Chemin Neuf, une communauté catholique œcuménique pour la réconciliation et l’unité
A l’occasion de cette journée de veille de Noël, nous vous proposons de découvrir Chemin Neuf, une communauté catholique œcuménique d’origine française qui, depuis sa création à Lyon en 1973, a essaimé dans le monde entier. En République tchèque aussi, la communauté du Chemin Neuf est présente : avec une quarantaine de membres dans tout le pays, son centre se trouve à Tuchoměřice, un petit village situé à une dizaine de kilomètres de Prague, non loin de l’aéroport.
« Au nom du père, du fils et du Saint-Esprit. »
« Amen. »
La messe se poursuit pendant une petite demi-heure entre lecture des textes saints, chant et sermon. Ici, à Tuchoměřice, on communie sous les deux espèces, avec le pain et le vin. Une concession au rite catholique traditionnel qui rappelle la vocation œcuménique de la communauté, comme l’explique le père Alain :
« La communauté est catholique à vocation œcuménique. C’est-à-dire que son statut est catholique, elle est reconnue par l’Eglise catholique, la majorité de ses membres sont catholiques, mais il y a aussi des membres d’autres Eglises, de l’Eglise protestante, orthodoxe, anglicane, en fonction des pays où l’on se trouve… En Angleterre par exemple, la majorité de la communauté est anglicane, en Allemagne il y aussi beaucoup de protestants. Ici, en République tchèque, les protestants sont moins nombreux, mais actuellement on a un étudiant protestant, qui n’est pas officiellement membre de la communauté, mais qui vit avec nous. Il étudie, donc il n’est pas là toute la journée, mais quand il est là, il participe à notre vie communautaire. On a eu aussi pendant sept ans une sœur protestante française qui était à plein temps avec nous. »La communauté du Chemin Neuf est une organisation un peu particulière au sein de l’Eglise catholique : elle est en effet composée à la fois d’hommes et de femmes ayant fait vœu de célibat, mais également de couples qui ont décidé de vivre autrement et surtout d’assumer leur foi au quotidien, dans les moindres détails. Dita Drozdová fait partie de ces laïcs engagés dans la communauté. Elle a accepté de se présenter en français, avant de poursuivre en tchèque :
« Je m’appelle Dita Drozdová, mon mari s’appelle František. Nous sommes mariés depuis douze ans, nous avons trois enfants. Nous sommes tchèques, mais nous avons habité plus de deux ans en France. Nous sommes engagés dans la communauté depuis neuf ans et nous vivons à plein temps au sein de la communauté. »Responsable économique de la communauté de Tuchoměřice, Dita a découvert la communauté du Chemin Neuf dans les années 1990 :
« J’ai découvert la communauté grâce à un week-end pour les jeunes organisé en République tchèque en 1996. C’était le tout premier week-end pour les jeunes lancé par la communauté dans le pays. Pour nous, ça a été une expérience incroyable : tout le week-end m’a marquée à vie. Je suis une convertie, et jusqu’alors je cherchais un moyen de connecter ma vie normale et Dieu. Je ne voulais pas être une chrétienne qui vit sa vie professionnelle et va à l’église le dimanche. Quand j’ai participé à ce week-end, j’ai réalisé que la communauté le permettait, que c’était quelque chose de possible. »
C’est aussi un peu grâce à la communauté que Dita et František, originaires de la même ville, se sont rencontrés. František Drozd travaille en tant qu’électricien et « homme à tout faire » dans la communauté à Tuchoměřice :
