivé sans accrochage jusqu'à notre studio, cette fois-ci...

Cela fait bien longtemps, au temps où les petites Skoda, à côté des Trabant, étaient les reines des routes tchécoslovaques. En effet, on était encore au temps de l'ancienne Tchécoslovaquie. On était au dernier jour de l'année... laquelle, je ne vous le dirai pas, car je ne m'en souviens plus. Tout ce que je me rappelle est que dans l'après-midi de ce mémorable 31 décembre, il faisait quinze degrés au-dessus de zéro. Quelque chose de pas tout à fait normal pour la saison ! Avec mon épouse et des amis, nous attendions le soir avec impatience, car nous étions invités, avec toute une compagnie, à passer le Réveillon chez un ami, français, antiquaire de son état, dans sa chaumière, dans la merveilleuse région de Bela pod Bezdezem, non loin du chef-lieu de la Bohême de l'Est, Hradec Kralove. Arriva l'heure du départ, avec l'arrivée d'un ami italien qui nous emmenait en voiture. Incroyable mais vrai ! A quinze heures, il faisait soleil et quinze degrés. A vingt heures, alors que nous étions déjà sur la route, il faisait moins quinze degrés, avec une tempête de neige qui nous cachait même les bornes de la route ! A quelques kilomètres de Prague, ce fut l'accident, avec un dérapage, une sortie de route mais... rien de spécial pour les occupants de la Ford Taunus break qui nous transportait. En effet, mon épouse, toujours prévoyante, et sur les conseils de notre ami antiquaire (on ne sait jamais, le temps peut changer, il va faire froid, c'est à la campagne), nous avait munis d'édredons, d'oreillers en bonnes vieilles plumes et duvet. Bien que voyageant bien inconfortablement dans la voiture, si grande fusse-t-elle, entassés au beau milieu des édredons, nous les avons remercier, en sortant de la voiture défoncée, sortie du fossé par un tracteur, mais capable de nous transporter au lieu des réjouissances de la fin d'année ! Des réjouissances qui ne se sont vraiment déroulées que beaucoup d'heures après l'accident ! Le thème le plus évoqué était : « Oui aux édredons et oreillers en voiture... Ils peuvent vous sauver la vie ». Et c'était bien avant les airbags actuels !

Guillaume Narguet, le plus jeune des permanents de la rédaction, est rentré au pays pour les fêtes de fin d'année. Mais avant de partir en direction du Nord de la France à la frontière franco-belge, il a quand même tenu à vous présenter ses meilleurs voeux, en peignant le tableau de sa vie pragoise, loin de sa famille mais près de celle qui partage sa vie...

Le sourire de ma copine ensevellie sous sa chaude couette au moment d'aller se coucher. Quelques copains réunis autour d'une bière après chaque entraînement et le match de foot dominical, gagné ou perdu, des rires en cascade. Les jupes, les jambes et les sourires des demoiselles tchèques au retour du printemps et à l'apparition des premiers rayons de soleil. Ces couples de p'tits vieux qui se promènent main dans la main dans la verdure de la colline de Petrin, sur les hauteurs de Prague, simplement heureux de pouvoir encore profiter, ensemble, du chant d'un rossignol, du tambourinement d'un pivert ou des sauts d'un écureuil passant d'arbre en arbre. Un voyage en train jusqu'au fin fond de la Moravie. Là-bas, la messe du dimanche matin, le repas du dimanche midi, la sieste du dimanche après-midi. Des clichés ? Non. Cette année encore, ils auront été innombrables, ces petits moments de plaisir. Plus nombreux que tous les instants de doute ou de tristesse plus ou moins redoutés, mais sans lesquels on ne pourrait prendre pleinement conscience du bonheur qui nous entoure. Qu'il en soit également ainsi, pour vous, chers auditeurs, en 2005, et que cette joie de vivre vous accompagne tout au long de son cours. Avec ces voeux, voici une chanson d'un groupe amateur, celui de l'un de mes potes, Honza. « Pozor vlak » - « Attention au train ».

Merci aux amis de Guillaume pour leur contribution énergique à cette émission spéciale nouvel an. Mais je vois déjà la silhouette de Magdalena s'approcher du studio, Magdalena Segertova, qui, pour une fois depuis longtemps, ne porte pas de cartons, car cette fois ca y est, elle a fini son déménagement.

