Certains trouvent Vaclav Klaus "de plus en plus amusant"
Les propos de Vaclav Klaus, président de la Chambre des députés tchèques, devant le Parlement européen au grand complet, ont soulevé un tollé d'indignations et de protestations, tant au sein de la classe politique que des milieux sociaux tchèque, toutes tendances confondues. Par Omar Mounir
Il faudrait préciser que Vaclav Klaus, ensemble avec ses collègues d'autres pays candidats, était présent au Parlement européen, mercredi dernier, sur invitation de la présidence de cette assemblée, Nicole Fontaine. C'est dans ce cadre qu'il a cru bon d'inviter les parlementaires à arrêter le processus d'intégration européenne, et à retourner au modèle d'une Europe divisée et à parlements forts.
Pour le Premier ministre tchèque, Milos Zeman, les propos de Klaus ne pourraient en aucun cas compliquer le processus d'admission à l'Union. Il considère que Klaus ne pouvait représenter que lui-même, voire son parti, et que ses paroles prouvent tout simplement que la Tchéquie est une société pluraliste. Aucun discours, a conclu Zeman, ne saurait compromettre le rapprochement avec l'Union européenne. En revanche, son ministre des A.E., Jan Kavan, lui, s'inquiète, estimant que si les propos de Klaus laissent comprendre qu'il a parlé au nom du Parlement, ce serait dommage et même préjudiciable. Ce sentiment, le vice-Premier ministre et président des sociaux-démocrates, Vladimir Spidla, ne le partage pas. Pour lui, les paroles de Klaus, à elles seules, montrent qu'il ne représente pas la Chambre.Il faudrait reconnaître, que pour la première fois, Vaclav Klaus a réussi à réunir contre lui tous les partis politiques représentés au Parlement, y compris les communistes. Seul le parti républicain tchèque, à tendance fasciste, non représenté au Parlement et pratiquement agonisant, serait d'accord avec les propos de Klaus. Autrement, le communiste Vojtech Filip estime que le discours de Klaus est électoraliste et est destiné à la consommation interne. Le chef des chrétiens-démocrates, Cyril Svoboda, a déclaré que les membres de son parti sont choqués et déçus, Klaus ayant fait prévaloir, devant le Parlement européen, son opinion sur celle de toute la Chambre.
Josef Vesely, signant sur cet incident une analyse dans le quotidien pragois Hospodarske Noviny, dédramatise en soulignant qu'une opinion isolée dans une démocratie n'a rien de grave. Il ajoute que, s'agissant de Vaclav Klaus, les députés européens le connaissent et ses paroles ne leur apportent rien de nouveau. Il évoque à ce propos une déclaration, lundi dernier déjà, du commissaire européen, Günter Verheugen, qui trouve Vaclav Klaus "de plus en plus amusant".
Et quel est l'avis d'un journaliste francophone indépendant? Josef Broz au micro d'Astrid Hofmanova.
Resumé de l'entretien:
Selon Josef Broz, le discours du chef du Parlement tchèque devant le Parlement européen était absolument scandaleux parce qu'il n'était pas invité là-bas en tant que personnalité indépendante ou en tant qu'économiste, mais en tant que président de la Chambre des députés. Le comportement de Vaclav Klaus s'inscrit dans sa stratégie à long terme. Il poursuit la ligne du conservatisme pur de la baronne Thatcher et il se voit déjà dans des manuels scolaires en tant qu'unique conservateur. C'est absolument inadmissible qu'un représentant tchèque se comporte de cette façon.
Le Président Havel a réagi lui aussi à l'intervention de mercredi de Vaclav Klaus. Dans une lettre envoyée à la Chambre des députés, il lui demande de s'exprimer sur les propos de Klaus. « Je veux savoir si le président de la Chambre a parlé au Parlement européen en votre nom et s'il a exprimé un avis partagé par la majorité d'entre vous ». C'est par ces paroles que Vaclav Havel s'est adressées aux députés de la Chambre basse... La récente présence de Vaclav Klaus à Bruxelles a été au programme des assises de celle-ci, ce vendredi déjà, au lieu de mercredi prochain, comme prévu.