« C’est lors d’un séjour à l’abbaye d’Hautecombe, dans les Alpes en France, que j’ai découvert la communauté. Je chantais dans une chorale. C’est là que je suis tombé amoureux de la communauté. Il y avait beaucoup de jeunes et quelque chose qui m’a profondément marqué s’y est passé. A mon retour, je me suis demandé ce que je devais faire avec cette expérience forte. Mais à cette époque-là, nous avons commencé à construire notre relation avec ma femme, donc j’ai laissé cette question de côté. Je me suis occupé de fonder une famille. Nous nous sommes mariés en septembre 2000, puis notre premier enfant est né un an après. Nous avions beaucoup de préoccupations, mais l’expérience de la communauté était toujours en moi. Au bout de trois ans, nous nous sommes demandé comment allier notre vie et la communauté. Je savais que quelque chose me liait à la communauté, mais je ne savais pas quoi. La seule chose que je savais, c’est que je voulais mieux la connaître. »A l’origine de la communauté du Chemin Neuf, il faut revenir en France au début des années 1970, comme le rappelle le père Alain Cleyssac :
« La communauté du Chemin Neuf est née à Lyon, en 1973, d’un petit groupe de prière né du renouveau charismatique qui se développait à cette époque-là en France. Le groupe de prière comptait au départ plusieurs Jésuites, dont un jeune prêtre jésuite qui venait d’être ordonné, le père Laurent Fabre. C’était un groupe œcuménique : il y avait des catholiques et des protestants. Il y avait un petit groupe de personnes qui sentaient qu’ils avaient besoin d’aller plus loin. Ils se retrouvaient toutes les semaines pour prier, le mardi soir. D’ailleurs, jusqu’à maintenant, il y a toujours ce moment de prière le mardi soir dans la communauté. Ils sentaient que, une fois par semaine, ce n’était pas assez, ils avaient envie de se retrouver et de prier plus régulièrement, de vivre ensemble. En lisant les Actes des Apôtres, ils se rendaient compte que les premiers chrétiens vivaient vraiment ensemble, qu’ils avaient une vie communautaire et fraternelle. Ils ont cherché un lieu. Comme ils n’avaient pas d’argent, ils ont cherché un lieu qu’on pourrait leur donner et ils ont trouvé une maison abandonnée qui se trouvait 49 montée du Chemin Neuf à Lyon. Ils ont commencé à y vivre. Ils ont longtemps cherché le nom de leur communauté avant de se rendre compte que leur adresse n’était pas mal, ‘chemin neuf’ pour désigner une communauté nouvelle où des hommes et des femmes vivaient ensemble, alors que, normalement, dans l’Eglise, les communautés ne sont pas mixtes. Petit à petit, d’autres couples se sont joints à eux et ont voulu vivre la même chose. Ils se sont dit : pourquoi pas ? » De là naît une communauté aujourd’hui présente dans une trentaine de pays et comptant près de 2 000 membres à travers le monde. A Tuchoměřice, c’est une petite dizaine de membres permanents qui vivent au sein de Chemin Neuf. Les bâtiments sont un ancien monastère jésuite datant de l’époque baroque : confisqué sous le communisme, transformé en hôpital puis laissé à l’abandon pendant douze ans, il a été rendu à l’Eglise par le ministère de la Santé à la fin des années 1990. Et c’est en 1998 que la communauté du Chemin Neuf a pu enfin s’installer dans les locaux. Le père Alain Cleyssac nous fait le tour du propriétaire. Nous arrivons dans l’église baroque qui ne sert que lorsque la température le permet :AC : « Ici, ce passage était muré quand on est arrivés. L’entrée a sans doute existé avant, à l’époque des sœurs de saint Charles Borromée, quand elles ont fondé l’hôpital. Quand on est arrivés, il fallait faire le tour par l’extérieur pour entrer dans l’église, mais on a rouvert ce passage qui communique directement du monastère à l’église par la sacristie. »
Ah, c’est le signal de l’alarme qu’on entend…
AC : « Oui. Et voici donc l’église du monastère qui est aussi l’église paroissiale. Elle a été construite par les Jésuites. C’est une église baroque typique pour Prague. Toutes les peintures sont en trompe-l’œil et assez bien réussies. C’est vraiment le style jésuite. Et c’est véritablement une église jésuite : à côté de saint Pierre et saint Paul, autour du maître-autel, on a saint Ignace et saint François-Xavier, des saints jésuites. Le monastère et l’église étaient jésuites : comme la communauté du Chemin Neuf est une communauté ignacienne, on recueille cet héritage. »
Et là, on est en train de se balader à l’intérieur du bâtiment principal…AC : « C’est le monastère. »
Il y a plein de portes, ce sont des chambres ?
