ČEZ menacée et Energo-pro condamnée : les rapports s’électrisent entre la Bulgarie et les compagnies tchèques
La tension qui règne en Bulgarie après des mois de manifestations a atteint les compagnies de production et de distribution d’énergie tchèques ČEZ et Energo-Pro. Leur omniprésence sur le marché bulgare de l’électricité a fait des étincelles dans la population qui a fait du coût de l’énergie le point de départ de la contestation populaire. Cinq mois plus tard, ČEZ est toujours menacée et Energo-Pro écope d’une condamnation pour abus de monopole.
« Bien sûr que nous allons nous défendre, car cette décision est illégale et va à l’encontre des règles en vigueur en Bulgarie. Nous avons multiplié les rencontres avec les services de la ville et les organismes de régulation et ils savaient tous que nous avions fait les démarches nécessaires et que nous avions le droit de couper l’approvisionnement. Donc nous préparons notre défense, nous allons porter plainte auprès de la Haute cour de justice. Evidemment nous avons la loi pour nous et nous sommes sûrs que nous gagnerons. »
C’est la société ČEZ qui avait ouvert le bal en février en se voyant menacée par un gouvernement au bord du gouffre de se voir retirer sa licence d’exploitation. Le gouvernement est tombé ; ČEZ devait garder sa licence mais restait sous le coup de plusieurs procédures administratives concernant des dysfonctionnements et devait s'acquitter d’une amende de 200 000 couronnes (7 700 euros) pour fraude sur les appels d’offres. Cette semaine, le bureau de régulation de l’énergie bulgare annonçait qu’il continuait finalement d’examiner la possibilité de lui retirer sa licence. Vu le climat politique qui règne en Bulgarie depuis le début des manifestations en janvier et à l’approche des élections législatives anticipées qui se tiendront dimanche prochain, le rejet des compagnies étrangères par la population d’abord puis par la classe politique n’est pas forcément étonnant. Il n’étonne en tout cas pas le spécialiste en énergie Michal Šnobr :« Si quelqu’un veut trouver un problème quelque part il en trouvera un. Mais nous savons tous que ce problème en Bulgarie touche à la situation post-électorale et le sujet du prix de l’énergie est très sensible. Ici il n’est pas question d’une quelconque faute de ČEZ, il s’agit de savoir ce qu’il se passe en Bulgarie. Et je pense que ces problèmes touchent d’autres pays. »Energo-Pro, deuxième victime étrangère du climat social électrique qui règne en Bulgarie, n’a en tout cas pas l’intention de se laisser faire. Pour Jiří Krušina, Energo-Pro est dans son droit et a toutes les raisons de défendre sa présence sur le marché bulgare :
« Nous ne pouvons pas et nous ne tolèrerons pas les clients qui ne payent pas, cela pourrait mettre en danger nos relations avec tous les autres clients qui payent leurs factures d’énergie et qui je pense sont satisfaits de notre travail. »
Le Premier ministre tchèque et son ministre de l’industrie s’inquiètent de voir la dégradation de la sécurité économique des entreprises sur le marché bulgare et espèrent que le pays se souviendra rapidement des obligations astreintes par son appartenance à l’Union Européenne. ČEZ et Energo-Pro ne sont d’ailleurs pas seules, la société autrichienne EVN, troisième et dernière entreprise étrangère sur le marché bulgare de l’énergie, est, elle aussi, prête à engager des poursuites internationale contre la Bulgarie si ses dirigeants persistent à prendre des décisions qui punissent les investisseurs étrangers dans le seul but de calmer sa population.