Branlebas de combat sur le sucre
La Commission européenne a présenté, la semaine dernière, un projet de réforme radicale du régime communautaire du sucre, un secteur sensible de l'agriculture et de l'industrie alimentaire. La Tchéquie, comme d'autres pays, proteste.
Pourquoi une réforme du régime communautaire du sucre, au sein de l'Union européenne ? Parce que le régime actuel est fortement critiqué pour une mauvaise répartition des ressources, des obstacles à la concurrence, des préjudices aux pays en développement, des injustices envers les consommateurs, les contribuables et l'environnement. Pour simplifier, on produit trop, à des prix trop élevés qui sont, encore subventionnés par le contribuable européen, par le biais du budget de l'Union.
Remède proposé par la Commission européenne, le 14 juillet ? Un régime qui serait axé davantage sur les marchés, les consommateurs et les échanges. Le projet propose de réduire substantiellement les exportations de sucre et les restitutions à l'exportation, de supprimer l'intervention, de limiter la production communautaire de sucre et le prix intérieur du sucre et d'accorder une aide découplée aux producteurs de betterave sucrière. Mise en oeuvre de la réforme : 2005 sur une période de quatre ans. Evaluation de l'impact en 2008.
A Bruxelles, le ministre tchèque de l'Agriculture, Jaroslav Palas, a formulé quelques retenues à l'égard de cette réforme. D'autres pays se sont joints aux critiques, surtout les nouveaux membres. Selon les sources diplomatiques, le ministre tchèque a surtout critiqué le fait que la Commission ait calculé les quotas de production de différentes manières pour les anciens membres et les nouveaux membres. Les conséquences pour le marché du sucre et de la betterave sucrière tchèque seraient catastrophiques : la Tchéquie, un exportateur traditionnel de sucre, depuis les temps de l'empire austro-hongrois, deviendrait un importateur. Selon le ministère de l'agriculture, même si la Commission européenne préconise un niveau égal de compensation pour les anciens et nouveaux membres, cela ne résout pas le problème, car la Tchéquie ne jouirait plus de son autarcie dans la production du sucre, après une baisse imposée par Bruxelles de sa production de sucre. Pour cela, il faudrait que les nouveaux membres de l'Union européenne bénéficient de la même méthodique dans le calcul des quotas que les anciens membres. En Slovaquie, par exemple, la situation est semblable : comme son homologue tchèque, le ministre de l'Agriculture, admet que la réforme est indispensable, que son objectif est de diminuer le prix du sucre à la consommation. En raison de la différence de niveau du pouvoir d'achat de la population, entre la Slovaquie et des pays comme la France ou l'Allemagne, par exemple, avec l'application de la réforme sous son apparence actuelle, le prix du sucre pourrait tripler.
Même situation en Tchéquie, en Slovaquie, en Pologne, dans les Républiques baltes, dans le cas où les quotas de production subventionnée n'y seraient pas calculés selon les règles utilisées pour les anciens membres. Réforme indispensable pour parer à la concurrence mondiale, certes, mais pas en désavantageant les producteurs de sucre européens face à la concurrence mondiale, surtout ceux des pays qui sont devenus membres de l'Union européenne à compter du 1er mai 2004.