AC : « Là, on est dans la partie nouvelle, qui a été faite il y a trois - quatre ans. »
Pourriez-vous me décrire à quoi ressemble une chambre, et à qui ces chambres sont-elles destinées ? Ce sont pour les personnes qui font des séjours courts au sein de la communauté ?
AC : « Ce sont soit des week-ends, pour les couples, les jeunes, soit des semaines, en particulier des retraites, des exercices spirituels que nous proposons selon la règle de saint Ignace, en silence. La plupart des chambres sont donc utilisées quand on a des sessions avec des gens qui viennent de toute la République tchèque. Celle-là, c’est une des plus petites, une des plus récentes aussi, puisqu’elle se trouve dans la partie qui a été rénovée il y a quatre ans, où les chambres sont, d’une certaine façon, plus ‘luxueuses’ avec un parquet. Avant, elles étaient au sous-sol, il a donc fallu éclairer le couloir, créer une fosse anglaise pour pouvoir l’éclairer. Toute la partie du bas comprend trois chambres, plus une chapelle et une grande salle à manger. Cette partie nouvelle nous aide beaucoup, notamment la grande salle à manger qui permet d’accueillir jusqu’à cent personnes, en serrant bien. Ca nous manquait. Avant, on n’avait qu’une petite salle à manger au rez-de-chaussée. Ainsi, on peut un peu séparer les groupes de la vie communautaire à proprement parler. »Dita, vous êtes l’économe de la maison, c’est vous qui tirez les cordons de la bourse. Comment est financée la communauté ? Le père Alain disait que la communauté accueillait des groupes, mais il faut bien les loger, les nourrir, etc.
DD : « Il y a plusieurs sources de financement. Une partie est issue des revenus de notre mission. Cela veut dire que les jeunes ou les couples qui viennent pendant les week-ends que nous organisons apportent une contribution. Ensuite il y a les groupes externes, lorsque l’on accueille par exemple une école pour trois jours. Eux aussi doivent débourser une certaine somme. Il y a également les fonds issus de ce que les membres de la communauté gagnent eux-mêmes. Par exemple, le père Alain reçoit un salaire en tant qu’administrateur et gérant de la communauté et reverse son salaire à la communauté. Il y a aussi les dons des membres qui vivent dans le monde. Nous ne pouvons pas couvrir tous nos frais seuls, donc il y a une partie du financement qui nous vient de la communauté en France. Enfin, en ce qui concerne la restauration du monastère, nous faisons appel aux fondations, aux programmes de subventions. Par exemple, nous avons reçu de l’argent du ministère de la Culture. »Ici, on se trouve où ?
AC : « C’est la chapelle de la Croix. Elle est nouvelle et se trouve dans la partie qui a été rénovée il y a quatre ans. C’est une deuxième chapelle ; nous en avons une au premier étage, mais c’est bien d’en avoir deux quand il y a des groupes. »Cela veut dire qu’il y a deux chapelles et l’église…
AC : « Oui. On a voulu que cette chapelle soit aussi plus œcuménique dans le sens où il n’y a pas ici le Saint-Sacrement comme dans la chapelle du premier étage, ce qui permet aux protestants d’être plus à l’aise quand ils prient. Ils n’ont pas le Saint-Sacrement, pas de réserve eucharistique, donc ils peuvent parfois être un peu gênés quand ils voient qu’il y a cette présence eucharistique dans la chapelle où on prie. Donc ils ont la possibilité de venir ici. Cette chapelle est également symbolique pour nous : on a laissé une partie du rocher visible parce que c’est le rocher sur lequel est bâti le monastère. Cela nous rappelle ce passage de l’Evangile qui dit que la maison qui est bâtie sur le roc, sur la foi, c’est-à-dire sur Jésus-Christ, ne sera pas détruite. » DD : « Ici, on est à la cuisine. On dirait que tout est prêt, et que le repas attend dans le chauffe-plats. Lui, c’est Honza, il est en train de couper les tranches de fromage pour le dîner des familles. »Que mange-t-on aujourd’hui ?
