Energie : la société ČEZ dans la tourmente balkanique

Photo: Archives de Radio Prague

Le weekend a été agité en Bulgarie, avec plusieurs manifestations dans une quinzaine de villes du pays. En cause : la hausse du prix de l’électricité et les contrats des compagnies étrangères, en particulier la compagnie tchèque d’électricité ČEZ et sa consoeur autrichienne EVN, avec le gouvernement bulgare.

Photo: Archives de Radio Prague
Décidément, l’hiver est rude pour ČEZ. Après un contentieux en Albanie qui l’oblige à demander un arbitrage international, c’est maintenant en Bulgarie que les ennuis commencent. Implantée depuis 2005 dans le pays, ČEZ partage le marché national avec une autre compagnie tchèque, Energo-Pro, et la société autrichienne EVN. Ils étaient trois cents à Burgas, 2000 à Plovdiv, 500 à Sofia, 3000 à Blagoevgrad... Et c’est avec les slogans « Auf Wiedersehen EVN », « au revoir EVN », ou encore « ČEZ, mafia ! » que ces milliers de manifestants ont fait entendre leur colère devant l’augmentation importante de leurs factures d’électricité cet hiver. Ils réclament la nationalisation des fournisseurs d’énergie ainsi que la publication des contrats de ces entreprises avec le gouvernement.

Les sociétés ČEZ et EVN se défendent de toute hausse inconsidérée de leurs tarifs. Selon la porte-parole de ČEZ, Barbora Půlpánová, qui s’est exprimée à la Télévision tchèque, il ne s’agit que d’une hausse normale dûe à l’hiver rigoureux et aux jours fériés.

« Le facteur principal est lié au mois de décembre : plus précisément l’augmentation des factures est due à un hiver plus froid que d’habitude, à une plus grande consommation pendant la période de Noël ainsi qu’à une prolongation de la période facturée à cause des jours fériés. Une commission a contrôlé plus de cinq cents réclamations en coopération avec ČEZ et elle n’a trouvé aucune faute. »

Photo: Tomáš Adamec,  ČRo
Le ministre de l’énergie Deljan Dobrev, pris à parti à Sofia par les manifestants rassemblés devant son ministère et armés de boules de neige, soutient les arguments de ČEZ et EVN. Bien qu’il soit conscient de l’augmentation que cela représente dans le budget des ménages, il n’y trouve pas nécessairement à redire. Il a cependant promis que son ministère contrôlera les facturations incriminées et évaluera l’opportunité de légiférer sur l’énergie. « Si cela s’avère nécessaire nous irons jusqu’à changer la législation. Nous voulons nous assurer que les founisseurs d’électricité garantissent un véritable service de qualité » a déclaré le ministre lors de la conférence de presse qui a suivi les manifestations. La porte-parole de ČEZ a elle-même rappelé que les prix de l’énergie sont fixés par la législation bulgare, et que ceux-ci sont les plus bas de toute l’Union Européenne. Cependant malgré ces prix « les plus bas », la Bulgarie n’en reste pas moins le pays le plus pauvre de l’Union Européenne. La question de l’énergie et de son coût est un sujet très sensible en Bulgarie. Dans ce pays en proie au chômage et à l’inflation, la hausse des tarifs de l’énergie représente une difficulté supplémentaire pour les ménages. Finalement pour l’analyste en service énergétique Jiří Gavor, interrogé par la Télévision tchèque, toute cette affaire est surtout le résultat d’une mauvaise communication de la part de ČEZ :

« Je dirais que ces problèmes sont surtout le fruit d’un manque d’information. Si ČEZ avait envoyé avec la facture une lettre expliquant que l’augmentation n’est pas dûe à une augmentation des tarifs mais à une prolongation de la période comptable, l’entreprise aurait évité pas mal de problèmes. »

Pour ČEZ, qui est actuellement actionnaire majoritaire dans deux entreprises de distribution d’électricité, qui possède entièrement la centrale électrique de Varna et qui maîtrise ainsi 40% du marché bulgare, cette nouvelle affaire n’est pas anodine. Déjà peu populaire dans les Balkans après son contentieux avec le gouvernement albanais, l’entreprise tchèque pourrait bien faire les frais de ce climat de tensions... électriques.