Je suis assise sur une terrasse. Sur la terrasse qui est au-dessus de mon nouvel appartement. Le froid me pique les joues. J'aime ça, comme j'aime rentrer du froid au chaud. Toute la ville s'étend devant moi. Comme il fait nuit, elle semble plus grande qu'elle ne l'est en réalité. La petite-grande ville, avec ses lumières, ses trams qui ressemblent, vu d'ici, à des chenilles et avec ses bruits lointains. En bas, des cartons non déballés m'attendent. Je pense à Emmanuelle Bernheim, à son roman, « Vendredi soir », où elle raconte un soir, une nuit de la vie de Laura, qui déménage le lendemain, pour commencer une nouvelle vie. Une nouvelle vie commence pour chacun d'entre nous, chaque 31 décembre au soir, déménagement ou pas. Hier, j'ai reçu, par e-mail, ce message : « La vie ne se mesure pas au nombre d'inspirations et d'expirations, mais au nombre de moments qui nous ont coupé le souffle. » Ce qui me coupe le souffle, à moi, ce sont des films, des livres, des sourires, des yeux souriants, des gestes, la neige qui craque, le froid qui pique les joues, le thé qu'on m'a préparé pour que je me réchauffe et beaucoup d'autres choses encore. C'est pas mal, quand j'y pense. Allez, je quitte la terrasse, je descends chez moi avant que le thé ne refroidisse. Il commence à neiger, la ville devient silencieuse. Pas dans la réalité, parce que c'est bien la Saint-Sylvestre, mais dans mon imaginaire. Je la veux ainsi, parce que c'est comme ça qu'elle me coupe, elle aussi, le souffle. Je rentre chez moi, pour retrouver les cartons, les livres, les yeux souriants, les gestes qui me sont chers. Je me dépêche. J'ai juste le temps de vous souhaiter... une très bonne année 2005!

Vous l'avez sûrement reconnue vous qui êtes fidèles à Radio Prague, la chanson choisie par Magda était interprétée par Zuzana Navarova, l'une des plus grandes chanteuses tchèques de la fin du 20è et du début du 21è siècle, décédée trop tôt cette année, à l'âge de 45 ans, des suites d'une longue maladie. Nous reviendrons à plusieurs reprises,sans aucun doute, sur le parcours de Zuzanna Navarova au cours de l'année prochaine. Mais il est grand temps désormais de passer la parole à Agnès Vaddé, autre membre franco-tchèque de la rédaction française de Radio Prague, et qui continue à collaborer fidèlement avec nous, notamment à la rubrique économique, pour laquelle je la remercie chaleureusement.

Il y a un an presque jour pour jour, j'arrivais de Paris, étape parmi d'autres de mon parcours quelque peu nomade, pour m'installer dans la ville aux cent clochers, Prague, et commencer en quelque sorte une nouvelle vie. Malgré mes origines tchèques, c'est pourtant la première fois, à 25 ans, que je vis réellement dans ce pays qui est aussi le mien. Cette année écoulée, année 2004, a donc été pour moi synonyme de découverte - un an à observer, sentir, comparer, un an pour se rendre compte des réalités de ce pays, pour mieux connaître Prague et ses habitants, et pour me sentir, par conséquent, « plus » tchèque, ou « moins » tchèque, selon. Difficile de résumer en un mot les impressions captées au cours d'une année, mais ce qui est peut être le plus frappant, c'est que les Tchèques - et Prague peut se caractériser de la même manière que ces habitants - sont semble-t-il fondamentalement spontanés, humains et simples. Leur approche très « nature » et cette sorte de rejet de la sophistication présent chez un grand nombre d'entre eux, est certainement l aspect le plus marquant, et aussi le plus agréable. Si je devais au contraire relever une caractéristique « négative », ou gênante, qui m'ait frappée pendant cette année, année des grands moments avec l'adhésion de la Tchéquie à l'UE, je parlerais du rejet en bloc de la sphère politique, nationale ou européenne, et du scepticisme corrosif envers les décideurs, éléments récurrents dans les conversations, et contre lesquels les arguments m'ont toujours fait défaut... Voici quelques impressions de mon année 2004 - je vous souhaite à tous une excellente année 2005, riche en découvertes, explorations, impressions...Avec Tom Waits, et Jersey Girl.