DD : « Là, c’est le menu. Aujourd’hui, c’est soupe à la tomate, riz et poulet à l’espagnole. »
Et là, c’est un livre de recettes ?
DD : « Oui, un livre de cuisine génial. Vous voyez qu’il a beaucoup été utilisé. Il y a les quantités qui sont indiquées, donc on sait combien de grammes on doit mettre par personne, afin de savoir la quantité à préparer pour vingt ou cent personnes. »Le déjeuner pour la communauté est préparé pendant la matinée et il se prend dans une petite salle à manger juste après la messe de midi. Ensuite, tout le monde retourne à ses occupations au sein de la communauté. Dita et František, eux, ne vivent pas dans la maison de Tuchoměřice : ils habitent avec leurs enfants à trois kilomètres de là dans une autre maison appartenant à Chemin Neuf. Pour František, la vie dans la communauté est avant tout un choix de vie :
« Ce qui est important pour moi, c’est que je peux être avec Dieu chaque jour. Le matin, en compagnie des frères et des sœurs, nous commençons par les Laudes, nous prions ensemble. C’est le temps de l’adoration. Nous vivons ensemble la messe. Nous mangeons ensemble, travaillons ensemble. Nous pouvons évangéliser ensemble. Toutes ces choses, c’est un style de vie que nous avons tous choisi, que nous aimons. Quelqu’un a dit récemment que nous avions tous été contaminés par le même virus ! C’est un virus qu’on peut appeler spiritualité et qui nous rassemble tous. »Un style de vie qui se combine avec la vie quotidienne, comme le décrit Dita :
« Je me lève à 6h00 le matin. Je prépare le petit déjeuner pour la famille et je réveille les enfants. Les deux plus âgés partent à 7h00 pour l’école, la plus jeune va à la maternelle où je l’amène vers 7h30 avant de me rendre vers 8h00 à Tuchoměřice. Là, j’ai le temps de faire une prière personnelle, puis à 8h30 commencent les Laudes avec la communauté. A 9h00, on commence tous à travailler. Je suis l’économe de la maison, donc je fais plutôt un travail de bureau. A midi, c’est la messe, puis le repas, puis le travail. Vers 16h00, je vais chercher ma fille à la maternelle, je rentre à la maison où il faut faire les devoirs avec les enfants, la lessive, préparer le dîner. František rentre vers 18h30, nous dînons, puis soit nous avons un programme avec la communauté, soit nous passons la soirée avec les enfants. »
Pour tous les fidèles chrétiens à travers le monde, la période de l’Avent et de Noël est évidemment un moment important dans le calendrier de l’année liturgique. Dans la communauté du Chemin Neuf, cette période se fête en commun, puis en famille, comme le précise le père Alain :
AC : « Pendant la période de l’Avent, on essaye de se préparer spirituellement à l’accueil de Jésus. Souvent, il y a un petit changement de rythme, on ajoute un temps de prière ou un temps d’adoration. Pour nous, l’Avent, ce n’est pas seulement les achats ou les cadeaux, mais vraiment une préparation spirituelle. On vit plus en communauté l’Avent que Noël même. Souvent, on anticipe un peu Noël avec les enfants et les familles, on le fête quelques jours avant. Noël est une fête familiale : les familles le fêtent soit ensemble, soit vont rejoindre d’autres membres de leurs familles quelque part. Il reste dans la maison pour Noël même quelques personnes qui sont plus au service de la paroisse. Donc moi, comme curé de la paroisse, je suis là à Noël, mais il y a toujours une petite équipe de la communauté qui reste avec moi. Parce que, normalement, les frères et sœurs engagés au célibat dans la communauté ont aussi leur temps à Noël, mais en France, à l’abbaye d’Hautecombe. Pour les célibataires, notre famille, c’est ce qu’on appelle le ‘corps des célibataires’. Donc, moi, je vais rester ici pour Noël, et en janvier je partirai en France pour retrouver mes frères célibataires. »Et vous Dita, que représente la période de Noël et de l’Avent ?
