Čačikano, 1er Festival du film tzigane à Prague

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La première édition du festival du film tzigane se tient ces vendredi et samedi à Prague, au cinéma Světozor. Intitulé « Čačikano », le festival offre un panorama de films ayant chacun une conception différente de la thématique traitée. Accompagné d’autres événements culturels, le programme entend proposer un nouveau regard sur la culture tzigane en Europe de l’Est.

La culture tzigane possède de nombreuses formes. Organisée par le Centre européen de la musique tzigane, le festival Čačikano a pour objectif de modifier la perception stéréotypée que la majorité des Tchèques peuvent avoir des Roms en présentant la richesse de cette culture tzigane. Directrice du festival, Alžběta Jílková précise sur ce point :

« L’intérêt de notre festival est de présenter les Roms sous une lumière positive. Nous réfutons la perspective stéréotypée selon laquelle les Roms ont des difficultés d’intégration et sont dans une mauvaise situation financière. Nous avons cherché des histoires qui présentent les Roms avant tout comme de véritables êtres humains. C’est pourquoi nous avons choisi ce titre ‘Čačikano’, un mot de romani qui signifie vrai, réel ou véritable. »

'Shanghai',  photo: Arsmedia
Parmi les onze films figurant au programme, venus de République tchèque, Hongrie, Slovaquie, Slovénie, Roumanie, Serbie et même d’Union soviétique, figure notamment « Shanghai », un film slovène projeté en République tchèque pour la première fois. Les films sont répartis en quatre catégories. La première présente avec humour la vie quotidienne des Roms, comme dans « Shanghai » précisément avec l’histoire d’un jeune homme qui décide de fonder son propre village, ou dans « Discrict ! », un dessin animé qui se veut être une version revisitée de Roméo et Juliette. Dans cette comédie, les deux amoureux de Shakespeare prennent l’apparence de jeunes Roms vivant à Budapest.

'Discrict !'
Le festival propose aussi des documentaires sur les sportifs rom qui ont réussi, comme le boxeur Stanislav Tišer, ou des films qui emmènent le public dans le monde magique des musiciens tziganes. Enfin, la dernière catégorie comprend des films tournés entre 1920 et 1970, diverses œuvres qui ont influencé l’image des Roms en Europe et qui présentent comment la thématique tzigane était traitée à cette époque.

Hormis les films, le festival propose d’autres événements visant à dresser un tableau d’ensemble de la culture tzigane. Alžběta Jílková éclaircit le programme qui complète les projections :

Renáta Berkyová,  photo: Jana Šustová
« D’abord, nous organisons vendredi soir une dégustation de spécialités culinaires tziganes après l’ouverture du festival, le tout sur fond de jazz manouche. Et samedi, nous aurons un concert du rap, puis nous accueillerons deux écrivains qui viendront présenter leurs œuvres. Il s’agit de Renáta Berkyová, une jeune poète tzigane, et de Ladislav Husák avec sa première nouvelle intitulée ‘Žurka’. »

Avec pour slogan de cette première édition « ... parce que le noir et blanc est déjà trop rétro », les organisateurs souhaitent que le Festival du film tzigane devienne une tradition qui, selon son initiateur Jiří Korman, pourrait engendrer un dialogue interculturel indispensable pour une meilleure assimilation des Roms dans la culture tchèque. Si son avenir est pour l’heure encore dans les étoiles, une chose est sûre cependant : le festival propose de vivre quelques moments inhabituels et de découvrir une riche culture loin d’être oubliée.