Après cet extrait de Tom Waits, choisi par Agnes, je passe tout de suite la parole à Jaroslava Gissubelova, qui a tenu, elle aussi, à vous présenter ses voeux:

Le tournant de l'année. Le temps où l'on regarde en arrière et aussi en avant. On récapitule l'année écoulée, et on attend avec un espoir l'année suivante. Sera-t-elle meilleure ou pour le moins pas pire, que celle qui se termine? Je souhaite à nous tous qu'elle soit bonne et heureuse, que nous puissions vivre nos petites joies et nos petites pertes en bonne santé. Que nous soyons plus attentifs, plus solidaires envers l'autre, que nous sachions distinguer ce qui compte, se réjouir des choses essentielles et simples de la vie. Si vous êtes de ceux qui font de bonnes résolutions, je vous souhaite beaucoup de force pour les réaliser. Que tous vos rêves soient accomplis, en 2005. Fêtons en paix l'arrivée de la nouvelle année, que ce soit en douceur, chez soi, seuls ou avec nos proches et amis, soit dans les rues où notamment les jeunes, en commun avec des touristes venus très nombreux pour l'occasion, célèbrent bruyamment les coups de minuit en chantant, en s'embrassant et en ouvrant des bouteilles de champagne. A votre santé, chers amis auditeurs, meilleurs voeux et de bonnes retrouvailles en 2005.

Avant de laisser le dernier mot à Alena Gebertova, il ne me reste plus qu'à vous remercier de nous avoir suivi en ce jour de fête. Je dois dire que ce fut un plaisir de présenter cette émission, assisté comme presque toujours par Jarka Fikerlova à la réalisation et Ales à la technique. Cela fait maintenant un an exactement que vous entendez ma voix sur Radio Prague, j'espère qu'en un an elle est devenue plus audible pour vous. En tout cas pour moi c'est un plaisir de vous faire découvrir un peu plus ce pays qu'est la République tchèque, un pays dans lequel je me suis installé depuis deux années. Mon premier séjour remonte, lui, à quinze ans, quasiment jour pour jour. Jeune adolescent, j'avais alors assisté au premier discours de Vaclav Havel en tant que président, sur le balcon du château de Prague. Souvenir indélébile, c'est sans aucun doute ce souvenir qui m'a incité à revenir vivre en Bohême. Et cela me donne ici l'occasion d'en remercier ma famille, mes parents, qui avaient tenu à m'emmener avec eux pour me faire vivre ces journées historiques de l'année 1989. Je leur souhaite une très bonne année s'ils m'écoutent en France, ainsi qu'à vous tous, où que vous soyez dans le monde.

N'hésitez pas à nous contacter par mail à [email protected] ou par courrier à l'adresse Vinohradska 12, 12099 Prague 2, République tchèque. Tout de suite musique, avec un jeune talent très prometteur, Gipsy, rapper rom tchèque, et un extrait de son album intitulé en anglais « Ya favourite CD rom » - ton CD rom préféré - c'est du hip hop tzigane...

Alena, le mot de la fin t'appartient:

Jeunes ou moins jeunes, on ne s'en lassera jamais... Il y a tellement de choses que l'on rêve, espère, souhaite à soi même et à ses amis, proches ou lointains, avec l'arrivée de la nouvelle année : des rencontres intéressantes... de nouveaux amours... des amours pérennes... de la neige en hiver, du soleil en été... des vendeuses plus souriantes... moins de pub stupide à la télé... des rivières propres... des routes plus sûres... des fous rires avec des copains... de beaux films... un métro moins bondé... des voisins gentils... un boulot gratifiant... A chacun selon son goût... Je souhaite, aussi et surtout, de la sérénité et de l'humour à tous ceux à qui le monde d'aujourd'hui, avec ses échauffourées politiques, ses conflits militaires et ses catastrophes naturelles, pèse trop. Qu'ils gardent leur intérêt et leur curiosité pour toutes les couleurs et toutes les facettes de la vie, aussi compliquée soit-elle. Et, en pensant à nos auditeurs et lecteurs, si je dis curiosité, j'entends notamment celle pour la République tchèque. Pays qui a vécu, en 2004, un événement capital, en glissant, mine de rien, dans la maison européenne. Le rêve de toute une génération des Tchèques, un rêve paraissant impossible, sous la botte communiste, s'est ainsi vu accomplir.

L'année 2005 sera-t-elle bonne et heureuse ? Je le souhaite, je vous le souhaite de tout mon coeur. Et je lève mon verre en chantant, comme le font à de pareilles occasions les Moraves qui, comme le disent les Tchèques avec un brin de jalousie, "possèdent un formidable goût de vivre" : nezapomente sa napit - n'oubliez pas de boire un pot...