DD : « Pour moi, l’Avent, c’est un temps de silence, d’arrêt. On arrête de faire la course. Dans la famille, on fait attention à être plus souvent ensemble, avec les enfants, on parle avec eux. Pour eux, cela veut dire déjà quelque chose lorsque nous installons la couronne de l’Avent sur la table. Cela veut dire un temps de pause, de dialogue. Nous leur expliquons ce que sont l’Avent et Noël. Je pense qu’ils aiment beaucoup cette période. Je pense que c’est important que nous fassions ensemble tous les préparatifs comme les décorations ou les petits gâteaux de Noël. »
Une messe de minuit est-elle organisée dans la communauté le 24 au soir ? Vous y rendez-vous ?
DD : « A Tuchoměřice, il n’y a pas seulement une messe de minuit destinée à toute la paroisse, mais auparavant il y a aussi un service pour les enfants qui ne tiendraient pas jusqu’à minuit. Le 24, nous nous retrouvons à 16h00dans l’église, avec les enfants des alentours. Le programme est adapté aux enfants : on raconte la naissance de Jésus, l’arrivée des bergers, on chante des chants de Noël. C’est différent de la messe de minuit. Nous y allons donc avec nos enfants qui apprécient vraiment ce moment. »En cette période de Noël, où l’esprit de réconciliation et de paix universelle est plus particulièrement mis en avant par les chrétiens, l’œcuménisme de la communauté du Chemin Neuf prend d’autant plus de sens. Le père Alain rappelle que le dialogue interreligieux est également une composante significative de la communauté :
« Sur le plan spirituel, ce dialogue avec les autres religions est pour nous très important. Les Juifs, c’est la religion la plus proche de nous ; Jésus était juif, le christianisme vient du judaïsme. Pour nous, ce dialogue est un moyen de retrouver nos racines. Ce sont nos ‘frères aînés’ comme disait Jean-Paul II, ou nos ‘pères dans la foi’ selon le nouveau pape Benoît XVI. Le dialogue avec l’Islam est important aussi, même si, bien sûr, la communauté est beaucoup plus engagée dans ce sens en France qu’en Tchéquie où il y a moins de musulmans. Mais c’est quelque chose qui, spirituellement, est important pour nous. Quand on dit que la communauté est œcuménique, on peut dire plus largement que c’est une communauté qui essaye de vivre la réconciliation et l’unité. Ces deux mots sont à la base de notre spiritualité. Ce n’est pas seulement vrai entre les Eglises. Mais ça peut être l’unité de la personne : on a des sessions où on essaye de vivre la guérison intérieure, de se réconcilier avec soi-même. Ensuite, il y a l’unité des couples et des familles, ce sont les sessions Cana. Il y a l’unité dans l’Eglise catholique et entre les Eglises. Enfin, il y a la réconciliation entre les peuples. Donc, ce dialogue interreligieux est une dimension de cette réconciliation entre les peuples. Même si à ce niveau-là il n’y a pas beaucoup d’activités dans ce sens en Tchéquie, c’est quelque chose qui est important spirituellement pour nous. »
Photos: Štěpánka Budková